Une vraie attitude de foi se vit dans le respect de soi et le respect des autres.
Depuis quelques années, la laïcité dans le monde scolaire ressemble à une sortie de la religion des écoles et dans la vie quotidienne. Cette tendance n’est pas d’hier, elle remonte à une bonne dizaine d’années.
Un sujet chaud de l’actualité politique avec son impact sur la foi m’a permis la rencontre avec une enseignante de carrière retraitée, Mme Rose, toujours active pour de multiples services dans les écoles, bien au fait de l’évolution du système scolaire. Le bien-être des enfants et des familles a toujours été et est toujours sa préoccupation majeure. Pour elle, depuis quelques années, la laïcité dans le monde scolaire ressemble à une sortie de la religion des écoles et dans la vie quotidienne. Cette tendance n’est pas d’hier, elle remonte à une bonne dizaine d’années, et a précédé la loi.
En début d’entrevue, elle relate avec joie, les réactions des petits devenus des grands, qui la rencontrent dans son milieu, en évoquant leurs bons souvenirs des visites à l’église pour découvrir des verrières d’une grande beauté. Elle s’en réjouit et considère l’apport positif de la place de la religion dans le cursus scolaire, particulièrement au cycle du primaire afin de donner des bases aux enfants.
LA LAÏCITÉ, UN LIEU DÉCHIRANT
Assez rapidement, elle aborde l’aspect de la laïcité comme un lieu déchirant pour les directions d’école devant composer avec les réactions de parents qui se situent aux extrêmes, de la place ou du refus de la religion à l’école. Elle se souvient que, dans son expérience, des professeurs, pas toujours en accord avec le cursus scolaire, appréciaient les activités suscitées par le programme scolaire. Selon elle, les élèves du primaire accueillaient favorablement de manière générale les programmes pendant que les enseignants, eux, étaient tiraillés devant l’obligation d’enseigner une matière en désaccord avec leurs convictions personnelles. Un bon pourcentage d’enseignants, difficile à chiffrer, affichaient clairement leur difficulté d’enseigner la religion.
L’arrivée de la loi donne satisfaction à un bon pourcentage d’enseignants et de parents. Cependant la loi, selon les mots de Mme Rose, ressemble à un acharnement à détruire le religieux. En disant ne pas y croire, resterait-il des relents de foi dans l’esprit de ceux qui insistent pour la suppression du religieux ? Mme Rose considère qu’une suppression radicale du religieux s’apparente à une atteinte à la liberté personnelle avec un fort impact sur les familles et les valeurs humanitaires et spirituelles. Les enfants, un peu comme le reflet des jeunes parents qui ignorent le fait spirituel, risquent de se retrouver dans une ignorance totale des données de la foi. La pensée positive et scientifique est la seule qui compte pour un bon nombre de jeunes adultes et d’adultes de tout âge : croire ce que je vois, croire ce que je comprends, croire ce qui s’explique par la science leur suffit.
Les conséquences directes de l’abandon de la religion dans les établissements scolaires, on ne parle pas uniquement d’enseignement, mais d’environnement généralisé, peuvent s’identifier. Le manque de connaissance religieuses élémentaires chez les enfants et les jeunes parents est la première, la perte du sens spirituel de la vie vient ensuite. La société, dans un comportement collectif se distancie de l’Église. Sans faire une équivalence entre sens spirituel et Église, la distance est sujette à s’appliquer à d’autres religions.
SE SITUER DANS CE CONTEXTE
Je regarde avec Mme Rose, comment elle se situe devant un changement aussi important. Elle affirme que rien, absolument rien, ne change de ses convictions. Sa vie de foi est solidement enracinée. Elle exprime une difficulté de la vie quotidienne qui consiste en l’abstention de s’exprimer et de se réduire au silence dans diverses circonstances, souvent avec les proches, faute de briser des relations. Elle exprime une inquiétude devant l’ignorance de l’adolescent et du jeune adulte qui rejette tacitement tout lien et tout sens spirituel en ajoutant souvent une note de mépris du témoignage et de l’engagement. En regard de cela, la vie de foi de Mme Rose se conforte et se nourrit de son lien avec l’Église, dans un rôle de catéchète par amour des enfants, des familles et de Dieu.
Il nous faut regarder maintenant le danger et les conséquences possibles d’une laïcité forte. Mme Rose craint que l’on oublie le passé de notre société québécoise. Un regard sur notre histoire nous permet de la voir riche de réalisations attribuables à la religion. L’implication des communautés religieuses et de l’Église est riche de réalisations, malgré que tout ne soit pas parfait. La religion a produit davantage de bons fruits, par la vie et dans la vie de nos ancêtres. Il faut bien reconnaître aussi que le comportement religieux se crée à partir d’un mouvement de société. Un comportement sociétal a un impact certain sur l’individu. Une tendance laïque très forte se manifeste dans la société québécoise.
L’IMPORTANCE DE RESTER DEBOUT
En conclusion, est-il utile de reconnaître que la religion était gardienne et inspiratrice de comportements humains et collectifs en regard de la justice, du partage, du sens de la responsabilité, de l’entraide, du bon voisinage en milieu rural et d’une solidarité évidente. Mme Rose termine l’entrevue en rappelant l’importance de rester debout dans la foi. Une vraie attitude de foi se vit dans le respect de soi et le respect des autres. Ses derniers mots sont que la laïcité ne l’atteindra pas intérieurement, ce qui se reflète tout au long de la conversation.
vol. 129 no 2 • Septembre 2024