« Attendre Dieu », la dernière chronique d'une série de quatre dont Jacques Gauthier nous a fait cadeau. Après avoir traité de « chercher », « désirer », « demeurer », il est pertinent de parler de l'attente. Savoir accueillir Dieu quand Il vient et nous prend par surprise au milieu de nos activités. Apprendre à dire « me voici », comme Samuel.
Comment savoir si c’est Dieu que nous cherchons, plutôt que nos rêves et pensées ? N’est-ce pas en prenant conscience que Dieu est premier, qu’il nous précède et qu’il nous attend, qu’il se trouve à la source de notre être et de notre amour, qu’il se donne et que nous n’avons qu’à l’accueillir, qu’à le laisser faire ?
Nous cherchons et attendons Dieu en laissant le Père engendrer son Fils en nous et dans le réel de nos vies ; en méditant sa Parole au plus profond de notre esprit désencombré ; en n’arrêtant pas de servir les autres et de les aimer comme le Christ nous aime ; en unissant notre souffle au sien, libre de toutes tensions, pour dire Abba, et l’entendre nous répondre : « Tu es mon enfant bien-aimé, en toi je mets tout mon amour ».
Ce Dieu désiré que notre âme cherche, nous ne le trouvons pas dans le vide mais dans sa Parole. Dieu nous parle lorsque nous lisons les Écritures, nous lui répondons par notre prière. « Cherchez en lisant, et vous trouverez en méditant ; frappez en priant, et il vous sera ouvert par la contemplation. » (Catéchisme de l’Église catholique, no 2654)
Dieu est toujours celui qui vient où on ne l’attend pas. Il veut nous partager son intimité à l’intérieur même de nos maisons, au centre de notre âme : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3, 20)
ME VOICI
Lorsque le jeune Samuel couchait dans le temple, près de l’arche de Dieu où se trouvait sa parole, Dieu l’appelait. Il répondait : « Me voici » (1 S 3, 4). Si nous l’attendons, lui nous attend en premier. Nous l’écoutons, il nous parle à sa manière, surtout quand nous veillons dans une prière silencieuse. Nous n’avons souvent qu’à lui dire avec Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 9). Et si Dieu se fait attendre, notre désir grandit, et l’âme se dilate pour être encore plus capable de le recevoir.
Ce n’est peut-être pas tant Dieu qui est caché à notre regard mais nous au sien. Il croit et espère en nous avant que nous croyions et espérions en lui. Il nous a aimés le premier et nous crée sans cesse de son regard d’amour. Il fait les premiers pas avant que nous commencions à marcher. Nous nous tournons vers le seuil de son mystère, mais il est déjà tourné vers nous. Nous allons vers lui, mais il vient déjà vers nous. Son pas précède le nôtre. Il amorce en premier le rythme d’amour qui nous fait vivre de lui. Nous pensons le trouver, on se laisse plutôt chercher et trouver par lui.
Dieu est toujours celui qui vient où on ne l’attend pas. Il veut nous partager son intimité à l’intérieur même de nos maisons, au centre de notre âme : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3, 20)
Dieu se fait homme en se laissant voir dans un enfant qui prend racine dans une famille de Nazareth.
La liturgie du temps de Noël célèbre cette entrée de Dieu dans notre monde. Après l’avoir attendu et désiré durant le temps de l’avent, les chrétiens célèbrent l’Incarnation du Fils de Dieu en l’humanité et sa venue dans la vie quotidienne. Dieu se fait homme en se laissant voir dans un enfant qui prend racine dans une famille de Nazareth.
Nous allons au Père par la voie descendante de son Fils qui a « frayé le beau tournant / où tout au monde n’est que grâce », écrit Patrice de La Tour du Pin. Notre foi monte en descendant. Ce mouvement descendant de Dieu, au-delà de ce que le cœur humain aurait pu espérer ou imaginer, nous empêche de nous centrer sur nous-mêmes, ce qui mène toujours à une impasse.
Devant la kénose de ce Christ qui s’abaisse pour nous élever, frère François met l’humilité au-dessus de tout, plaçant dame pauvreté au centre de sa vie pour mieux suivre le Christ nu qui a soif de nos soifs.