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TOUS FRÈRES ET SŒURS
EN TEMPS DE CRISE ET APRÈS…

Dans le premier chapitre de sa récente encyclique, le pape François aborde la crise sanitaire de Covid-19 qui, écrit-il, « a réveillé un moment la conscience que nous constituons une communauté mondiale qui navigue dans le même bateau, où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde. Nous nous sommes rappelés que personne ne se sauve tout seul, qu’il n’est possible de se sauver qu’ensemble » (#32).

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« Comme ce serait merveilleux,

alors qu’on découvre de nouvelles planètes,

de redécouvrir les besoins de nos frères et sœurs

qui tournent en orbite autour de nous. »

 

François – Fratelli tutti #31

DES DÉFIS EXIGEANTS

Dès le début de la pandémie, nos communautés chrétiennes se sont retrouvées comme bien d’autres communautés de croyants face aux défis exigeants survenus à la suite des annonces gouvernementales de fermer tous les lieux de culte tout comme bien d’autres lieux de rassemblements sportifs, culturels, commerciaux, etc. ont dû le faire.

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L’Assemblée des évêques catholiques du Québec a choisi rapidement de se mettre en lien avec des leaders religieux d’autres confessions présentes dans la Province afin de partager nos réflexions, inquiétudes, questionnements, projets face aux événements vécus.

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Ainsi, au fil des semaines, s’est constituée la Table interreligieuse. Tout au long des mois, nous avons travaillé ensemble avec nos frères et nos sœurs des différentes confessions religieuses afin de relever les défis auxquels nos communautés de foi se trouvent confrontées.

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Au moment où j’écris ces lignes, cette Table continue plus que jamais cette heureuse collaboration qui se poursuivra bien au-delà de la crise sanitaire actuelle compte tenu des multiples enjeux de société qui demeurent ou naîtront au fil des ans pour toutes les communautés de foi.

UN MOTIF DE RÉJOUISSANCE

Ce qui me réjouit beaucoup ces derniers mois, c’est de constater le nombre de personnes qui ont relevé leurs manches en s’engageant dans divers milieux de nos 19 diocèses de la Province afin de venir en aide à celles et ceux qui en avaient besoin, non seulement en interne à l’Église mais aussi en solidarité avec les milieux.

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Dans l’Église diocésaine de Saint-Hyacinthe où j’exerce mon ministère épiscopal, plusieurs communautés chrétiennes ainsi que l’équipe diocésaine à l’évêché ont mis sur pied des chaînes téléphoniques pour rejoindre les paroissiens et paroissiennes, les bénévoles, les collaboratrices et collaborateurs pastoraux laïcs, diacres et prêtres.

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Autres exemples, depuis le début de la pandémie, une équipe envoie chaque semaine des courriels avec des nouvelles, diverses informations, des textes de réflexion et de fraternels encouragements à plus de 300 contacts.

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Notre Église diocésaine de Saint-Hyacinthe qui préparait depuis plusieurs mois la naissance de sa web télé « Zephir.tv » a pris la décision d’accélérer sa mise en orbite et rejoint chaque jour plusieurs centaines de personnes du diocèse et d’ailleurs !

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Plusieurs responsables de communautés ont organisé au fil du temps diverses activités pastorales via zoom : partage biblique, prière commune du chapelet, groupes de partage de vie (équipes Notre-Dame), célébration de l’eucharistie, etc.

D’autres membres des équipes pastorales se sont impliqués dans diverses activités locales telles que la soupe populaire, la livraison de repas à domicile, la préparation de paniers de Pâques, des visites « en extérieur » aux résidences de personnes âgées, la préparation de paniers de Noël pour les familles démunies, etc.

UN SOUTIEN FRATERNEL ACCRU

Notre équipe diocésaine constate également un soutien fraternel accru entre des membres de différentes équipes pastorales ainsi qu’une plus grande fluidité dans le partage des responsabilités et des préoccupations. Ainsi, plusieurs agentes et agents se sont impliqués dans leur communauté afin de soutenir leur pasteur et de coordonner les équipes de bénévoles pour l’accueil aux célébrations en zone rouge. De nouveaux bénévoles, souvent plus jeunes, se sont levés et ont offert leurs services de façon plus soutenue. Des gens de toute génération écrivent aux responsables des communautés pour souligner leur appui et leur solidarité.

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Ce temps de crise confirme combien il est essentiel de travailler en équipe et d’éviter ainsi de se retrouver en « silo » avec le risque de vivre un manque de cohésion entre les différentes sphères des services pastoraux. En effet, de tels manques de travail en équipe peuvent, à la longue, créer des frustrations et induire un mauvais climat entre les différents intervenants dans la vie communautaire.

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Les normes édictées par le gouvernement vis-à-vis du nombre de personnes autorisées à participer aux célébrations en zone rouge, orange, jaune et verte ont des conséquences concrètes sur l’avenir de la vie de nos communautés paroissiales au plan de la vie communautaire et fraternelle, au plan catéchétique et missionnaire ainsi qu’au plan de la gérance des biens matériels et des ressources humaines et financières.

UN TOURNANT MAJEUR POUR LA COMMUNICATION

Au-delà du fait de devoir renouveler des équipements informatiques, d’organiser une formation adéquate facilitant l’utilisation des nouvelles technologies et d’avoir accès à une connexion internet efficace, la situation sanitaire nous oblige à prendre un tournant majeur en communication tant à l’interne de nos paroisses que de nos communautés diocésaines ainsi qu’à l’externe, vis-à-vis du monde qui nous entoure.

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Si nous pouvons nous réjouir de l’existence d’internet, il n’en demeure pas moins qu’un défi majeur existe pour l’Église au-delà de la présente crise sanitaire : l’accompagnement des communautés chrétiennes et l’accompagnement des personnes. À Saint-Hyacinthe, nous y avons consacré une journée de réflexion diocésaine via Zoom avec plus de 60 collaboratrices et collaborateurs engagés dans les milieux paroissiaux et mouvements.

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Dans son encyclique, le pape François souligne, entre autres, les attitudes de repli sur soi et d’intolérance qui peuvent nous amener à nous fermer aux autres alors que notre monde n’a jamais été aussi proche en apparence grâce aux nouvelles technologies de communication. Il en relève d’ailleurs les limites et les risques virtuels.

DES DÉFIS À VIVRE ENSEMBLE

Malgré le déploiement impressionnant de ces nouvelles technologies de communication depuis plusieurs années, le défi de la communication demeure grand pour l’Église appelée à prendre parole au cœur du monde.

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Connaissons-nous bien nos gens ? Sommes-nous prêts à réfléchir et à travailler avec eux en vue de trouver le bien commun pour toutes et tous ? Comment construire un « nous » dans nos milieux respectifs ? Comment devenir des communautés chrétiennes « apprenantes » et solidaires partageant une sagesse commune ? Comment construire l’amitié sociale et la fraternité entre nous ? Comment semer la semence de la foi dans le cœur de nos frères et sœurs en humanité sans attendre à en recueillir les nombreux fruits de l’action de l’Esprit Saint en leur vie ? À chacune de nos communautés locales et diocésaines d’y répondre en fonction de ses réalités spécifiques.

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Que de défis à vivre ensemble ! En tant que membres de la grande famille spirituelle franciscaine, à la suite de saint François d’Assise, notre cœur grand ouvert au souffle de l’Esprit Saint, accueillons le message d’amour de Dieu et son immense tendresse révélés par le Christ, écoutons la voix de nos frères et sœurs en humanité riches de leurs différences, soyons vigilants à rencontrer et à soutenir les personnes fragiles, malades et éprouvées par toutes sortes de situation de vie, prenons soin de la création dont nous sommes les héritiers !

vol. 125, no 2 • décembre 2020

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