Malala ! Son nom est maintenant connu de la planète. Elle, la jeune Pakistanaise, devenue une icône de la résistance, reçoit depuis 2011 de nombreuses distinctions récompensant son engagement : prix international des enfants pour la paix, prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes, prix Sakharov pour les Droits humains, nominée pour le prix Nobel de la paix 2013... Il y a quelque temps, l’hebdomadaire américain Time faisait figurer son nom dans la liste des cent personnalités les plus influentes du monde. Mais qui est cette jeune femme dont nous avons suivi le parcours du Pakistan au Royaume Uni le 15 octobre 2012 ?
« Plus tard, je serai une femme politique. Je veux changer l’avenir de mon pays et rendre l’éducation obligatoire »
Malala Yousafzai nait le 12 juillet 1997 dans une zone proche de l’influence des talibans. Son père Ziauddin est président d’une association de 500 écoles privées et il fait de l’éducation des filles le combat de sa vie. Le 9 octobre 2012, Malala revient de l’école et dans l’autobus, elle discute avec ses amies quand deux hommes bloquent la route. L’un d’eux entre en conversation avec le chauffeur tandis que l’autre monte dans le car et tire trois balles. Malala est grièvement blessée à la tête et deux de ses amies sont atteintes aux épaules. Elle est transférée en hélicoptère à l’hôpital militaire de la ville où les médecins retirent la balle qui a traversé son crâne sans toutefois toucher son cerveau. De là, à bord d’un avion médicalisé, elle est conduite à Birmingham en Angleterre, pour être traitée dans un hôpital spécialisé pour les soldats britanniques. Le 3 janvier 2013, elle quitte l’hôpital afin de poursuivre sa rééducation à domicile avant un éventuel retour pour une opération de reconstruction du crâne.
Une erreur sur la personne? Une jeune fille victime d’un tireur fou? Non! Malala dérange… Depuis qu’elle a neuf ans, elle dénonce dans son journal personnel transmis sur un blog de la BBC, les violences des talibans qui ont incendié les écoles de filles. Pour avoir confronté le pouvoir et avoir refusé de se taire, les talibans ont voulu la faire disparaître. D’ailleurs, l’attaque a été revendiquée par eux qui l’ont menacée si elle survivait. Son agresseur s’est enfui et l’organisateur de l’attaque serait aujourd’hui réfugié en Afghanistan. Effectivement, les prières et les supports sont venus de partout. « Pendant que j’étais dans le coma, affirmera-t-elle, je ne savais pas que le monde entier priait pour moi, pas seulement les musulmans, pas seulement les Pachtounes, mais tout le monde. Quand les gens disent qu’ils supportent Malala, ils disent qu’ils soutiennent ma cause : l’éducation des filles, l’éducation pour tous les enfants ».
À l’anniversaire de ses seize ans, elle a lancé un vibrant appel à l’ONU : « Les talibans pensaient qu’une balle pourrait nous réduire au silence mais ils ont échoué; du silence, sont sorties des milliers de voix. Aujourd’hui, ce n’est pas le jour de Malala, c’est le jour de toutes les femmes, de tous les hommes qui ont levé la voix pour défendre les droits des filles à l’éducation ». Ce même jour, Ban Ki-moon saluait l’héroïne par cette phrase : « Ce dont les terroristes ont le plus peur, c’est que les jeunes filles soient éduquées! 57 millions d’enfants n’ont pas la chance d’aller à l’école primaire. La plupart sont des filles et la moitié vivent dans des pays en conflit ». Aujourd’hui, Malala vit avec sa famille en Angleterre. Elle a repris ses études et veut consacrer sa vie à ce combat. « Plus tard, je serai une femme politique. Je veux changer l’avenir de mon pays et rendre l’éducation obligatoire ».
Malala était une voix isolée dans le désert. Aujourd’hui, sa voix nous a amenés à réaliser qu’il pouvait y avoir des alternatives et une résistance à toutes formes de tyrannie. La tentative de faire taire cette voix ne fera que l’amplifier et lui faire écho.