AU CŒUR DES MOTS
LA PRIÈRE CHRÉTIENNE : GUIDE PRATIQUE de JACQUES GAUTHIER
RECENSION D’ÉTIENNE GODARD
Jaques Gauthier nous propose un guide pratique de la prière chrétienne. Comme il le dit dans son introduction, cet ouvrage est un abrégé des cinq livres qu’il avait publiés dans la collection Les chemins de la prière aux Presses de la Renaissance.
SE METTRE EN PRÉSENCE
La prière est une invitation à une rencontre nous explique-t-il. Une invitation à tisser des liens. Se faire proche comme Dieu a voulu se faire proche par la présence de Jésus. À la question, qu’est-ce que prier, l’auteur répond que c’est se mettre en présence, la prière « c’est le lieu de rendez-vous avec soi-même et avec Dieu […] un moyen de devenir ce que nous sommes, des êtres profondément humains et spirituels. »
Le livre peut être parcouru comme un ouvrage de terrain. Chacun des sept chapitres comporte une proposition d’exercices pratiques et se termine par une prière. Le mot désir revient souvent dans le vocabulaire de l’auteur. Cette invitation à la prière est chargée d’humilité, de respect de nos parcours individuels. Il s’adresse aux lecteurs en utilisant la deuxième personne du singulier. À la question, comment prier ? Il répond : « […] tu pries à partir de ce que tu es […], tes joies et tes tristesses, avec ton histoire et ton expérience de vie. » Et pourquoi ? Parce que « la prière nous rend plus vrais, plus humbles et plus accueillants. »
« J’ai compris que ce n’est pas la position du corps qui est centrale, mais l’attitude intérieure qu’elle suscite, comme l’intention d’être en présence de Dieu […]. »
Jacques Gauthier, La prière chrétienne. Guide pratique, page 172.
PRIER AVEC SON CORPS
Il nous met sur le chemin enseigné par Jésus. Son corps remplace l’ancien temple, écrit-il. « Son corps et notre corps sont devenus les lieux du don ». Le corps est partie prenante dans la prière. Il évoque des participations diverses du corps dans la prière : prier debout, prier à genoux, prier assis... Toujours, il insiste pour garder l’humilité, en citant Matthieu (6,5) « Quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle […]. » Il parle du souffle et de l’importance de la respiration dans la présence du corps. Il mentionne aussi le jeûne, qui peut nous rendre attentifs à une autre soif. « Il n’y pas de vie de prière en dehors du corps. [Il] nous aide à être présent à Dieu […] ».
« C’est à un monde en quête de joie que le Seigneur nous envoie apporter son espérance. À nous de tenir maison ouverte et table ouverte, de semer le bon grain dans le champ du monde par nos paroles et nos engagements. »
Jacques Gauthier, La prière chrétienne. Guide pratique, page 173.
LA LITURGIE
Dans les cinquième et sixième chapitres, l’auteur élargit son propos au rassemblement de l’ecclésia. « Jésus est là lorsque tu pries avec d’autres : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Matthieu 18,20). »
La liturgie rassemble des chrétiens dans une assemblée pour marquer le passage du calendrier chrétien, tant par la célébration dominicale que par les fêtes et le rythme de passage de la vie, du baptême aux funérailles. L’assemblée est un lieu d’accueil, de partage. Cette assemblée réunie exprime le Corps du Christ. La liturgie fait appel à l’ensemble du corps : la gestuelle, les symboles, les déplacements, l’iconographie, la musique, les chants. « La liturgie est une expérience qui passe par les sens, qui se vit dans une assemblée ». Gauthier utilise une expression lumineuse, sanctifier le temps. Les rencontres liturgiques auxquelles sont appelés à se rassembler les chrétiens nourrissent l’assemblée aussi bien à la table de la parole qu’à la table de l’eucharistie, la table du Pain, écrit l’auteur.
LA FAMILLE
Après le passage accordé à la prière communautaire, Jacques Gauthier nous plonge de nouveau dans l’intimité. Cette fois-ci, celle du couple et de la famille. Il faut lancer « l’appel à l’intériorité » et « donner le goût de vivre aux enfants, à ce qu’ils font et à ce qu’ils sont, c’est leur donner le goût de Jésus qui est venu « pour que les hommes aient le vie, pour qu’ils l’aient en abondance » (Jean 10,10).
Pour conclure, j’aimerais laisser la parole à l’auteur, qui exprime ici toute sa sensibilité et son ouverture. « Je prie comme je suis, simplement, avec des mots ou en silence. Je prie au centre du cœur, comme on revient à la source. Je prie sans rien faire, goûtant le suc de cet instant qui ne reviendra plus de cette manière. Je prie avec le temps qui s’en va, me souvenant du Nom qui loge en moi. »