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UN DIEU PROCHE QUI SE RÉVÈLE À TRAVERS DES VISITES AUX MALADES

ANDRÉ DUPRÉ, directeur du SASMAD

« La proximité d’un Christ miséricordieux qui se révèle à nous à travers un regard pénétrant porté sur les êtres blessés et souffrants. »  Le  regard évangélique consiste à voir la personne non pas comme un corps malade, mais comme un être humain qui vit une étape difficile et qui possède en lui une source profonde : sa foi.

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« J’étais malade et vous m’avez visité »
(Mt 25,36)

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Il existe depuis plus de 30 ans, dans l’Archidiocèse de Montréal, un Service d’Accompagnement Spirituel pour les personnes Malades et Âgées qui vivent à Domicile, le « SASMAD »[1]. On doit l’existence de cet organisme, à l’effort soutenu d’une religieuse hospitalière de St-Joseph : Sr Madeleine St-Michel, rhsj, fondatrice du SASMAD.

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Ce Service annonce la proximité d’un Christ miséricordieux qui se révèle à nous à travers un regard pénétrant porté sur les êtres blessés et souffrants. Ce regard pénétrant, nos bénévoles accompagnateurs et accompagnatrices l’adoptent car, comme celui de Jésus, il remet debout.

MISSION

« J’étais malade et vous m’avez visité » (Mt 25,36) nous arrime à la charité évangélique : être témoin de la présence de Dieu par une présence aimante qui Lui permet de se faire proche. C’est du lieu même de sa vulnérabilité, où la personne bénévole a rencontré le Dieu de tendresse et de miséricorde, qu’elle puise dans sa propre foi pour aller vers l’autre.

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L’essentiel de la mission : une écoute basée sur le non-jugement, sans attente, nourrie par l’espérance qui habite la personne bénévole, la foi en la vie de la personne visitée et en l’amour inconditionnel de Dieu. Ces dispositions deviennent un tremplin à l’action du Christ.

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SITUATIONS

Chez la majorité des bénéficiaires rencontrés par les bénévoles SASMAD, la foi que l’on détecte n’est pas toujours nommée comme tel. La condition de santé physique et morale place souvent les personnes dans un état de rupture sinon avec Dieu, tout au moins avec un lien d’appartenance communautaire. Ils vivent souvent un sentiment d’isolement, d’esseulement allant jusqu’à se sentir abandonnés par Dieu.

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Par notre mission de « Visitation », ces personnes expérimentent l’amour gratuit de Dieu qui les rejoint dans leur faiblesse, dans un retrait intérieur bien involontaire.

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Chez certains, cette période difficile les amène à se mettre debout et à chercher des nouveaux moyens de retrouver cette relation qu’ils avaient avec Dieu. Par exemple, les personnes demandent de recevoir la communion à domicile ou souhaitent rencontrer un pasteur. En arrimage avec les services paroissiaux, le soutien religieux sera possible et répondra à un besoin spirituel. Pour d’autres, une majorité de nos demandes, ils expriment tout simplement un désir d’être visités. Pour ceux-là, c’est au cours de l’accompagnement que s’éveillera l’aspect religieux de leur demande.

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C’est dans ce cheminement de rencontre fraternelle que l’accompagnateur et l’accompagnatrice du SASMAD peut préparer ce mouvement  silencieux et discret de mort-résurrection qui s’opère dans le temps, au rythme de la personne accompagnée et du travail de l’Esprit en elle : fruits d’un amour  à la manière de Jésus, sans attente, sans jugement, avec patience et espérance. Cette mission, enracinée dans la croyance du bénévole que « rien n’est impossible à Dieu », mène la plupart du temps à une relation de confiance créant une ouverture pour un changement  de regard sur Dieu. Dans un dialogue avec Celui qui se révélera le Miséricordieux qui, loin de lui envoyer une épreuve, lui offre le pardon et la venue de l’Esprit Consolateur promis par Jésus. De cette conversion naîtra une union et une communion avec le Christ.

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Briser l’isolement une visite à la fois.

TRANSFORMATIONS

Que le bénéficiaire soit croyant ou non, la mission du bénévole SASMAD est essentiellement de témoigner à la personne visitée qu’elle a du prix dans le cœur de Dieu. Cette attitude enracinée profondément dans le cœur du bénévole et conjugué à sa foi, font jaillir un élan fraternel au service de sa communauté. Dès lors, ces conditions pourront créer un espace et un temps propices à l’action de l’Esprit Saint sur qui repose l’initiative de cette « conversion ». C’est pourquoi nous demandons à nos accompagnateurs et accompagnatrices de se laisser habiter intérieurement par la personne visitée ou de prier simplement pour elle.

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Par sa qualité de présence et sa formation à l’écoute, le bénévole SASMAD saura reconnaître le geste ajusté, la parole appropriée qui correspondent au besoin spirituel de la personne visitée, attitudes qui l’aideront à devenir consciente de transformations profondes chez elle. Nous pensons à cette femme alitée depuis des mois, qui a trouvé l’élan pour se lever, s’habiller et sortir son matériel de bricolage pour fabriquer des poupées en laine. « J’ai encore très mal, dit-elle, mais on dirait que j’ai plus de force. » À la coordonnatrice du SASMAD, elle confiera : « Tu peux dire que l’Esprit-Saint t’a guidée dans le choix de la meilleure personne pour m’accompagner. »

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Bien souvent, le premier réflexe du bénéficiaire est de solliciter des prières à nos bénévoles. On voit là, une ouverture à parler de sa foi. À cette étape, l’accompagnateur et l’accompagnatrice deviennent un guide qui aide la personne à identifier à qui s’adressent les prières et quel sens elles prennent dans son expérience. Tout comme avec la bénévole, un dialogue confiant se déroule avec un Dieu qu’elle perçoit autrement : Celui qui aime gratuitement, vers lequel elle peut crier, se plaindre, remercier ou trouver la Paix.

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Parfois, on reconnaît la Consolation qui s’installe. On en constate des effets profonds : une joie, une paix renaissent en la personne et créent une ouverture à l’autre, à l’Autre. L’être humain accompagné va créer des liens plus chaleureux avec la bénévole qui la visite, les préposés ou les autres intervenants des services de santé. C’est comme si la personne retrouvait sa capacité de s’émerveiller et de rendre grâce. Petit à petit, tout en demeurant consciente de sa vulnérabilité, la personne accompagnée apprécie et reconnaît ces petites choses bonnes pour elles. Ne peut-on pas reconnaître le signe de l’Esprit à l’œuvre au plus profond des racines de sa foi ?

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L’accompagnement spirituel.

CONCLUSIONS

Notre regard évangélique consiste à voir la personne non pas comme un corps malade, une victime de ses émotions ou encore un individu de mauvaise volonté, mais bien plutôt comme un être humain qui vit une étape difficile et qui possède en lui une source profonde : sa foi où réside sa force morale, spirituelle, je dirais même sa force de vie. Cependant, reconnaissons que durant ce passage éprouvant et pour un temps, il soit difficile, parfois même impossible pour cette personne de revenir à cet espace profond en elle et de s’en nourrir. C’est pour cela, que l’espérance et la foi des bénévoles dans les ressources de l’individu visité sont si importantes. Durant toute cette étape de vie, ce dont l’être humain visité a besoin, c’est d’un accueil sans jugement, d’une écoute respectueuse, d’une foi en elle-même et en Dieu, dans l’espérance qui lui permettra d’avancer sur son chemin de vie, de faire face à l’épreuve et parfois, de se préparer à l’ultime rencontre avec Celui qu’elle perçoit avec confiance.

NOTE

[1] v : www. https://microsites.diocesemontreal.org/microsites/sasmad/accompagnement.spirituel/

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© Photos tirées du site web du SASMAD.

vol. 128, no 2 • Décembre 2023

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