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AILLEURS DANS LE MONDE

DU CLOCHER AU MINARET

SR MARIE CLAUDE LEMON

« … J’étais fascinée par le monde arabe et musulman et le Seigneur m’a conduite sur le chemin de la rencontre avec l’autre différent de moi. » Le récit de 15 ans de vie en Algérie, à servir dans la pouponnière et à l’orphelinat, émerveille. « … J’ai approfondi le sens du sacré et, dans mes temps d’adoration, je loue la bonté, la tendresse, la miséricorde de Dieu pour ses enfants. »

Ensemble, chrétiens et musulmans, laissons germer dans nos cœurs des paroles de vie, des paroles d’amour, des paroles d’espérance.

Mon cœur missionnaire a été façonné par mes parents qui étaient très actifs pour la mission des Trinitaires à Madagascar et des Sœurs de l’Immaculée-Conception au Japon.

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Après ma profession religieuse, j’ai offert ma disponibilité à mes responsables pour la mission et cinq mois plus tard, je partais …sans savoir où j’allais, comme Abraham. De France, j’ai appris que je partais pour l’Algérie à l’hôpital d’Oran comme infirmière à la pouponnière d’enfants abandonnés de la naissance à cinq ans. Après l’âge de cinq ans, les garçons partaient à la Cité de l’Enfance et les filles à l’Orphelinat de Misserghin où nous étions responsables de la gestion et de la santé.

SUR LE CHEMIN DE LA RENCONTRE

Le Seigneur a de la suite dans les idées car dans ma jeunesse j’étais fascinée par le monde arabe et musulman et Il m’a conduite sur le chemin de la rencontre avec l’autre différent de moi.

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À la pouponnière, j’ai travaillé 12 ans avec un personnel uniquement algérien et trois ans à l’orphelinat de Misserghin. À la pouponnière, j’ai connu quelques fois le manque d’eau. Les pompiers apportaient des citernes d’eau potable pour faire les biberons et la cuisine et des citernes d’eau non potable pour l’entretien général. Une partie du personnel partait le matin avec tout le linge pour aller faire la lessive à l’orphelinat de Misserghin à 15 km d’Oran et revenait le soir. Le vécu de cette situation m’a fait inventer une béatitude : « Heureux ceux qui font l’expérience d’un manque, ils apprécieront ce qu’ils ont. »

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Quelle joie d’être ensemble au service des plus petits et quelle merveilleuse histoire d’amour entre l’humanité et Dieu ! Qu’on soit chrétien ou musulman, la présence mutuelle faite de respect, d’accueil, d’entraide, d’humilité, de pardon a engendré une fidélité à nous-mêmes où s’est fait sentir la présence mystérieuse de l’Éternel.

DANS L’ACTION DE GRÂCE

Je demeure dans l’action de grâce pour avoir connu l’Abbaye Notre-Dame de l’Atlas et surtout le Frère Christian de Chergé.

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J’ai eu aussi le bonheur de faire la connaissance d’un mystique musulman. À la fin de chacune de nos rencontres, lui priait prosterné et moi je priais le Notre Père en pensant aux 99 attributs de Dieu auxquels il manque Dieu Père parce que je crois que dans la prière que Jésus nous a apprise, sont contenues toutes les prières qui partent d’un cœur droit et sincère.

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En regardant prier les musulmans, j’ai approfondi le sens du sacré et, dans mes temps d’adoration, je loue la bonté, la tendresse, la miséricorde de Dieu pour tous ses enfants.

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Au cours de ces 15 ans, j’ai eu le privilège de vivre quelques jours au Sahara, de marcher pieds nus dans le sable chaud du désert, et là, émerveillée devant cette immensité, j’ai écouté le silence et contemplé la grandeur et la beauté de Dieu.

ENSEMBLE DANS LA PRIÈRE

Chaque fois que j’entends les cloches de nos églises appeler les chrétiens à la prière, je m’unis intérieurement au muezzin qui, du haut du minaret des mosquées, appelle les musulmans à la prière.

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Ensemble, chrétiens et musulmans, laissons germer dans nos cœurs des paroles de vie, des paroles d’amour, des paroles d’espérance.

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Merci Seigneur pour mon expérience de communion et de solidarité dans la confiance, de persévérance dans la prière les uns avec les autres, sans exclusion, pour ta plus grande gloire !

vol. 124, no 3 • Décembre 2019

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