Les mois d’été nous invitent à une réflexion sur la relation que nous entretenons avec celle que François d’Assise appelait notre « sœur, mère la terre ».
FRANÇOIS NOUS INTERPELLE
Tout comme l’enfant à naître vit en symbiose avec sa mère, nous aussi vivons en symbiose avec notre mère la Terre. Nous subissons les conséquences de la façon dont nous la traitons.
© photo : Josée Richard
LA TERRE, NOTRE SI PETITE MAISON
À l’échelle de l’univers – tel que nous pouvons le connaître actuellement – notre planète Terre ne représente guère plus qu’un grain de sable sur une immense plage. Et pourtant, sur cette minuscule sphère vivent plus de 7 milliards d’êtres humains, partageant l’espace disponible avec près de 8 millions d’autres espèces vivantes : plantes, animaux, oiseaux, poissons, insectes, etc.
Doués d’une intelligence supérieure, de la capacité de choisir, ainsi que de conscience, nous, les êtres humains, avons émergé de ce foisonnement de vie comme l’espèce qui jouit d’un redoutable pouvoir, celui de vie et de mort sur presque toute forme de vie sur terre – y compris l’espèce humaine elle-même. Et nos médias d’information nous rapportent régulièrement des exemples de ce pouvoir en action. Surtout, malheureusement, son aspect destructeur – à la source duquel on discerne les instincts les moins dignes de notre position dans la hiérarchie des espèces vivantes : jalousie, avidité, convoitise, vengeance... Or la planète Terre est notre unique demeure commune. Tout comme l’enfant à naître vit en symbiose avec sa mère, nous aussi vivons en symbiose avec notre mère la Terre. Nous subissons les conséquences de la façon dont nous la traitons. Et nous n’avons pas de ‘résidence seconde’ où nous refugier en cas de désastre global.
L’EXPÉRIENCE DE FRANÇOIS D’ASSISE
Il y a 800 ans, François d’Assise vécut une conversion qui l’amena à renouveler la façon dont il se situait par rapport, non seulement à son environnement terrestre, mais plus largement par rapport à l’ensemble de la création. Sa formation première, acquise dans la boutique de son père, un des drapiers le plus riches de la région, l’invitait à profiter de tout, et de même de tous, pour augmenter sa fortune et son prestige. Mais déjà sa courtoisie naturelle modérait l’attrait qu’exerçait sur lui cette perspective. Puis vint l’appel qui ferait basculer sa vision des gens et des choses qui l’entouraient : « François, va, répare ma maison qui tombe en ruine. »
Prenant cette mission au sérieux, François apprit à poser un regard renouvelé sur les gens – fils et filles d’un même Père – et sur les ‘choses’ qu’il en vint à considérer d’abord comme des « biens » – dons du Créateur de tout –, puis comme des « sœurs» et « frères», sortis comme lui des mains créatrices du même Père céleste. La « maison » à réparer n’était plus seulement la petite église en pierres dans laquelle il avait entendu l’appel, ni seulement l’Église faite de ‘pierres vivantes’, mais l’ensemble de la création – du moins la partie à laquelle lui et ses sœurs et frères humains, avaient accès, c’est-à-dire « sœur notre mère la Terre ».
Chez François cette nouvelle orientation n’avait rien d’une émotion plus ou moins romantique et passagère. Ce fut, au contraire, un engagement sérieux et exigeant qu’il poursuivit jusqu’à sa mort. Car des « sœurs » et « frères » méritent d’être respectés avec courtoisie et amour – qu’il s’agisse de « sœur dame Claire», de « frère loup », de « sœur eau» ou de « frère arbre ».