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Dans ce monde actuel qui favorise l’individualisme et l’égoïsme, nous les chrétiens, à la suite de Jésus, avons le devoir de proposer à toute l’humanité des alternatives qui respectent et donnent la vie. 

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« Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

Jn 11, 25-26

Depuis le début d’octobre dernier, une terrible guerre se joue entre israéliens et palestiniens. Ces peuples de croyants, bien que de confessions différentes, se réclament tous deux d’Abraham. Juifs et musulmans ont un père commun et professent la même foi en un Dieu unique. D’après le récit de la Genèse, Dieu avait promis à Abraham une descendance et une terre. Maintenant, et depuis ce temps de la promesse, la descendance d’Abraham se bat pour cette terre. Et par-dessus tout, on les entend dire qu’ils se battent au nom du Dieu en qui ils croient. On retrouve cette conviction au psaume 117 comme un cri de victoire qui sort de leur bouche : Au nom du Seigneur, je les détruits ? Ou encore après un attentat, les auteurs crient : Allah akbar (Dieu est le plus grand). Comment alors peut-on croire en Dieu dans un tel contexte meurtrier ?

 

Bientôt deux ans que deux autres peuples se font la guerre : La Russie et l’Ukraine. Pourtant, ce sont deux peuples chrétiens. Ils entendent la même Parole de Dieu, célèbrent les mêmes sacrements, partagent la même eucharistie.

 

Qu’il est difficile de croire en un Dieu d’amour quand ses enfants qui partagent la même foi se détestent au point de vouloir s’anéantir. C’est l’histoire de Caïn et Abel qui se perpétue. C’est Jacob qui vole le droit d’aînesse de son frère avec la complicité de leur mère. Nos chefs d’états et gouvernants ne jouent-ils pas le même rôle que cette mère en développant des complicités mensongères ? Ces puissants favorisent d’abord l’argent, le pouvoir et l’armement avant de reconnaître et de défendre la dignité de toute personne humaine.

 

Qu’il est difficile de croire quand les actes ne confirment pas le discours. Saint Jean lui-même était conscient de cette grande difficulté d’harmoniser paroles et actions. On lit dans sa lettre : n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. (1Jn 3, 18)

 

On se fait souvent poser cette question : En tant que chrétien en quoi crois-tu? Impossible de répondre à cette question telle que formulée. Nous ne croyons pas en quelque chose mais en Quelqu’un, le Christ.

 

Le dialogue entre Marthe et Jésus au moment du décès de son ami Lazare, frère de Marthe et de Marie, est éclairant à cet égard. L’une et l’autre viennent à la rencontre de Jésus. Première réaction, celle d’un doute : Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Puis, on chemine vers la foi : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11, 25-26)

RECHERCHER LES SIGNES DE VIE

Ce récit m’inspire que « croire quand même » c’est se mettre à la recherche des signes de vie au cœur même de ce qui apparaît être la mort. Et actuellement, dans nos vies comme dans notre monde, des traces de morts nous envahissent de toutes parts : guerres, exploitations, corruptions, pertes d’emplois, atteintes à la dignité humaine, familles brisées, montée de la violence, dépendances multiples, accroissement de la pauvreté, etc. On ne peut fermer les yeux sur cette réalité. Mais comment cette réalité nous appelle-t-elle à croire vraiment ? « Je suis la résurrection et la Vie, dit Jésus, quiconque croit en moi, vivra éternellement. Crois-tu cela ? »

 

Ce monde des ténèbres, Jésus l’a connu. Il y est entré en profondeur. Malgré tout il l’a aimé, parce qu’il y croit quand même, il l’a sauvé. Croire en l’humain, croire qu’il est capable de conversion, de solidarité et de fraternité, c’est croire en ce Fils de Dieu, le Vivant, Lumière venue dans les ténèbres.

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LA FRATERNITÉ

Dans ce monde actuel qui favorise l’individualisme et l’égoïsme, nous les chrétiens, à la suite de Jésus, avons le devoir de proposer à toute l’humanité des alternatives qui respectent et donnent la vie. D’abord, reconnaître que l’être humain est, comme dit le Sage : une image de Sa propre identité (Sag. 2, 23), image de sa divinité. Reconnaître dans l’autre (frère/sœur) le visage de l’Autre (Dieu). Changer notre regard sur l’autre, le voir tel que Dieu le voit, favorise la résurgence de la dignité humaine.

 

Dans Fratelli tutti, le pape François développe cette idée de l’identité chrétienne que les disciples du Christ ont à proposer à l’humanité entière. « Vous êtes tous frères » dit Jésus (Mt 23, 8). Et nous savons combien cet appel à la fraternité a résonné dans le cœur de François et de Claire d’Assise, appel à la fraternité entre les humains et avec la création, reflet de la beauté de Dieu.

  

Nous, chrétiens, écrit le pape François, nous ne pouvons pas cacher que « si la musique de l’Évangile cesse de vibrer dans nos entrailles, nous aurons perdu la joie qui jaillit de la compassion, la tendresse qui naît de la confiance, la capacité de la réconciliation qui trouve sa source dans le fait de se savoir toujours pardonnés et envoyés. Si la musique de l’Évangile cesse de retentir dans nos maisons, sur nos places, sur nos lieux de travail, dans la politique et dans l’économie, nous aurons éteint la mélodie qui nous pousse à lutter pour la dignité de tout homme et de toute femme ». D’autres s’abreuvent à d’autres sources. Pour nous, cette source de dignité humaine et de fraternité se trouve dans l’Évangile de Jésus-Christ. » (Pape François, Fratelli tutti, 277)

 

Ces réflexions pertinentes du pape François me semblent faire écho à ce que l’évangéliste Jean fait dire à Jésus : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13, 35). Jésus qui a semé la Vie et l’espérance d’un monde nouveau, nous rend responsables de poursuivre son œuvre tel que lui-même en a tracé le chemin. Il semble évident que, malgré toutes les horreurs dont certains humains sont capables, d’autres, grâce au témoignage de l’Amour fraternel des disciples du Christ, pourront croire quand même. Ils goûteront à cette joie de croire parce que « la mélodie de l’Évangile » continuera à se faire entendre.

vol. 128, no 2 • Décembre 2023

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