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UNE CONVERSION ÉCOLOGIQUE RÉALISTE ET RESPECTUEUSE

LAUDATO SÌ, LOUÉ SOIS-TU !

La maison mère des Religieuses de la Congrégation Notre Dame s'engage dans une conversion écologique du fonctionnement quotidien de la résidence, avec le projet Verdir la Maison mère.
Bineta Ba, coordonnatrice de Justice sociale, nous raconte cette expérience de responsabilisation et d'audace, avec la collaboration de Apraham Niziblian, ex-coordonnateur de Justice sociale.
Cette encyclique ne pouvait tomber à un meilleur moment. Depuis plusieurs années, plusieurs obstacles se présentaient et bloquaient différentes tentatives d’action, même si la volonté était toujours là – d’autres priorités, d’autres réalités faisaient en sorte que l’environnement se faisait oublier. Avec les paroles claires du Pape, tous ces obstacles ont diminué.

Selon leur énoncé de mission, les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame s’engagent à « vivre simplement et à [se] rapprocher de la réalité des personnes appauvries, exclues ou opprimées ». En solidarité avec ces-dernières, les sœurs s’engagent également à « protéger notre planète et à participer activement à la transformation de l’Église et de la société en vue d’un monde plus juste ».

 

En cela l’objectif poursuivi est clair : adopter des mesures concrètes pour réduire notre empreinte écologique, personnellement et collectivement. La communauté internationale de la Maison mère de la Congrégation de Notre-Dame a donc entrepris une conversion écologique réaliste et respectueuse de chaque personne concernée.

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L’équipe de leadership de la Congrégation a reconnu le potentiel du projet « Verdir la Maison mère » dès les premières discussions sur le sujet. Soucieuse d’agir, après plusieurs années de discussions, elle a demandé qu’un plan exhaustif soit mis de l’avant. Ce plan devait tenir compte des besoins et de la réalité des sœurs vivant dans la maison de même que les sœurs et les personnes laïques qui y travaillent.

Déjà certaines de nos communautés avaient entrepris des actions en vue de réduire leur empreinte écologique. Après avoir partagé le fruit de notre réflexion collective, d’autres personnes souhaitant agir dans leurs communautés nous ont contacté et ont initié à leur tour des plans d’action similaires. Ce souhait individuel de certaines membres de la congrégation qui voulaient passer à l’action a trouvé un nouvel élan suite à la publication de Laudato Si’ et de l’appel du Pape François à l’action concrète pour la sauvegarde de notre maison commune.

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Cette encyclique ne pouvait tomber à un meilleur moment. Depuis plusieurs années, plusieurs obstacles se présentaient et bloquaient différentes tentatives d’action, même si la volonté était toujours là – d’autres priorités, d’autres réalités faisaient en sorte que l’environnement se faisait oublier. Avec les paroles claires du Pape, tous ces obstacles ont diminué.

Nous avons choisi de travailler avec Equiterre, une organisation réputée dans l’accompagnement d’organisations qui veulent entreprendre de tels virages. Equiterre nous a grandement épaulés tout au long de la phase de réflexion et de l’élaboration d’un plan d’action. Nous avons donc pu façonner ensemble nos objectifs.


Le but visé était simple : identifier les actions possibles, discuter en comité et retenir celles qui sont facilement atteignables. Cette première étape nous a donné un total de 95 actions possibles. En quelques semaines, nous avons pu en éliminer plusieurs qui ne correspondaient pas à notre réalité, d’autres ont été éliminées parce que trop onéreuses ou trop complexes.

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En quelques mois, nous avons donc pu trouver collectivement une douzaine de « fruits murs » ou projets plus faciles à réaliser et commencer à exécuter rapidement le plan d’action.

Nous célébrons notre première tasse de café équitable à la Maison mère de la CND.

Nos nouveaux produits d’entretien ménager écologiques.

Nous avons mis sur pied un comité vert, où siègent sœurs de la maison et employés laïcs, avec le mandat d'assurer le volet information et la sensibilisation aux actions quotidiennes à prendre. Le comité vert deviendra membre de Église verte.

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Nous avons introduit le café équitable à la Maison mère. Nous avons également remplacé tous nos produits d’entretien ménager par des produits écologiques.

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Nous avons commencé à mettre en place une bibliothèque verte.

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Pour l’année 2016, notre plan d’action comporte des actions beaucoup plus ambitieuses telles la réduction de notre consommation d’énergie et la gestion de nos déchets organiques. Saurons-nous les réaliser à la mesure de nos grands désirs ?

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Chaque étape, il est important de le rappeler, est franchie en concertation avec le comité vert, la communauté locale des sœurs et les employés dont le travail sera touché par l’une ou l’autre des mesures adoptées, et l’équipe de leadership de la congrégation.

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Une sœur de la Maison mère se dit optimiste. Bien que l’adaptation puisse représenter un défi et qu’il faille parfois ralentir le rythme des changements qu’impose un mode de vie plus écologique, elle est encouragée par l’énergie qui circule au sein des membres du comité. Beaucoup lui ont confié vouloir agir maintenant dans l’intérêt des générations futures. Cette motivation ne fait-elle pas écho à celle du Pape François qui nous demande de ne pas laisser ce fardeau aux générations futures ?

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Le projet Verdir la Maison mère montre que chaque petit geste compte : il suffit de commencer !

Le génie de François va plus loin. Il fait se rencontrer dans le même Cantique la mission des éléments de la création avec les expériences humaines les plus décapantes : le besoin de pardonner, l’accueil patient de la maladie, les tribulations occasionnées par les autres, le découragement devant l’épreuve, la malédiction du péché, la mort corporelle inévitable. Et ce, sur la trame quotidienne de la vie fraternelle. Il réconcilie nos épreuves incontournables avec les merveilles de la création. À la limite, le pardon devient source de miséricorde qui sauve. La maladie donne de rendre grâces de tout au Créateur (1Reg10,3). L’épreuve fait tenir bon dans la foi sereine. Le péché appelle réparation. La mort s’apprivoise comme une sœur.

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Ainsi, quand François demande à ses frères de lui chanter le Cantique de frère Soleil avant de mourir, il célèbre ce que Dieu lui a fait découvrir sur le terrain fraternel, en parcourant le monde comme un évangile vivant. Son ouvrage de restauration reste relationnel : entre les personnes et la nature. Voilà son lègue précieux à l’Église et au monde. Notre écologie franciscaine découle d’une économie fraternelle à instaurer bien au-delà des biens matériels et de nos besoins en cas de nécessité.

François entretient une vision paradoxale de l’homme. L’être humain, laissé à lui-même est fautif, fétide, misérable, contraire au bien, embourbé dans les choses terrestres (1Reg22,6;23,5). Mais en face du Créateur, il peut tout, s’il se laisse engendrer et sauver par Lui (1Reg 23,9). Bien sûr, ailleurs dans ses écrits, François évoque la nature avec les images de la terre et de la mer, des brebis et des oiseaux du ciel, des champs et de la voûte céleste… Mais ces évocations bibliques n’ont d’autre vocation que de rendre grâce à Dieu, Créateur, Rédempteur et Sauveur (1Reg10,3; 23,9). Il affirme une sorte d’état de grâce forgé à travers notre dialogue ravi avec le Créateur. Que pénètre en nous l’élévation de notre Créateur et notre soumission envers lui. (LOrd34).

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Nos gestes politiques et nos options collectives pour bien gérer notre place dans le paradis (1Reg23,1) se nourrissent de cette contemplation nécessaire. Cela entraîne pour nous une sorte d’interdépendance entre les êtres humains, les événements du monde et les éléments de la nature pour inventer des voies de guérison et de réparation. Un des lieux privilégiés pour la prise en charge mutuelle de la contemplation et de l’action reste le monde des pauvres qui font partie de notre paysage social.

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Et ils doivent se réjouir quand ils vivent parmi des personnes viles et méprisées, parmi des pauvres et des infirmes et des malades et des lépreux et des mendiants le long du chemin. (1Reg 9,2)

Si l’univers créé porte le signe du Créateur, si les expériences décapantes de la vie sont un terrain de réconciliation avec nos limites et l’harmonie du monde, les pauvres reflètent pour nous la face cachée du Christ et de son évangile. François prêche une conversion du regard sans cesse à inventer entre frères et soeurs. Nous apprenons, grâce à lui, que nous dépendons les uns des autres pour contempler le monde, soigner le jardin du paradis, partager les fruits de notre terre matricielle, courber la tête devant la grandeur de Dieu et porter l’Évangile comme un don pour l’humanité.

Louez et bénissez mon Seigneur et rendez grâces et servez-le avec grande humilité (CSol30)

vol. 120, no 5 • 15 décembre 2015

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