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QUÊTE SPIRITUELLE

DEMEURER EN DIEU

JACQUES GAUTHIER

Jean, au début de son évangile, nous raconte que deux disciples, dont André, s’étaient mis à suivre Jésus qui leur demanda « Que cherchez-vous ? »  Ils répondirent « Rabbi, où demeures-tu ? » 
Jacques Gauthier nous invite à notre tour à nous enquérir de la demeure de Dieu. Chercher Dieu, pour l’auteur, c’est accepter de se laisser regarder par Lui et ainsi de trouver dans sa demeure « l’objet de notre désir… par la communion et la prière ».

Un jour, Jean Baptiste posa son regard sur Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu. » (Jn 1, 36) Deux disciples du Précurseur entendirent cette parole et suivirent Jésus. Il leur dit : « Que cherchez-vous » ? Et eux de répondre par une prière : « Maître, où demeures-tu ». Jésus leur dit : « Venez, et vous verrez ». Après avoir vu, André, l’un des deux disciples du Baptiste, va annoncer à son frère Simon ce qu’il a trouvé. On peut imaginer la joie qu’il y a dans ce cri d’espérance : « Nous l’avons trouvé, le Messie. » (Jn 1, 41) André amène son frère au Maître : « Jésus le regarde et dit : « Tu es Simon, le fils de Jean ; tu t’appelleras Céphas – ce qui veut dire Pierre ».

 

La question que Jésus lance à ses premiers disciples s’adresse aussi à nous : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38) Nous sommes invités à lui répondre : « Où demeures-tu » ? Où te caches-tu ? Et comme André, nous partons l’annoncer après l’avoir vu. C’est aussi ce que fait Jésus qui témoigne de ce qu’il a entendu et vu auprès du Père : « Nous parlons de ce que nous savons et nous attestons ce que nous avons vu ; mais vous n’accueillez pas notre témoignage. » (Jn 3, 11) Le disciple n’est pas plus grand que le Maître ; si tous n’ont pas accueilli son témoignage, ne nous étonnons pas s’il en est de même pour ses disciples.

La question que Jésus lance à ses premiers disciples s’adresse aussi à nous : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38) Nous sommes invités à lui répondre : « Où demeures-tu » ?
SE LAISSER REGARDER

Le Christ nous comble lorsqu’on le cherche ainsi. Nous ne le voyons pas, mais nous le savons présent au fond de l’âme. Nous nous laissons regarder de l’intérieur pour être transfigurés dans son amour et sa beauté. « Qui regarde vers lui resplendira. » (Ps 33 (34), 6) Il n'y a plus de signes, plus de mots, seulement la beauté du Visage qui mène l'eros à l'accomplissement de l'agapè. Son regard d’amour infini nous crée à chaque instant, nous pose dans l’existence, nous invite à habiter avec lui, face à face, cœur à cœur.

 

La foi en ce regard divin nous dispose à ne pas juger les autres, à enlever la poutre qu’il y a dans notre œil, afin que nous voyions plus clair pour continuer notre quête de joie, notre quête du Christ. Nous voyons l’autre comme un reflet de la lumière du Christ. « Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est Esprit »  (2 Corinthiens, 3, 18).

 

Chercher Dieu, c’est reconnaître que l’objet de notre désir nous comble, même s’il demeure inaccessible. Il est présent dans tout ce qui existe. Demeurer en Dieu, c’est le trouver en soi et dans le réel, sans s’attacher à ce que nous pouvons percevoir de son mystère, puisqu’on ne peut se satisfaire de ce qui est moins de Dieu. Chercher Dieu pour lui-même, c’est accepter de ne rien voir et de ne rien sentir, nous rappelle Jean de la Croix, puisqu’il est un Dieu caché et qu’on ne peut le trouver qu’en se cachant comme lui.

 

« Dieu seul suffit », disait Thérèse d’Avila. En ayant la conscience d’être en lui, nous passons de la critique à la gratitude, de la tristesse à l’action de grâce. N’est-ce pas cela l’esprit franciscain ? François est l’homme du retour à l’Évangile qui structure la société non pas sur l’accumulation des biens, mais sur l’harmonie avec la nature, la solidarité avec les plus pauvres. Avec le Christ,  il ouvre une voie de communion et de prière pour que nous demeurions en son amour.

Pour aller plus loin, voir : 

Jésus raconté par ses proches (Novalis – Parole et Silence)

Jacques Gauthier  www.jacquesgauthier.com

vol. 122, no 3 • Octobre 2017

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