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GENS QUI INSPIRENT

TOM SULLIVAN, L’HOMME QUI ÉMERGE DE LA NUIT

Né prématurément en 1947, Tom doit passer quelques mois en incubateur et bien que le traitement lui ait sauvé la vie, l’oxygène lui a coûté sa vue. Enfant, il s’amuse dans l’arrière-cour clôturée de la résidence familiale, mais il refuse d’être enfermé dans sa cécité et veut réaliser ce que font les autres.
« Mon handicap, je l’accepte et je sais ce qu’il veut dire. On peut très bien pallier à un handicap et vivre avec… Pour ma part, je sais qu’il est là et je m’organise, car je sais que je ne peux rien y changer. »

Afin qu’il puisse jouer au baseball avec les garçons du voisinage, son père invente des règles pour les non-voyants et la première est que toute situation négative peut être transformée positivement. Il a huit ou neuf ans quand un jour, à vélo, il bouscule un travailleur de rue qui lui crie : « Et bien, gamin, tu ne vois pas clair ? » et il rentre chez lui en pleurant. Avec le recul, il dira : À la limite, c’était presque un compliment parce que cet homme n’avait pas prêté attention à mon handicap. Il m’avait parlé comme à n’importe quel jeune qui lui aurait foncé dedans.

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Avec les années, il comprend que pour être égal aux autres, un aveugle doit exceller. Il devient un skieur passionné, un coureur de marathon médaillé et un excellent golfeur. Tom développe son talent musical et il décroche un contrat de concerts à Las Vegas. Devenu chanteur compositeur et interprète, il est sollicité lors des jeux du Super Bowl qui lui mérite fortune et renommée. Un jour, sa petite fille de vingt-huit mois tombe dans la piscine familiale. Il appelle à l’aide et personne ne répond. N’écoutant que son coeur, il plonge, bat l’eau de ses mains, cherche… et soudain, il entend l’air rejeté par l’enfant. Il la touche enfin et la sauve. Cette scène bouleversante ouvre l’émouvante biographie de l’aveugle, récit de son combat quotidien pour vaincre le monde des ténèbres. Mais, plus qu’une histoire, ce témoignage est un hymne poignant à la vie où la rage voisine avec la tendresse, le désespoir avec l’humour, la peur avec l’audace. Du fond de sa nuit, naît jour après jour, un véritable roman d’amour.

© Cette photo de Tom Sullivan se retrouve sur plusieurs sites.

Tom se met à l’écriture et produit des œuvres remarquables , entre autres,  Si tu voyais ce que j’entends  relate son enfance, ses expériences familiales, ses études à l’école des aveugles, son histoire d’amour, son mariage avec Patricia et le début d’une famille, la plus belle histoire de sa vie. Il écrit ensuite un livre pour les enfants où il relate les aventures des cinq sens à travers des personnages fantastiques. Enfin, un best-seller raconte la relation unique d’un chien-guide, le sien, avec des parents qui luttent pour élever leurs enfants avec des besoins spéciaux. Sa vie a été portée sur les écrans cinématographiques où il a lui-même composé la trame musicale du film.

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Notre société accorde une importance considérable à l’image. Comment lui, aveugle de naissance, se situe-t-il par rapport à la question ? Tom répond : « J’ai l’impression d’être un peu au-dessus de cela parce que je ne m’arrête pas au critère visuel qui empêche d’aller au fond des choses ; je dirai même : tant mieux ! parce que cela m’évite d’avoir des préjugés sur des gens qui ont une apparence difficile, mais qui, derrière l’image, sont des personnes de valeur. Mon handicap, je l’accepte et je sais ce qu’il veut dire. On peut très bien pallier à un handicap et vivre avec… Pour ma part, je sais qu’il est là et je m’organise, car je sais que je ne peux rien y changer. »

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Dans son dernier ouvrage Le Saint-Esprit, Tom crée des personnages qui luttent avec la maladie et la mort et qui s’interrogent sur le sens de la vie. Tom, l’homme qui a appris à avoir foi en lui-même, serait-il en quête de spiritualité ?

vol. 121, no 1 • 15 mars 2016

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