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LA MAISON ORLÉANS

DES TÉMOINS DANS ET HORS LES MURS

JEAN-GUY BONIN

Animateur du groupe «En Croissance spirituelle» de la Maison Orléans

« En croissance spirituelle », c'est le nom de ce groupe qui chemine dans sa quête de sens depuis au delà de 10 ans. Témoigner de son vécu, « laisser briller sa lumière donne aux autres la permission de faire de même ». Après avoir fait le plein à la Maison Orléans, le besoin de donner aux autres se fait sentir.
« Quand nous laissons briller notre lumière, inconsciemment nous donnons aux autres la permission de faire de même. Comme nous sommes libérés de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres »
 
Marianne Williamson

Des églises du Québec se vident. Des églises se vendent. Des paroisses se ferment et disparaissent les unes après les autres. Les paroissiens sont laissés à eux-mêmes. Les brebis errent dans les prés.

UN TSUNAMI IGNORÉ

Le clergé n’a pas su contrer le tsunami provoqué par l’attitude paternaliste, infantile et attentiste des autorités catholiques. Au Québec, depuis les années soixante, le troupeau contestait, se dispersait. Les insatisfaits, les exclus, les rebuts (divorcés, remariés, ex-prêtres et ex-religieuses et religieux, les LGBT, etc.) ont faim de sens, de nourriture solide. La quête de sens se fait sentir.

 

Des regroupements se forment pour répondre aux besoins de spiritualité. Je suis de ceux-là. Depuis plus de douze ans, je fais partie d’un groupe (que j’anime depuis dix ans maintenant) qui se rencontre dix fois par année, pour une durée de trois heures, le troisième dimanche du mois, de treize heures trente à seize heures trente, à la Maison Orléans, située sur l’avenue d’Orléans à Montréal.

EN CROISSANCE SPIRITUELLE

« En croissance spirituelle » est le nom du groupe. Les participants, au nombre de seize en moyenne, représentent diverses couches de la société : des ex-religieux et ex-religieuses, des religieuses, des ex-prêtres, des divorcés, remariés ou non, des croyants et des non-croyants, des gais et des lesbiennes, des célibataires et des couples, un jeune de dix-sept ans et des personnes âgées de quatre-vingts ans et plus, des retraités et des travailleurs. Un groupe des plus hétérogènes !

 

Nous échangeons sur des thèmes qui nous apparaissent importants. Cette année, nous partageons ensemble notre besoin de spiritualité, notre quête de sens. Ce ne sont pas tant des échanges intellectuels que des partages de vécu personnel. Le vécu de chacun n’est pas discuté, confronté, mais écouté, reçu sans jugement. Ce que la personne partage lui est personnel et aucune obligation, de se conformer à quoi que ce soit, ne lui est imposé. Chacun est libre de partager ou non ses réflexions.

 

« Quand nous laissons briller notre lumière, inconsciemment nous donnons aux autres la permission de faire de même. Comme nous sommes libérés de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres » d’écrire Marianne Williamson.

 

Nous ne nous rencontrons pas pour avoir un certain impact sur les autres de la maison ou hors de la maison, mais comme le dit Marianne Williamson, notre liberté libère celle des autres. Ceci est vrai autant dans le groupe qu’à l’extérieur du groupe. Ainsi, au retour à la maison, après s’être nourri mutuellement du partage donné et reçu, chacun change inévitablement sa façon d’être et de se relier à son entourage. Pourvu que ma façon de vivre questionne et touche ceux avec qui je partage le quotidien, je me vis comme un témoin hors les murs.

LE BESOIN DE DONNER

Plusieurs membres de notre groupe, qui y sont encore actifs ou qui ont quitté pour œuvrer dans divers domaines, répondent à un besoin de s’impliquer plus à fond auprès de personnes en manque de stimulation. Après avoir fait le plein à la Maison Orléans, le besoin de donner se fait sentir chez plusieurs.

 

Pour n’en nommer que quelques-uns mentionnons le travail fait auprès des paroisses en regroupant des hommes et des femmes pour la revitalisation des paroisses, pour les faire participer à l’Aventure de l’Évangile, ou pour les regrouper chez soi et devenir ainsi un fournisseur d’eau de Vie. 

 

Le bénévolat de plusieurs s’exerce auprès de personnes atteintes d’Alzheimer, de paralysie cérébrale, d’incapacité de se déplacer, etc. Plusieurs membres du groupe côtoient régulièrement des prisonniers ou donnent de leur temps pour encadrer des judiciarisés récemment libérés.

 

En résumé, plusieurs y sont venus pour découvrir leur mission et y ont répondu en s’engageant à fond dans la communauté devenue sans Pasteur. Notre communauté paroissiale est désormais la Maison Orléans, notre appartenance à l’Église, c’est la Maison Orléans.

 

Récemment, un de nos participants est décédé subitement en voyage. J’ai agi en tant que célébrant pour ses funérailles. J’ai fait ressortir sa soif de spiritualité et sa quête de sens. Ses nombreux amis dans les arts, la culture et la finance ont attesté de cette soif. D’incroyant qu’il se disait, il s’abreuvait quotidiennement de spiritualité et sa participation dans le groupe ne passait pas inaperçue.

UNE PRÉSENCE ACTIVE

Pour aider les participants du groupe à se préparer pour les rencontres, je leur fais parvenir, tous les quinze jours, de la documentation concernant le thème choisi. J’envoie également ces textes à dix-huit personnes de partout au Québec. Notre groupe est ainsi présent auprès de personnes qui évoluent en même temps que nous.

 

Quand je suis entré dans ce groupe, il y a de cela douze ans, je me disais rempli de doutes. L’Animateur du temps, le Père Pierre Brunette, ofm, m’avait souhaité la bienvenue en me disant que le doute fait partie de la démarche vers Dieu. Je le remercie de tout cœur de cet accueil. Cela m’a permis de faire ma démarche, étant pris sans condamnation, là où j’étais rendu.

 

Voilà le témoignage que je vous partage en toute confiance et sincérité.

vol. 123, no 2 • Juin 2018

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