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GENS QUI INSPIRENT

ENFIN, CITOYENNE CANADIENNE

L'expérience de devenir citoyenne d'un nouveau pays choisi en toute liberté est racontée avec une telle fraîcheur, si transparente et droite, devant une vie riche de promesses et d'amitiés nouvelles qui s'annoncent. C'est un jaillissement de vie.

Carmen aspirait depuis longtemps à l’obtention de sa citoyenneté canadienne et elle s’y était préparée minutieusement. Ce matin du 11 janvier, elle se dirigeait allègrement vers la salle sur l’avenue Sherbrooke, le cœur battant la chamade, car c’était pour elle « le départ des départs ». Elle nous raconte son expérience.

Boukoumbé, Sœurs franciscaines de Marie Immaculée

Je suis consciente que mon regard est vraiment subjectif et que mon expérience, unique et personnelle, ne cherche pas à décrire celle des personnes qui se trouvent avec moi ou qui l’ont vécue avant moi. Il faut dire que le choix de quitter mon pays a été ma décision; je l’ai donc fait en toute liberté et j’ai assumé un défi énorme. Jamais, je ne pourrai imaginer ou comprendre chez d’autres, tout ce que représente un départ forcé. J’ai un grand respect et une énorme appréciation, pour ceux qui n’ont pas eu la même possibilité que moi de choisir un départ en liberté. Et je vous partage ce qui suit, en reconnaissant leur courage.

 

À l’ouverture de la cérémonie ce jour-là, il y avait 310 personnes dans la salle en provenance de 70 pays du monde. À ma grande surprise et pour accroître ma joie, la place qui m’avait était assignée était  la première de la première rangée du côté droit du salon. J’ai vécu ce moment-là dans un état de pur  bonheur, du début jusqu’à la fin, car située au premier plan,  je pouvais tout apprécier. Je me disais constamment, « tout est parfait, tout arrive au moment qu’il faut ; Dieu est extraordinaire »; et encore une fois, je recevais la confirmation qu’un petit pas de départ suffit  à un beau cheminement. L’important se trouve dans tout ce qui a constitué la route!

 

La juge qui présidait l’assermentation nous interpellait à nous voir maintenant comme des « confrères et consœurs » et non comme des inconnus, étant donné que cette journée-là,  nos vies se réunissaient pour la première fois, et probablement la dernière, dans un moment unique et marquant pour devenir citoyens naturalisés.

QUE DE SOUVENIRS…

L’événement, constitué de plusieurs parties,  me permettait de voyager dans le temps, toujours, en restant présente et accrochée à cette expérience sans égale. Je me promenais dans mes souvenirs de défis affrontés, de belles rencontres, des études, des amitiés, des collègues, des joies, des déceptions, des implications, des expériences de travail et de toute cette nouveauté que j’avais choisi de vivre depuis que je m’étais embarquée dans cette aventure au Canada. Je me souvenais aussi des personnes qui ont accepté de m’ouvrir la porte de leur foyer et de  leur cœur quand je suis arrivée sans famille, sans amis, sans foyer, sans la langue (on communiquait avec le langage corporel), avec une seule destination : RENAÎTRE. Renaître dans un pays que j’avais connu dans les livres en faisant une recherche avant de quitter ma terre natale.  J’ai donc accepté d’être une nouvelle née (à mon âge…) qui devait TOUT apprendre et quelquefois trop lentement par rapport à mon goût.

LIBERTÉ : CADEAU INESTIMABLE

Au cours de la cérémonie, la juge énonçait les droits et les libertés : « Canada terre de liberté, disait-elle ».  Je me souvenais de ce que je disais à mes proches quelques jours avant l’assermentation: La liberté est le cadeau le plus merveilleux que j’ai reçu et j’en rends grâce à Dieu. La liberté de devenir de plus en plus ce que je suis; la liberté de  découvrir la raison pour laquelle je suis née en constatant mes talents; la liberté de m’engager avec beaucoup d’amour à changer ce que je peux changer un pas à la fois, pour un présent plus harmonieux et un futur prometteur au Canada et pourquoi pas, sur notre planète Terre.

 

Décrire toutes les émotions et les pensées de cette journée-là n’est pas possible car, il y a des choses que se vivent seulement une fois dans la vie et les mots sont inadéquats pour vraiment   rendre compte de la profondeur de ce qu’ils représentent et de leur impact dans la vie de chaque personne.

 

En terminant, je veux dédier ce partage à tous ceux et celles qui ont fait partie de mon voyage personnel et qui m’ont soutenue avec amour à chaque pas…  À ceux qui m’ont devancée sur la route de la vie et que je retrouverai un jour, j’exprime ma gratitude et mon amour pour tout ce qu’ils ont fait de moi.

vol. 124, no 1 • Mars 2019

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