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VERS UNE ÉGLISE SYNODALE

LUC BENOÎT, COMMUNICATIONS DIOCÈSE DE SAINT-HYACINTHE

On considère le synode comme une opportunité, une chance à saisir plutôt que comme « une affaire de plus » ou « un fardeau à porter ». Toutes ces initiatives locales trahissent un immense amour de l’Église du Christ et un désir profond de la voir grandir et s’adapter, quelque six décennies après Vatican II, au monde de ce temps.

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Celles et ceux qui ont marché un des chemins de Compostelle vous le diront : «â€¯Ce n’est pas nous qui faisons le chemin, c’est le chemin qui nous fait! » Ainsi en est-il du chemin synodal que nous amorçons : si nous nous y engageons ensemble, guidés par l’Esprit, c’est lui, le chemin synodal, qui renouvellera l’Église de l’intérieur.

«â€¯Le chemin de la synodalité est celui que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire » a dit le pape François, le 17 octobre 2015. À son invitation, l’Église universelle est aujourd’hui entrée dans un moment inusité de son histoire bimillénaire : un synode sur la synodalité. Sa particularité est qu'il est décentralisé. Tout partira des Églises locales : un « synode inversé » en quelque sorte, qui culminera à Rome en octobre 2023 avec la XVIe assemblée ordinaire du Synode des évêques.

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DU PRINTEMPS DANS L’AIR !       

La réponse à l’invitation du Pape ne s’est pas fait attendre. La pandémie n’a pas refroidi les ardeurs. Sur tous les continents, depuis octobre dernier, les diocèses emboitent le pas avec énergie, enthousiasme et réalisme. Il nous suffit de naviguer sur les sites Web diocésains, d’ici et d’ailleurs, ou encore de feuilleter les revues de presse spécialisées pour réaliser l’ampleur de la mobilisation et de l’investissement spirituel et humain. On considère le synode comme une opportunité, une chance à saisir plutôt que comme « une affaire de plus » ou « un fardeau à porter ». Toutes ces initiatives locales trahissent un immense amour de l’Église du Christ et un désir profond de la voir grandir et s’adapter, quelque six décennies après Vatican II, au monde de ce temps.

 

« Synode » : un mot à la fois vaguement familier et relativement nouveau pour nous dans notre jargon ecclésial. Toutefois, la réalité qu’il décrit, elle, est aussi vieille que l’Église. D’origine grecque, le mot synode est composé de la préposition « avec » et du substantif « chemin ». Concrètement, en bon français d’aujourd’hui, on pourrait le traduire par « Marcher ensemble ».  Les mots « synodalité » et « synodal » quant à eux, dérivent tous les deux du mot « synode » et ne sont apparus que depuis le dernier concile. Ces deux mots font ressortir la vraie nature de l'Église, son caractère « pèlerin ». Le verbe « synoder », lui, n’existe tout simplement pas. Dommage!

 

La synodalité se trouve au cœur de l’élan de renouveau promu par Vatican II. Marcher ensemble est « le chemin constitutif de l’Église » selon le Pape. Quand nous cheminons ensemble, quand nous nous rassemblons et que nous prenons une part active à la mission d’évangélisation, nous vivons, parfois même sans trop le savoir, la synodalité. Celle-ci ne désigne pas une méthode de fonctionnement, une façon de faire, un mode l’emploi. La synodalité est « la forme particulière sous laquelle vit et opère l’Église »[1].

LA QUESTION DE FOND

Une Église synodale est une Église qui fait « route ensemble ». Comment vit-on cette réalité aujourd'hui dans notre diocèse? Quels pas en avant l'Esprit nous appelle-t-il à faire ? Dix thèmes nous sont proposés pour baliser notre parcours synodal diocésain. Aller trop vite aux dix thèmes pourrait toutefois nous faire escamoter la question fondamentale : comment se réalise aujourd’hui ce « marcher ensemble » et quels pas de plus nous inspire l’Esprit pour grandir comme Église synodale ? Ce questionnement fonde tout le reste. Trois étapes sont suggérées : raconter nos expériences d’Église, les relire à la lumière de la Parole de Dieu et en recueillir les fruits. Le discernement arrive à la troisième de ces étapes. 

 

On peut choisir localement d’approfondir seulement quelques-uns des thèmes proposés. Certains semblent plus «inspirants» que d’autres. On veillera à ce que le climat d’une rencontre n’en soit pas un de parlementarisme ou de revendication. On est sur l’expérience, pas sur la discussion d’un thème. Le silence, la prière, le dialogue spirituel, l’écoute des autres et de la Parole de Dieu sont garants du succès d’une rencontre synodale. 

« DE QUOI DISCUTEZ-VOUS EN MARCHANT? » (Lc 24, 17)

Comment vit-on un synode décentralisé ? À la manière des disciples d'Emmaüs, en mettant simplement en commun nos rêves et nos déceptions et en se mettant à l'écoute de la personne et du message du Seigneur. Avec cette vaste consultation, l’Église nous invite à faire une expérience d’écoute et de discernement, une expérience qui nous concerne et qui peut nous travailler et nous changer, une expérience de participation et de coresponsabilité. Il ne s’agit pas de s’entendre sur une liste de « ce qu’il faudrait faire ». La particularité de ce synode-ci, par rapport à ceux qui l’ont précédé, est que l’objet même du synode est sa méthode. La fin et le moyen se conjuguent. Se former à marcher ensemble par l’écoute et le discernement représente l’expérience à vivre. En vivant le processus, l’expérience va nous convertir et transformer les personnes qui y adhérent. Il ne s’agit donc pas de vivre une expérience temporaire mais de vivre une expérience synodale à long terme. Voyons ce synode comme un entrainement pour développer le mode de vie ecclésiale du 3e millénaire. 

 

Parmi les pièges qui nous guettent sur notre chemin, il y a celui de considérer le synode comme une simple consultation sur des éléments extérieurs à nous du type « Que pensez-vous de… ? » Immanquablement, cette approche biaisée nous empêche de passer à un autre niveau et de vivre une expérience commune d’écoute et de discernement, une expérience qui va nous toucher et engendrer une nouvelle manière de voir les choses. Cette expérience sera d’autant plus fructueuse si on prend soin d’y associer des personnes du monde extérieur, qui ne voient pas les choses comme nous. Si on ne rassemble que des gens qui pensent comme nous, aussi bien faire le synode chez nous, seuls devant un miroir! « Synodons ouverts s.v.p. » titre un article sur le portail catholique suisse cath.ch.

FORGER UNE MENTALITÉ SYNODALE

Ce qui est visé à terme n’est pas la production de documents mais le renouvellement de l’Église par la mise en œuvre de mécanismes de dialogue, d’écoute et de discernement. Ce qui est visé n’est pas le renouvellement des structures mais le renouvellement des mentalités. Le processus synodal va naturellement aussi toucher aux structures ecclésiales, extérieures à nous, mais là n’est pas la cible première. La capacité d’écoute est fondamentale pour le succès de cette conversion. Parcours authentique vers la communion, le synode met en marche des personnes vers quelque chose. La synodalité est à découvrir comme style de vie et non comme évènement ponctuel. La synodalité est la nature même de l’Église, sa manière d’être, sa façon de vivre. Le fait de marcher ensemble est un signe prophétique pour le monde. Mettons-nous à l’écoute les uns des autres, toutes et tous à l’écoute de l’Esprit Saint. Laissons l’Esprit Saint forger en nous une mentalité synodale. Synodons ouverts !

1.     La synodalité dans la vie et dans la mission de l'Église, Commission théologique internationale, 2018, no 42.

vol. 127, no 1 • Mars 2022

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