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QUÊTE SPIRITUELLE

PROJET PROPULSION |  PROJET D-CLICK

« Quel travail devons-nous faire en Église pour rejoindre ces jeunes qui sont en périphérie ou au-delà ? » Yannick Fouda nous interroge. « L'Église doit se réinventer dans sa forme pour trouver de nouveaux modes d'expression adaptés afin que le message du Christ arrive au coeur du monde. » Les jeunes, si nous écoutons attentivement leurs besoins, nous les mettrons sur des pistes de solutions fécondes.

Projet Propulsion Project

L’APPEL 

Le Christ a fait une annonce très claire à l’être humain « Tu es la lumière du monde ! », signifiant par là que tout homme est appelé à briller par son être et ses actions. Il a ensuite donné pour mission à ceux qui étaient devenus ses disciples d’aller par le monde entier et d’en  faire autant. L’Église a donc toujours joué un rôle avant-gardiste dans le développement entier de l’être dans toutes ses dimensions à savoir humaine et spirituelle. L’Église en effet, doit continuer à travailler à faire advenir la gloire de Dieu qui est « L’homme vivant, l’homme debout » selon St-Irénée de Lyon, afin que cet homme puisse arriver à son plein potentiel humain et spirituel, à sa gloire qui est « la communion avec Dieu ». C’est aussi l’appel du pape à travers le document préparatoire du synode pour les jeunes en 2018. Le pape insiste sur le fait que l’Église ne doit pas seulement accompagner les jeunes chrétiens mais tous les jeunes. Alors si telle est la mission de l’Église, dans quel contexte se situe-t-elle ?

Dans un monde en perpétuel changement, l’Église doit sans cesse s’adapter au contexte contemporain pour trouver la façon optimale de poursuivre sa mission et de continuer à répandre
la Bonne Nouvelle.
LE CONTEXTE

Dans un monde en perpétuel changement, l’Église doit sans cesse s’adapter au contexte contemporain pour trouver la façon optimale de poursuivre sa mission et de continuer à répandre la Bonne Nouvelle. Il y a quelques années encore, elle disposait de canaux de communication fortement établis et de ressources humaines importantes. La transmission se faisait soit à travers les écoles, les paroisses fortement fréquentées, les camps d’été, les collèges, les universités et les places publiques. Tous ces réseaux ont glissé des mains de l’Église vers les institutions étatiques et les médias de masse. L’Église doit donc re-développer ou développer de nouveaux canaux de transmission. Pourtant dans ce contexte, elle rencontre plusieurs défis d’ordre financier, organisationnel, communicationnel, etc. qui posent un défi à sa mission. Elle peine par exemple à intéresser les jeunes et à avoir une place dans la société surtout occidentale. Elle est de plus en plus reléguée à la sphère privée c’est à dire sous le boisseau.

L’Église doit donc se réinventer dans sa forme pour trouver de nouveaux modes d’expression adaptés au monde contemporain afin que le message du Christ arrive jusqu’au cœur du monde. Dieu merci c’est la spécialité de l’Esprit Saint : « faire du neuf » !

LES JEUNES

La spécificité de la jeunesse se trouve dans sa fougue, dans le désir de changer le monde, de travailler à des idéaux, bref de trouver à qui et à quoi consacrer sa vie ! C’est donc une période particulièrement propice non seulement par le FAIRE, mais aussi pour FAIRE SENS : on veut non seulement réaliser, mais aussi se réaliser au passage, on est en même temps en conquête et en quête de sens. Comprendre ceci est crucial pour pénétrer le monde des jeunes.

Cette dynamique de la jeunesse fait en sorte que c’est un monde qui bouge, qui est en constant changement, qui est fait d’expériences souvent éphémères, reliées au besoin d’expérimenter en vue de trouver la bonne voie, la bonne terre où s’enraciner.  Le jeune a peur de se tromper mais est souvent prêt à essayer, à multiplier les expériences, quitte à se brûler au passage afin de voir par soi-même. Ce n’est cependant pas tant le goût du néant qui l’attire que le désir de savoir, de connaître, d’approcher dans un certain sens le vrai. Ceci nous donne donc de comprendre que pour accompagner les jeunes dans leur croissance, il faut leur proposer des plateformes d’expérimentation qui allient à la fois le FAIRE et le FAIRE SENS, qui s’adressent à l’entièreté de leur quête à savoir développement humain, professionnel (trouver sa place, sa contribution dans la société) et spirituel : adresser la conquête et la quête de sens !

Le Projet D-Click

LE BESOIN

Le projet D-Click est parti de jeunes qui étaient en fin de secondaire lors du lancement informel de l’initiative. Les jeunes avaient relevé trois défis :

  1. Ils (elles) avaient des questionnements qu’ils (elles) ne pouvaient aborder ni à l’école ni en famille. L’école, orientée vers la tâche, n’offre pas souvent d’espace de partage sur le vécu des jeunes en lien avec leur croissance humaine et la société. La famille peine de son côté à assumer ce rôle pour différentes raisons dont la disponibilité limitée des parents ou tout simplement le défi de communication intergénérationnelle. Plusieurs questions restaient donc en suspens, favorisant  une crise de sens.
     

  2. En lien avec le premier point, les jeunes ont aussi fait le constat qu’ils(elles) étaient dans un flux constant de propositions pas toujours bonnes et avaient besoin d’outils pour exercer un jugement critique et savoir discerner ce qui est pertinent pour eux.
     

  3.  Finalement, les jeunes se sont rendu(es) compte qu’ils(elles) étaient les interlocuteurs privilégiés de leurs ami(es) en temps de difficultés à l’école ou ailleurs. Démuni(es), ils(elles) assistaient impuissant(es) à la souffrance de ces derniers, souffrance menant parfois à des problèmes de comportement dont la mutilation ou la marginalisation. Ils(elles) ont  donc exprimé le besoin de s’outiller pour être plus aptes à épauler mais aussi à conscientiser d’autres jeunes sur certains sujets clés.
     

Les besoins exprimés touchaient donc : la découverte de soi, la quête de sens  et la réalisation de soi dans un souci d’impact dans la société avec une réflexion incluant la spiritualité.

« Nous voulons que ce que nous apprendrons ici puisse nous servir à soutenir et aider  des jeunes de notre société peu importe leur orientation, spirituelle ou non. Nous avons les mêmes défis et nous voulons trouver des réponses qui vont tous nous aider dans notre croissance humaine. »
LA SOLUTION

Les jeunes n’ont pas fait qu’exprimer un besoin. Ils ont aussi proposé des pistes de solutions concrètes à travers un projet en trois volets : un volet de formation, un volet artistique et un volet à venir de communauté de travail.

Actuellement, grâce au soutien logistique du Centre Le Pèlerin,  les jeunes ont pu commencer leur projet et avoir une base en attendant de trouver les financements nécessaires pour le développement de leur projet. Ils se réunissent chaque lundi autour de différentes thématiques, organisent des espaces de discussion ouverts à d’autres jeunes et réaliseront cette année, en collaboration avec le SIAF, des rencontres intergénérationnelles avec les communautés religieuses franciscaines dans quatre villes. Mentionnons que ces jeunes sont chrétiens, musulmans ou tout simplement athées.

LA RÉSISTANCE EN ÉGLISE

Lorsque ces jeunes m’ont approché et qu’en discutant avec eux nous avons pu mieux cerner le besoin, mon premier réflexe de chrétien a été de leur proposer de faire des partages/discussions autour de la parole de Dieu. Je voulais leur apporter la Vérité que par la grâce de Dieu, j’avais découverte, et qui donnait sens à ma vie. Les jeunes m’ont tout de suite arrêté. Ils étaient ouverts à la spiritualité, à ce que je partage mon expérience de foi, mais ils ne voulaient pas que j’en fasse une parole d’autorité. Ils m’ont dit : « Nous voulons que ce que nous apprendrons ici puisse nous servir à soutenir et aider  des jeunes de notre société peu importe leur orientation, spirituelle ou non. Nous avons les mêmes défis et nous voulons trouver des réponses qui vont tous nous aider dans notre croissance humaine ».   Évidemment à ce moment là j’ai eu une réaction de fermeture : « Allais-je perdre mon temps avec ces jeunes alors que je pouvais garder mon temps pour faire de l’évangélisation directe ? » Je voulais évangéliser et pas animer un groupe de jeunes quelconques. Une discussion avec mon accompagnateur spirituel m’a éclairé. Il m’a posé la question suivante : « Que ferait Jésus ? » Cette résistance que j’ai moi-même affichée, je l’ai rencontrée plus tard lorsque je me suis tourné vers les milieux religieux pour avoir de l’aide humaine et matérielle pour mettre en place l’initiative D-Click : « Ce n’est pas assez chrétien me disait-on ». Ironiquement, lorsque je me suis retourné vers les milieux institutionnels (gouvernementaux et autres), pour demander des subventions, le fait que le projet incluait ouvertement une ouverture aux questions spirituelles faisait du projet quelque chose de pas assez laïc.  Alors qui répondra au besoin d’accompagnement de nos jeunes ?

La question que j’aimerais lancer à travers cette chronique est la suivante : suite à l’invitation du Pape François d’accompagner TOUS les jeunes, chrétiens ou non, quel travail devons-nous faire en Église pour rejoindre ces jeunes qui sont en périphérie ou au-delà ? Ceci bien entendu sans perdre de vue ceux qui sont dans la maison ou ceux que nous pouvons atteindre par une annonce directe ?

vol. 123, no 5 • Mars 2018

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