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SÉRÉNITÉ ET CHAOS

ÉDITORIAL

Il est difficile d'associer ces deux mots. La sérénité ne mène pas au chaos, ni le chaos à la sérénité. Et pourtant celle-ci est indispensable pour survivre face au chaos.  Un synonyme du chaos est le mot désordre. Avec l'ampleur et la profondeur du désordre, grandit la menace, surgit l'angoisse, éclate la panique qui détruit toute vie et laisse la mort triomphante.

Mais regardons de face les bouleversements chaotiques et angoissants dans lesquels nous sommes plongés de toute part.  

Notre Dossier vous présente
trois réflexions.

Michel Rioux est syndicaliste et brosse les inégalités sociales et économiques qui font de nos sociétés « une poudrière qui va exploser ! » Nous avions fait des pas de géants avec l'idéal « Liberté, Égalité, Fraternité », avec la déclaration des droits de l'homme de l'ONU. Lentement les fissures se sont installées et élargies pour mettre en péril l'égalité et pour menacer nos systèmes économiques et d'échanges commerciaux. « 88 % de la richesse produite serait confisquée par le 1% le plus riche de l'humanité. L'endettement et la dépendance économique asservissent de plus en plus les populations. Conscients de ces réalités, quelle action engager ? « La solidarité devra s'imposer ». C'est le seul chemin.

Dans un deuxième texte, « la parole des femmes, une espérance pour l'avenir de l'Église », Jacques Pasquet et Pierrette Bertrand donnent la parole aux femmes qui sont intervenues récemment au sommet des Conférences épiscopales tenues à Rome du 21 au 24 février 2019. Les abus sexuels de la part du clergé et le traitement des victimes ébranlent l'Église et la foi des fidèles. Dans son intervention, Valentina Alazaraki, commence par sa réalité personnelle d'être une mère. « Par rapport à vous, évêques et cardinaux, ... je suis avant tout une mère. Pour une mère, il n'y a pas d'enfants de première ou de deuxième classe. Pour l'Église non plus ». Évêques et cardinaux ne sont pas plus importants que tout autre petit garçon ou petite fille abusée. L'Église a-t-elle oubliée l'essentiel de sa mission évangélique ?

« Cette parole de femmes au sein de l'Église appelle à un regard lucide et sans complaisance »,« pour passer de la peur du scandale à la vérité. »

« Malgré le chaos écologique » le troisième texte, écrit par Michel Rondeau, éducateur, regarde le désordre environnemental. Lorsqu'on ose la lucidité, il apparait que les meilleurs indicateurs que nous présentent les scientifiques sont indéniablement passés au rouge. « La crise écologique ébranle par sa magnitude, par son urgence, par notre difficulté, aussi, à nous mobiliser solidairement pour la contrer ». « [La] pratique d'éducateur à l'écocitoyenneté auprès des jeunes en milieu scolaire, m'offre  l'occasion de sonder la présence et l'insinuation de la crise à l'intérieur de chacun.»

« L'éducation à l'environnement devrait se présenter comme une éducation à la sérénité ». « ...la sérénité n'existe que parce qu'un chaos rôde quelque part ». « La sérénité devient un espace de liberté et d'inviolabilité au cœur de la tourmente ». Nous ne serons pas submergés par le chaos qui est peut-être une transformation vers une nouvelle naissance.

Nous vous offrons cinq chroniques. Elles ne sont pas sans lien avec l'attitude de sérénité et les gestes d'espérance face aux transformations.

Gens qui inspirent est le récit simple et transparent de Carmen dont l'aspiration à la citoyenneté canadienne et l'accueil de celle-ci constituent « le départ des départs ».

 

En pleine action suit Léo dans son quotidien comme secrétaire de paroisse. Remarquable par son professionnalisme et sa sérénité, ce jeune technicien comptable est une leçon de vie face aux aléas et contradictions d'une organisation. « Il est de bon conseil, doté d'un juste discernement, ... passionné de la vérité ».

 

Jeunes en mouvement déballe le témoignage d'Alexandra, une jeune scientifique devenue agente de pastorale sociale. « L'espérance devient action ». Comment vivre le chaos et le non-sens ? « Oser dépasser le monde matériel et croire qu'il n'y a pas que du non-sens ».

Ailleurs dans le monde, au Cap-Vert, à 700 kilomètres au large du Sénégal, Silvino nous parle d'îles « dispersées » dans l'océan. La description de cette terre natale terrinha, parle de beauté, de résilience du peuple devant l'asservissement et l'exploitation. « Retrouvons notre véritable humanité selon la vérité de Dieu ».

Au cœur des mots suit les gestes de François d'Assise qui, contre toute attente et toute règle, dépasse les lignes interdites et rencontre le Sultan Malik al-Khâmil pour s'élever au niveau de ce qui unit, la recherche de Dieu et la prière.

 

Dans cette lecture, chers lecteurs et lectrices de Chemins franciscains,  trouvez une sérénité et le courage de l'espérance.

 

Bonne lecture !

Gaston Sauvé,

membre du comité de rédaction

vol. 124, no 1 • Mars 2019

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