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FRANÇOIS AUJOURD’HUI

En 2010, lors de ma première « Expérience d’Assise sur les pas de saint François et sainte Claire », je posai au Frère Laurent Gallant, ofm une question très existentielle : « Comment marcher à la suite de ce prophète de l’extrême ? » Et lui de répondre : « Laisse-toi seulement inspirer par ce qu’il a été. Tu trouveras ta voie. » Suivant ce précieux conseil, dont je me rappellerai toujours, je me laisse inspirer chaque jour par la vie de saint François d’Assise, par ses actions, par tout ce qui définit son être profond.

François nous invite à être, nous aussi, en état de conversion,

prêts à nous laisser transformer, à quitter nos fausses sécurités

pour accueillir le Christ qui veut faire en nous sa demeure.

​

FRÈRE NICOLAS MORIN

Dans notre réalité actuelle, je trouve souvent des similitudes avec l’époque de François : une Église qui a largement besoin de conversion, un fossé géant entre les riches et les pauvres, une fraternité qui cherche à poindre dans un monde où les seigneurs dominent, une société qui a à redécouvrir l’humilité, la miséricorde et le pardon.

 

Dans un tel contexte, François a trouvé ce qui donnait sens à sa vie : se dépouiller de tout ce qui n’est pas conforme à l’Évangile, éclairer sa vie à la lumière du Christ. Ce qu’est devenu François, sous le souffle de l’amour de Dieu, continue d’être inspirant pour bien des gens, encore aujourd’hui.

LES «FRANÇOIS» D’AUJOURD’HUI

En octobre 2013, le pape François disait lors d’une rencontre avec des enfants malades : « Saint François a fait un choix : celui d’être pauvre. Pour notre société également, il faut suivre la voie de la pauvreté, qui n’est pas la misère –celle-ci est à combattre – mais savoir partager, être plus solidaires de ceux qui sont dans le besoin et se fier davantage à Dieu. » D’entrée de jeu, le Pape est lui-même très sensible à l’inspiration franciscaine. Dès son élection, il s’est dépouillé de tous les artifices liés à la tâche pour se faire pauvre parmi les pauvres. Il a posé par la suite de nombreux gestes pour actualiser ses choix. Comme un bon pape, il lutte contre la pauvreté matérielle aussi bien que spirituelle, il construit des ponts entre les différentes communautés d’humains. C’est un homme de paix, intègre, audacieux et bon.

 

À sa manière, le chanteur Dan Bigras est aussi un François d’aujourd’hui. Ce chanteur, musicien, comédien, donne sa vie pour les jeunes en difficulté.  Il est l’allié des jeunes, particulièrement ceux et celles entre 17 et 24 ans. C’est un idéaliste, un rêveur un peu comme le saint, voulant transformer le monde par une grande implication au sein de la société.  Les textes de ses chansons dénoncent des situations inacceptables et donnent l’élan pour s’investir à son tour dans la recherche de la paix intérieure, de la dignité humaine, de l’être debout en marche. Humilité, pauvreté, intensité, sont des valeurs qui le relient à saint François.

 

François a  mis en valeur la nature comme un don de Dieu à l’être humain, a chanté la beauté de la création, a eu un profond attachement fraternel pour toutes les créatures, comme étant des frères et des sœurs en vérité. Il nous invite à faire de même, à notre manière. 

 

Récemment, j’ai entendu parler de ce petit bout de femme, Greta Thunberg, une jeune adolescente suédoise qui  s’implique avec force contre le réchauffement climatique. Âgée de 16 ans, elle a annoncé, le 31 mai dernier, qu’elle prendrait une année sabbatique pour se consacrer à son engagement écologiste. Cette décision fut difficile à prendre, affirme-t-elle, mais vu l’urgence de la situation, il n’y a pas de temps à perdre. En Pologne, elle a fait un brillant discours lors de la conférence internationale sur le climat. Elle n’aime pas parler en public. Mais comme elle le dit si bien : « Je ne parle que lorsqu’il faut le faire! »  Avec elle, c’est la voix de la jeunesse des cinq continents qui s’élève. Greta a remué bien des cœurs avec ses discours, mais aussi par ses gestes concrets.

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Dan Bigras (Wikimedia Commons)

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Greta Thunberg (Wikimedia Commons)

RÉ-ENCHANTER LE MONDE

Thomas de Celano disait que l’approche franciscaine est une invitation à ré-enchanter le monde, à trouver la joie de vivre en harmonie avec toute la création. Je crois sincèrement que le pape François, Dan Bigras, Greta sont habités de l’Esprit de Dieu qui souffle où il veut, et qui envoie vers les fragilisés de cette terre, vers les créatures les plus vulnérables, vers les ténèbres de ce monde pour y apporter la lumière du Vivant.

 

Il est intéressant de voir également que le monde de la politique peut aussi s’humaniser  et vivre une conversion à l’image de saint François.  Dernièrement, au Jour de la Terre, la conseillère municipale de mon quartier, aidée par les membres de sa famille, a fait le tour des parcs de son quartier pour y ramasser tous les détritus accumulés au cours de l’hiver. Elle a donné l’élan nécessaire pour qu’à leur tour, les citoyens et les citoyennes soient plus respectueux envers la création et l’environnement. Marguerite Blais, ministre responsable des Ainés et des Proches aidants, s’est donnée corps et âme pour accompagner son mari tout au long de son combat contre un virulent cancer du cerveau. Cette expérience de vie l’a amenée à faire une tournée de conférences pour inciter le gouvernement du Québec à mettre en place une stratégie pour les proches aidants. Ses engagements communautaires et politiques l’ont amenée par la suite à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, à sensibiliser autrui à la condition des malentendants, à ouvrir son cœur et ses bras aux personnes âgées avec bienveillance.

 

Pour le Poverello d’Assise, témoigner de l’Évangile c’était s’engager à respecter la création et tout être humain, de vivre en artisan de paix véritable dont la source est en Dieu seul.  François était humble, pauvre, passionné du Christ.  Les valeurs qu’il promulguait sont fondamentales pour suivre le Christ, au 12e siècle comme aujourd’hui. Elles se situent dans un éternel présent.

vol. 124, no 2 • octobre 2019

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