
Démocratie, foi, religion ne font pas spontanément bon ménage. La démocratie et la religion ou la foi, ont un certain rapport au fonctionnement d’un peuple,

La teneur des échanges, dans un conseil municipal, aborde rarement de front la question religieuse. Il demeure vrai, cependant, que la foi vécue se reflète sur toute question humanitaire.
Le sujet représente un défi à aborder : Démocratie, foi, religion ne font pas spontanément bon ménage. La démocratie et la religion ou la foi, qui est plus vaste et plus personnalisée (entendons le mot foi non pas dans un sens spirituel chrétien, mais dans le sens de croyances que l’individu se donne), ont un certain rapport au fonctionnement d’un peuple. C’est évident que le mot foi, avec son sens spirituel chrétien n’est pas le lot de tous ceux qui se disent croyants. Comme exemple, on pourrait citer une panoplie de gens qui diront croire aux effets bénéfiques de la cartomancie, de la numérologie, de l’astrologie, des cristaux, et autres.
Dans un autre ordre d’idée, nous savons que des peuples, démocraties ou non, imposent concrètement une religion. La non appartenance à la religion, dans ce cas, laisse libre cours à une restriction de la libre expression de ses opinions chez les personnes.
Cette clarification, ayant été faite avec mon invité Alain, j’ai abordé l’engagement pris de sa part comme conseiller municipal d’une petite ville. Le dialogue a été franc et très spontané. La réflexion s’est limitée à son attitude dans un rôle de conseiller, élu démocratiquement par le peuple ou la population.
À une première question sur sa motivation pour accéder à ce poste, la réponse fut claire. La foi n’a pas été une source de motivation, mais une occasion de s’affirmer et d’en reconnaître les bienfaits. La teneur des échanges, dans un conseil municipal, aborde rarement de front la question religieuse. Il demeure vrai, cependant, que la foi vécue se reflète sur toute question humanitaire. Les tiraillements et les divergences d’opinion font habituellement référence aux valeurs profondes qui nous habitent, peu importe le rôle dans lequel nous sommes partie prenante. Alain est un homme franc et authentique de par sa formation universitaire et sa profession. L’entendre s’affirmer, dans un langage bien articulé, suscite instantanément la confiance et l’écoute attentive de ses interventions et son analyse de toute situation.
Alain affirme la grande liberté qui l’habitait dans son rôle de conseiller. Il a assumé sa tâche dans le respect mutuel de ses collègues, profondément libre d’être soi-même. La divergence d’opinion ou de conviction ne tourne jamais, chez lui, en affrontement, mais suscite un cheminement dans la recherche du bien collectif. Les divergences d’opinions font jaillir des perceptions différentes des événements ou des décisions à prendre. Le système démocratique, toujours en recherche du meilleur pour le peuple, a besoin d’une complémentarité de perceptions et d’opinions pour aller de l’avant. Les idées nouvelles, les rêves, les fantaisies ont leur place dans toute organisation attentive à la vie.
Un troisième point abordé avec Alain est celui de l’impact de sa présence au conseil municipal. La fonction de conseiller municipal n’est aucunement un lieu de propagande ou de promotion ou de privilège. Elle est un lieu où chacun apporte et partage son expérience de vie, ses valeurs profondes, son désir de favoriser l’éclosion d’un bon peuple. Sur ce point, Alain affirme sans hésitation que son attitude, sa foi profonde et les valeurs qu’elle engendre ont rejailli positivement sur les membres du conseil. Pour cela, il n’y a aucun instrument de mesure. C’est un ressenti chez celui qui a assumé sa tâche et rempli son rôle sans prétention, habité par un désir de service.
En terminant la conversation avec Alain, j’ai posé la question sur « Démocratie et laïcité ». La laïcité, dont on parle abondamment en ces récentes années, respecte-t-elle la démocratie? La réponse à cette question a besoin de nuances. Il y a une bonne portion du peuple qui a du mal à se situer et qui est critique face à la laïcité qui prend forme chez nous. Le gros bon sens et le désir de croire semblent écorchés par tout ce qui se dit, se vit et s’écrit sur le sujet. La foi et les religions sont appelées à se redéfinir et à retrouver leur place dans les changements sociaux que nous vivons. Laïcité et démocratie vivent une cohabitation difficile en notre peuple.
Alain termine la rencontre en affirmant vivre harmonieusement ses engagements politiques et religieux dans les champs de compétence qui sont les siens ou qui s’offrent à lui.
vol. 129 no 2 • Septembre 2024