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LES ENFANTS, UNE RICHESSE…

JEANNELLE BOUFFARD

Les enfants sont une richesse. Vraiment ? Une maternité vécue à quatre reprises. Quatre trésors, uniques, incomparables et si précieux ! « Chaque naissance m'a révélé une partie cachée de mon être ». Je n'imagine même pas mon existence sans eux. Ils ont contribué à faire de moi la personne que je suis.

Quand j’ai accepté d’écrire cet article, les paroles d’une chanson de Jacques Brel ont vite ressurgi dans ma mémoire ;  peut-être aurez-vous le goût de les fredonner avec moi : « Un enfant, ça vous décroche un rêve, ça le porte à ses lèvres et ça part en chantant… »

Que de souvenirs refont surface ! Je me revois rêvant de devenir maman, espérer une réponse positive au test de grossesse (la réponse était moins rapide à mon époque), me réjouir de la bonne nouvelle et entrer dans la période d’attente. Neuf mois… comme ça peut sembler long et court tout à la fois. Mais le temps laisse suffisamment d’espace pour rêver, faire des projets, esquisser un visage et en imaginer les traits,  se projeter dans l’avenir… Et le grand jour arrive ! Pour ma part, il s’est vécu à quatre reprises. Quatre trésors, uniques, incomparables et si précieux ! Chaque naissance m’a révélé une partie cachée de mon être.

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Chaque fois, une nouvelle page de mon existence s’écrivait avec, comme personnage principal, celle ou celui qui venait de naître. Yves Duteuil l’a si bien exprimé dans son chant, Prendre un enfant par la main… pour l’amener vers demain… Une autre aventure commence et quelle aventure! Quelle responsabilité! Un chemin parsemé de joies, de peines, de recommencements, d’embuches, de victoires et de bonheurs petits et grands.

UN COFFRE AU TRÉSOR

Un enfant représente une richesse à partir de ce qu’il est, pour ce qu’il apporte autour de lui et pour ce qu’il permet de questionnement, de croissance, de cheminement aux adultes qui acceptent de le laisser entrer dans leur vie. Dans mon parcours personnel, tout ce processus s’est vécu au sein d’une famille monoparentale. Quel laboratoire ! J’ai  vite compris ce dicton qui affirme : on ne naît pas parent, la vie nous permet de le devenir.

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Un enfant est comparable à un coffre aux trésors que l’on ouvre délicatement, dont on découvre graduellement la richesse et qui se laisse apprécier au fil des ans. Dans l’abandon, la confiance qu’il manifeste à ceux qui prennent soin de lui, l’enfant apprivoise la vie, découvre l’amour, s’initie à notre monde, se laissant guider par maman, papa, la grande sœur ou le grand frère. Il comprend graduellement la vie en société, s’initie à ses règles de fonctionnement et devient pour les siens, rayon de soleil, objet d’inquiétudes ou source de fierté.

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Que le temps file ! Je me suis retrouvée grand- maman. Comme il était bon de renouer avec cette énergie incomparable qui émane d’un petit être qui s’ouvre à la vie. Quelle joie extraordinaire que celle de pouvoir prendre dans ses bras ce nouveau-né qui prolonge ce qui est né de son propre être de femme. Quelle chance extraordinaire que celle de passer du temps avec ses petits enfants ! Avec eux, j’ai pu prolonger les joies de la maternité, me regarder dans mon rôle d’hier et voir se déployer la vie et toutes les potentialités  qu’elle offre aujourd’hui à nos enfants.

UN ENFANT, ÇA VOUS DÉCROCHE UN RÊVE

Cependant, dans notre société industrialisée, dans notre monde capitaliste caractérisé par la consommation, nous volons parfois l’enfance à nos petits. On veut faire d’eux des adultes trop tôt. On leur demande une sagesse et une rationalité qui vient parfois étouffer la spontanéité propre à l’enfance. Si les parents ont à déplorer la vie métro, boulot, dodo,  les petits en subissent le contre coup : carrosse, garderie, dodo… Quel respect accorde-t-on au  rythme de croissance de l’enfant ? Quelle attention est portée au stress qu’il peut vivre ? Peut-il tout simplement dans sa petite enfance, se laisser porter par la vie ?

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Et si on se référait à la Déclaration des droits de l’enfant proclamée par l’ONU en novembre 1959 ? Comment s’imaginer que des enfants sont victimes de violence, de malnutrition, de maltraitance, de discrimination, même dans les pays occidentaux ? J’ai eu la chance de m’impliquer en pastorale du baptême pendant près de vingt ans et de visiter les familles. J’ai toujours été interpellée par l’amour et la fierté qui se dégagent chez les parents lorsqu’ils nous présentent leur nouveau-né. Ce sentiment est identique, peu importe les classes sociales, les situations économiques ou les niveaux d’instruction. Oui j’ai constaté à quel point un enfant ça vous décroche un rêve… Mais au-delà de ce constat, il m’a été donné d’observer que, dès leur naissance, les enfants n’avaient pas tous les mêmes chances dans la vie. Cette prise de conscience est déchirante. Heureusement, il existe des organismes dédiés aux familles et aux enfants afin de  permettre aux parents de découvrir leur potentiel pour la prise en charge responsable de leurs  enfants.

« Prendre un enfant par la main…
pour l’amener vers demain… »
 
Yves Duteuil
LA PLUS GRANDE RICHESSE

Pour conclure je voudrais vous redire à quel point mes enfants et  mes petits-enfants constituent ma plus grande richesse dans la vie. J’aime lire le passage du psaume 126 qui dit : « Des fils et des filles, voilà ce que donne le Seigneur ; des enfants, la récompense qu’il accorde… » Et c’est ainsi que je considère la présence des miens dans ma vie. Je n’imagine même pas mon existence sans eux. Ils ont contribué à faire de moi la personne que je suis. Aujourd’hui, je peux dire mission accomplie auprès d’eux et  faire mienne sans nostalgie  la fin du chant de Jacques Brel : « Un enfant et nous  voilà passant… un enfant, et nous voilà patience… un enfant, et nous voilà passés… »

vol. 123, no 4 • Décembre 2018

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