top of page

PAROLES DE FRANÇOIS ET CLAIRE

LES PRIORITÉS DE FRANÇOIS DANS SON COMBAT SPIRITUEL

SUZANNE GIUSEPPI TESTUT ofs

 Madame Giuseppi Testut nous parle de saint François, de son combat intérieur qui le même toujours à partager une intimité avec Dieu. Ce combat exprime, inlassablement, le désir d’accorder la première place à Dieu. Il passe par l’abandon et le dépouillement. Dans ce cheminement, il accueille aussi bien sa propre imperfection que les limites de son époque, écrit l’auteure. Ce combat se manifeste dans « un agir au service des hommes et particulièrement des plus fragiles ». François voulait répondre à la soif de transparence du monde dans lequel il vivait.

La force de saint François est de mettre le cœur en rapport avec le mystère. Il sait que, coupée du cœur, l'intelligence se situe en exil de la vie et engendre une pensée froide qui n'est pas en résonance avec la perception profonde de l'être. Si nous désirons devenir « vivants », il importe de nous laisser toucher plutôt que de vouloir comprendre. Quand François emploie le mot cœur, il est donc conscient d'exhorter à l'intimité avec Dieu. Il dévoile la nécessité d'accueillir sa ténèbre intérieure et les lourdeurs de sa foi en face du Transcendant. Deux expressions-clés jaillissent déjà dans l'esprit de François durant le combat de ses premières années : « Un suprême désir d'avoir l'Esprit du Seigneur » et « La pure et sainte simplicité du cœur ». Celle-ci est le contraire de la duplicité, du cœur divisé, elle est la purification de la volonté propre, devenue pure volonté de servir Dieu.

Il [François] sait que, coupée du cœur, l'intelligence se situe en exil de la vie et engendre une pensée froide qui n'est pas en résonnance avec la perception profonde de l'être.
ACCORDER LA PREMIÈRE PLACE À DIEU

Il ne faut pas oublier que la « transparence » de François s'est conquise à force de victoires sur lui-même. Son corps de sainteté portait ensemble les traits de la maladie, les séquelles des pénitences et des tentations, les stigmates et la conscience du péché. Ce combat est incontournable pour chacun d'entre-nous. Ainsi, le cœur pur pose un absolu : accorder la première place à Dieu. Tout François est déjà là. Toute la force de son combat prend naissance dans ce désir. Il y a dans le mouvement continu du cœur de François : une disponibilité qui passe par l'oreille attentive (LOrd6), la grossesse spirituelle (1LFid1.10), La bonne terre du cœur qui accueille la Parole (1Reg22.17), et un retour à Dieu qui s'exprime par la remise de soi et de tout à Dieu.

LE DÉPOUILLEMENT ET L'ABANDON

François nous propose ainsi l'inversion de nos priorités humaines. Il s'est réconcilié avec l'inexprimable ou l'insaisissable de sa propre archéologie, ce qui se traduit par intégrer son histoire, sa vie et sa mort, en un mot, intégrer son propre mystère. Il accepte de ne pas avoir de réponses à toutes ses questions. Le combat spirituel de François est ancré dans la prière.

François nous initie au paradoxe. Il témoigne de la pauvreté radicale de celui qui n'a rien et de la richesse de celui qui distribue les biens de Dieu.
ACCUEILLIR ET MAGNIFIER LE « BEAU DE DIEU »

Le combat spirituel de François ? Vivre en bonne intelligence avec l'imperfection des choses humaines. François accueille les limites de son époque, la faillibilité de l'Église et des hommes qui la constituent. Il accueille en premier lieu sa propre imperfection et surtout il ne la maquille pas sous des dehors d'impeccabilité. Il apprend peu à peu à s'en délivrer en posant son attention et son désir sur le don de Dieu, sur ce qui est beau en lui et en l'autre. Il accueille l'imperfection de ses frères, il n'y a pas selon lui un « bon » frère mineur, parfait au point de posséder toutes les vertus. Il semblerait que, pour saint François, la sainteté n'est pas de « manifeste » en soi toutes les vertus mais de faire bon usage de celle qui rayonne en nous. François sait accueillir et magnifier le « beau de Dieu » à l'œuvre en chacun de ses frère. (SP85 ; L2).

 

Le combat de François s'articule ainsi entre un agir, une anthropologie et une espérance. Un agir au service des hommes et particulièrement des plus fragiles. Pour François, aller vers soi-même est la meilleure façon de rencontrer l'autre et de le reconnaitre véritablement en tant que frère ou sœur en humanité. Une anthropologie, qui reconnait que l'humanité est faite d'une réalité naturelle et d'une réalité surnaturelle profondément unifiées. L'homme simple créature, ne peut faire abstraction de son humanité, il est appelé et contraint à avancer avec elle; et l'homme, dont la souveraine dignité ontologique est d'être créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, en même temps qu'elle exprime la loi de son devenir. Enfin, une espérance dans la résurrection de la chair. Sous les mots « corps » et « chair », François affirme ainsi l'effort qu'il en coûte pour aboutir à la transparence et à la réconciliation avec l'homme charnel.

LE MONDE A SOIF DE TRANSPARENCE

François a donc compris qu'on ne peut ouvrir les hommes au Christ, ni par la force, ni par la puissance des biens mais aussi que le monde, bien qu'en folie, a soif d'authenticité et de transparence. Avec François posons-nous ces questions : Croyons-nous vraiment à ce que nous annonçons ? Vivons-nous ce que nous croyons ? Sommes-nous témoins de ce que nous vivons ? Sommes-nous assez libres pour nous adresser au monde ? Sommes-nous solidaires, en pensées, en paroles et en actes ?

Le combat spirituel de François ? Vivre en bonne intelligence avec l'imperfection des choses humaines. François accueille les limites de son époque, la faillibilité de l'Église et des hommes qui la constituent. Il accueille en premier lieu sa propre imperfection et surtout il ne la maquille pas sous des dehors d'impeccabilité.

vol. 122, no 3 • Octobre 2017

bottom of page