top of page

LE CURSILLO ?

...MAN HOU ?

BERTRAND JODOIN prêtre   MANON ST-PIERRE   STÉPHANE MAILLOUX

Trio animateur au diocèse de Saint-Hyacinthe

Rendre possible l'expérience personnelle et communautaire d'une rencontre dans la foi avec le Christ des évangiles, c'est là le but du mouvement des Cursillos. « Va ta foi t'a sauvé », la parole de Jésus rencontré renvoie chacun à sa vie, à son milieu, pour y agir comme ferment. Un récit de témoins à l’œuvre.
Comme le peuple juif qui s’écriait MAN HOU devant la manne,  beaucoup se questionnent en entendant le mot « Cursillo » :
qu’est-ce que c’est ? 
UN PEU D’HISTOIRE

Le mouvement est fondé en 1949 en Espagne sur l’île Majorque. Edouardo Bonnin, soutenu par les évêques du temps, anime des rencontres pour les pèlerins en route vers Saint-Jacques de Compostelle. Les premiers candidats provenaient de l’Action Catholique.

 

À Sherbrooke, en octobre 1965, le mouvement prend racines en milieu francophone. Maintenant, le Mouvement des Cursillos Francophones du Canada (MCFC) compte 21 secrétariats couvrant 26 diocèses dans l'est du Canada : 5 en Ontario, 18 au Québec, et 3 au Nouveau-Brunswick.

 

Le mouvement n’a pas seulement des secrétariats mais aussi, en premier, des membres qui portent des objectifs et des convictions. Aussi pouvons-nous lire dans nos « Idées fondamentales »  au numéro 74 que le Cursillo est un : «Mouvement d’Église qui rend possible l’expérience personnelle et communautaire de ce qui est fondamental dans le christianisme, dans le but de former des noyaux de chrétiens, en les aidant à découvrir et à réaliser leur vocation comme ferment d’Évangile dans leur milieu respectif.»

LA PÉDAGOGIE DU MOUVEMENT

Cette pédagogie consiste à amalgamer l’enseignement des données de la foi catholique avec des témoignages vivants.  Écoutons cette femme qui a fait son Cursillo en 2005 : « Le Cursillo m’a permis de  faire une rencontre personnelle avec Jésus et de l’accueillir dans ma vie. À cause des rencontres qui se poursuivent chaque semaine, j’ai ouvert la Bible et au fil des semaines, j’ai constaté comment la Parole de Dieu est vivante aujourd’hui pour moi, pour nous qui ouvrons le Livre. Des passages résonnent concrètement  dans ma vie maintenant, pour mettre l’Évangile du Christ en pratique dans ma vie : Va, ta foi t’a sauvé Mc 10, 52 ; Prend ton brancard et marche Lc 5, 24 ; Si tu savais le don de Dieu ;  Jn 4, 10; Tu es mon fils bien aimé Mt 3, 17. »

 

« Avec le partage et le témoignage que nous vivons entre femmes durant la fin de semaine, j’ai accueilli mon histoire personnelle et ainsi j’ai pu guérir des blessures. Oui j’ai nommé mon histoire et j’ai vu que je ne suis pas seule à avoir eu des moments difficiles, qu’il y a des femmes qui ont souffert beaucoup plus que moi et comment, avec l’aide de Jésus  ressuscité, nous pouvons nous relever. J’en suis arrivée enfin à pardonner et à me pardonner pour que je puisse continuer mon chemin dans la joie et l’amour. OUI, accueillir les autres tels qu’ils sont et voir la beauté des gens. Nous sommes tous enfants de Dieu et nous sommes aimés tel que nous sommes. »

 

Au Cursillo du diocèse de Saint-Hyacinthe, nous accueillons les hommes durant une fin de semaine et les femmes quelques semaines après. Accueillir chacun dans sa différence nous semble encore important...  Et si on écoutait un homme qui, lui aussi, a fait son Cursillo en 2005 : 

​

« J’ai entendu au fond de moi Jésus nous dire : N’attends pas d’être parfait pour venir me voir, me parler. Je t’aime comme tu es, je t’attends. » Moi, étant parfaitement imparfait, c’est ce qui m’a accroché lors de ma fin de semaine... De là, je constate la proximité et l’accessibilité au Seigneur Jésus dans ma vie. Vivre cette communion me fait découvrir en plus l’amour du prochain. Depuis 13 ans, je suis toujours très actif, car il y a une fraternité inconditionnelle pour le meilleur et pour le pire avec des amis qui sont sur mon chemin. Je compare cette expérience avec le chemin de Compostelle, mais au quotidien. Maintenant, j’ai droit à mes moments de solitude, des moments avec ma conjointe, avec mes enfants, avec des étrangers et avec mes amis. »

L’ENGAGEMENT DANS LA MISSION

Je suis l’animateur spirituel  du Cursillo avec mandat de l’évêque du temps... Pourquoi poursuivre cette œuvre ? Je constate que je profite personnellement de cet engagement. Oui je suis nourri par mes frères et mes sœurs cursillistes. Le Seigneur passe par eux, leur foi active, leur grand cœur et leur belle simplicité. Je dois vous avouer que le mouvement a donné un souffle nouveau au ministère qui m’a été confié lors de mon ordination.  

 

Le pape François nous invitait à ouvrir des cercles nouveaux d’interventions pastorales. Au Cursillo, je suis en mission à la périphérie. Toutes sortes de personnes  en recherche de sens, parfois d’amour et de miséricorde se présentent parrainées par des membres. C’est un champ privilégié qui nous est offert comme Église.

​

Notre pasteur François nous invite aussi à travailler avec tous les baptisés. Au Cursillo, je catéchise avec d’autres baptisés. Leur témoignage m’étonne, me bouscule parfois, mais toujours me réjouit. L’Esprit est à l’œuvre et il active tellement de charismes chez eux. C’est au Cursillo que j’ai vu cette page d’Évangile. « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits Mt 11,25 »... et j’ajoute : tu l’as révélé PAR les tout petits. Alors, je me sens si proche de  Celui qui les habite.

​

La créativité joyeuse dans l’animation des 20 communautés réparties dans le diocèse fidélise notre engagement à ouvrir le livre de la Parole. Je suis un prêtre catéchète heureux de proclamer,  de célébrer, de prier la Parole avec d’autres, particulièrement durant les fins de semaines que j’anime. Humblement, par le Cursillo, chaque jour, la Parole est au cœur de ma prière personnelle et communautaire... Elle bricole mon cœur de prêtre.

​

Nous terminons en disant  que le Mouvement provoque aussi de l’engagement dans la mission de l’Église. Il serait triste et stérile si les cursillistes se retrouvaient dans leurs communautés comme dans des paniers à p’tits chats, à se dire : On est si bien ensemble! Nous constatons que des hommes et des femmes cursillistes, conscients de leur vocation baptismale s’engagent aussi sur les chemins du monde : les Haltes St-Joseph, qui sont des lieux d’accueil de personnes isolées et pauvres de bonheur, bénéficient de leur présence active... On retrouve des cursillistes visitant des prisonniers. La pastorale de la visite aux malades en occupe d’autres, la catéchèse aux enfants aussi. Enfin, des curés nous disaient : « Que seraient nos paroisses  sans l’engagement fidèle des cursillistes ? » Oui, nombreux sont-ils qui se redisent entre eux : « et toi que fais-tu de ton baptême ? » Ils s’aident  ainsi à rester fidèles à la mission de leur  baptême.

​

Nous ne voulons pas nous prendre pour d’autres. Nous sommes conscients que nous sommes parfaitement imparfaits. Mais aussi aimés par le Seigneur. Il est venu mettre des couleurs dans nos vies et nous voulons collaborer à illuminer le monde de sa lumière, celle du Ressuscité. Alors à tous, de colorer le monde !

vol. 123, no 3 • Octobre 2018

bottom of page