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Père Jacques Mathieu entouré d’Africains
OÙ EN SOMMES-NOUS ?

Fr JACQUES MATHIEU ofm capucin

Faire le point, examiner nos appuis pour être certains de pouvoir tenir et traverser la crise de la Covid-19. Jacques Mathieu nous rappelle que cela a existé dans le passé. Il n’y a qu’une voie, « avance en eaux profondes ».

Père Jacques Mathieu entouré d’Africains
« Qui s'appuie sur Dieu connaît l'espérance. »
Péguy
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Où en sommes-nous ? Quelle heure est-il ? Le moment du décompte serait-il vraiment commencé ?

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Pandémie, inondations, feux, épidémies, migrations, scandales... cela fait beaucoup... On parle même d'une sixième extinction des espèces... évidemment il s'agit des plantes et animaux et non des humains.

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La Parole de l'apôtre Pierre me vient à l'esprit : « À qui irions-nous ? » Vers qui nous tourner ? Quelqu'un a-t-il quelque chose à nous dire ? Dans une société qui avance sans trop se soucier de Dieu, on attend des réponses plutôt de la science ou des médias.

 IL NOUS FAUT « TENIR »

Je vois par ailleurs beaucoup de positif dans notre monde... efforts concrets pour combattre le CO2, entraide internationale quand il y a des catastrophes, avancées médicales, prouesses technologiques, intelligence artificielle... Les habitants de la terre se découvrent une seule famille... Depuis le Covid-19, n'est-ce pas merveilleux de voir tous les pays et tous les scientifiques travailler ensemble ?

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Dans ce monde qui est le nôtre maintenant, « tenir » nous apparaît essentiel. Tenir, mais tenir en s'appuyant sur quoi ou sur qui ? Dans un message reçu, on en appelait à l'Univers pour répandre ses bienfaits sur tous les amis... Que penser des valeurs refuges comme le dollar US. Les placements sont bien fragiles aussi et peuvent fondre comme neige au soleil comme on le voit maintenant. Un être de chair peut-il être un bon appui ? Il faut de l'humour pour dire : Je m'appuie sur moi-même. Ne ressentons-nous pas un sentiment de fragilité et d'inquiétude quand on pense à cette question : qui est mon appui ?

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Quand j'étais en Afrique, la population vivait sans beaucoup de stress et d'inquiétude : on s'appuyait sur la famille « élargie », le village, le clan, et probablement avant tout sur Dieu. Je me rappelle un jeune homme atteint de la malaria : il était couché un soir sur la place du village, un feu était allumé, il avait des maux de tête et de la fièvre, une quinzaine de personnes veillaient sur lui, quelques femmes étaient là... Pas de comprimés dans le village. Quelqu'un est parti à vélo pour aller acheter quelques nivaquines dans le village voisin. Ainsi s'est terminée cette histoire ou on voyait de l'entraide et de la chaleur humaine. Le coût du traitement était peut-être de cinquante cents !

LA VIE SUR TERRE AVANCE

Qui a la foi, qui marche humblement avec son Dieu, jette en Lui naturellement son souci. Qui s'appuie sur Dieu connaît l'espérance, cette toute petite vertu comme disait Péguy.

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Vous comme moi, nous continuons à vivre. Nous avançons dans la vie. Cela demande du courage, du cœur, pour supporter le difficile, apporter sa pierre, son don, sa contribution au bien des autres, cela a du sens.

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Tout est mouvement. La vie sur terre avance, « avec le soir viennent les larmes... mais au matin les cris de joie ».

« Courage, ayez confiance, tenez bon, j'ai vaincu le monde ». Comme on voudrait que rien ne change ! Comme on voudrait que la vie d'hier se répète longtemps encore, le plus longtemps possible. Nous constatons qu'il y a des choses nouvelles et inattendues... comme la Covid-19.  Nous avons oublié que cela a existé dans le passé.

 ET SI C’ÉTAIT LA RÉVÉLATION DE DIEU

Je ne sais pas où nous en sommes, mais je demande à Dieu : qu'es-Tu en train de faire ô mon Dieu ? Quel est ton plan ? Vers quel achèvement allons-nous ? Et si c'était la révélation des fils de Dieu ?

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Ces mots « révélation des fils de Dieu » peuvent sembler bien abstraits ou incompréhensibles.  Il me semble que l'action de Dieu envers nous consiste en cela : nous ouvrir à la foi et nous changer, nous guérir, nous transformer, nous donner les dons les meilleurs, ceux qui nous permettent d'aimer. L'Abbé Pierre disait que la vie était un peu de temps qui nous était donné pour apprendre à aimer.

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Notre société est très touchée par ces « anges gardiens », infirmières et infirmiers, travailleurs, qui affrontent chaque jour le danger, le virus, pour servir les personnes infectées dans les CHSLD ou ailleurs. Certains d'entre eux y ont laissé leur vie. En Inde, près de Delhi, des particuliers donnent à manger aux nombreuses personnes jetées sur les routes, qui ont tout perdu ...Ne sont-ils pas images de Dieu, fils et filles de Dieu, humains qui méritent toute notre admiration?

 

Notre vie sur terre est une vie de pèlerins et je pense que l'éternité nous sera donnée pour continuer cette transformation : aimer comme Il aime. Comme nous devons désirer la foi ! Thérèse de l'Enfant Jésus disait : ma folie à moi c'est de croire... ma folie à moi c'est d'espérer. Marcher là où il n'y a pas de chemin, « Avance en eaux profondes » nous dit Jésus. Dans l'acte de croire, il y a du génie. On s'abandonne au Très Haut ! Au Tout-Puissant! Et Il agit !

Je salue en terminant Saint François d'Assise, ami de Dame Pauvreté, autre Christ, modèle d'humanité. François a embrassé le chemin du dénuement et du don de soi... là se trouvent les fils et filles de Dieu.

vol. 125, no 1 • juin 2020

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