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CHERCHER DIEU

QUÊTE SPIRITUELLE

Un petit garçon jouait à cache-cache avec son ami. Il trouva une bonne cachette et attendit que son camarade l’y découvre. Après un long moment d’attente, il sortit de sa cachette. Il s’aperçut que l’autre ne l’avait pas cherché, qu’il l’avait laissé là sans rien dire. Le petit garçon pleura d’avoir ainsi été floué, lui qui était si bien caché. Il alla se plaindre à son grand-père juif, qui lui dit avec émotion : « C’est exactement aussi ce que dit Dieu, « Je me cache, et personne ne veut me chercher ».
Oui, il y a une joie à chercher Dieu, mais plus grande est cette joie lorsqu’on se laisse chercher par lui.

Dieu reste toujours le cherché, le désiré, l’attendu. Il nous a créés pour qu’on le cherche, comme l’affirme saint Paul aux citoyens d’Athènes : « Il les a faits pour qu’ils cherchent Dieu et qu’ils essayent d’entrer en contact avec lui et de le trouver, lui qui, en vérité, n’est pas loin de chacun de nous. » (Ac 17, 27) Nous sommes toujours des apprentis dans cette quête divine qui est aussi une quête de soi. Nous allons de questions en questions qui avivent notre désir et relancent notre espérance. C’est dans ce désir de chercher Dieu que nous existons vraiment et que nous nous révélons à nous-mêmes.

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Dieu se cache juste assez pour qu’on le cherche partout, surtout en soi et à travers les autres. Il se révèle progressivement en laissant la place aux médiations : l’Univers, les créatures, l’histoire, les sacrements… Chercher Dieu est l’ultime quête et peut-être notre plus grand bien, notre joie durable, comme le chante le psalmiste : « Qui cherche le Seigneur ne manquera d'aucun bien » (Ps 33 (34), 11); « Tu seras l’allégresse et la joie de tous ceux qui te cherchent » (Ps 69 (70), 5); « Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu » (Ps 104 (105), 3).

Oui, il y a une joie à chercher Dieu, mais plus grande est cette joie lorsqu’on se laisse chercher par lui. Il met en nous les dispositions du cœur et les attitudes de l’esprit qui font qu’on le cherche et qu’on l’attende. Il se fait même trouver par celui qui ne le cherche pas, il se laisse découvrir par qui il veut. Il n’y a pas d’espace qui soit vide de Dieu, pas de temps perdu que son amour ne féconde, même le temps du repos. « Dieu comble son bien-aimé quand il dort. » (Ps 126 (127), 2) Il nous cherche et nous attend jour et nuit, sans jamais forcer notre liberté, puisque nous sommes ses enfants et ses amis.

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François était insatisfait de sa vie frivole à Assise. Une blessure à la guerre lui permit d’écouter son angoisse, de prendre conscience de son vide spirituel. Ce fut le début d’une intense introspection qui le mena à la conversion, passant de la tristesse à la joie parfaite. Il chercha Dieu en se laissant chercher par son Christ pauvre. On connaît la suite.


Pascal s’étonnait dans ses Pensées de voir dans le cœur humain une sensibilité pour les petites choses et une étrange insensibilité pour les plus grandes comme le salut de l’âme, l’éternité, Dieu. Pour lui, il n’y avait que trois sortes de personnes, que nous retrouvons encore de nos jours : « Les uns qui servent Dieu, l’ayant trouvé; les autres qui s’emploient à le chercher, ne l’ayant pas trouvé; les autres qui vivent sans le chercher ni l’avoir trouvé. Les premiers sont raisonnables et heureux, les derniers sont fous et malheureux, ceux du milieu sont malheureux et raisonnables ». (2)

NOTES

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1. Martin Buber, Récits hassidiques, Éditions du Rocher, 1978, p. 158.

2. Blaise Pascal, Pensées, #257, Paris, Le livre de poche, 1974, p. 128.

Pour aller plus loin

Dieu caché (Parole et Silence)
Site Web de Jacques Gauthier : 
www.jacquesgauthier.com

vol. 122, no 1 • 15 mars 2017

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