top of page

LES FRANCISCAINS AU QUÉBEC ET AU CANADA

HISTOIRE FRANCISCAINE D'ICI

III – Évolution accélérée et déclin… (suite 2) : 1960-2015
Nul doute que les livres et les nombreux articles de ces savants confrères ont contribué à fortifier la foi de leurs confrères, à leur faire mieux comprendre le sens de leur vie religieuse, et surtout à leur faire mieux percevoir l’idéal de saint François d’Assise, tel qu’on peut tenter de le vivre aujourd’hui…

De l’année 1985 à l’an 2000, la situation de la Province St-Joseph a rapidement changé. Le nombre des religieux a passé de 250 à 145 environ, par suite de nombreux décès, et malgré l’arrivée de plusieurs recrues de grande qualité. La moyenne d’âge dépasse maintenant les 70 ans… Le service de plusieurs paroisses a donc dû – faute de personnel – être discontinué. C’est le cas à Port-Colborne et à Niagara Falls en Ontario, à Aroostook, Maliseet et Baker Brook au Nouveau-Brunwick, à Québec (Notre-Dame-de-Pitié), Châteauguay et Brownsburg. Seules la paroisse de Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, à Trois-Rivières, celle de Our Lady of Perpetual Help à Châteauguay et la paroisse du Sacré-Cœur de Welland, en Ontario, restent desservies par les Franciscains. La Province St-Joseph a aussi dû, à regret, fermer les couvents de Québec, Lennoxville et Ottawa, gardant seulement ceux de Trois-Rivières, Sorel, Lachute et Montréal (St-Joseph et La Résurrection). Ajoutons que la Province St-Joseph, qui a fourni à l’Église environ 175 missionnaires, n’en compte plus que 2 au Japon, 2 en Terre-Sainte, 3 en Afrique et 7 ou 8 au Pérou.

​

De 1920 à 1960, les Franciscains du Canada avaient produit plusieurs chercheurs, historiens et écrivains de grand talent, tels les PP. Hugolin Lemay, Éphrem Longpré, Victorin Doucet, Archange Godbout, Paul-Eugène Trudel, Égide-M. Roy et Romain Légaré. De 1960 jusqu’à aujourd’hui, la liste est tout aussi impressionnante. On pense d’abord au P. Thaddée Matura – dont la carrière comme celle du P. Longpré se déroule surtout en Europe. Il publie une quinzaine de volumes, presque tous traduits en plusieurs langues, et près d’une centaine d’articles sur la vie religieuse et la spiritualité franciscaine. Le P. David Flood, pour sa part, est reconnu comme un spécialiste des origines franciscaines et l’éditeur de plusieurs manuscrits du franciscain Pierre-Jean Olivi (1248-1298). Quant à Richard Bergeron, sa bibliographie compte une centaine d’articles, en plus de plusieurs livres importants comme Obéissance de Jésus et Vérité de l’homme, et Le Cortège des fous de Dieu. Le P. Laurent Boisvert, grand spécialiste de la vie religieuse, a publié sur le sujet pas moins de 15 volumes, en plus d’être directeur pendant 28 ans de la revue La Vie des Communautés religieuses, signant ici et là plus de 80 articles. Pierre Brunette et Laurent Gallant ont aussi produit des recherches très fouillées sur les Écrits de François d’Assise, alors que Paul Lachance se spécialisait sur les écrits concernant la Bse Angèle de Foligno. Finalement, le P. René Bacon a rédigé en grande partie et édité le volumineux Dictionnaire biographique des Récollets missionnaires en Nouvelle-France, dont l’initiative - et la documentation - revient au P. Odoric-M. Jouve, lequel vécut au Québec de 1896 à 1920.

​

Nul doute que les livres et les nombreux articles de ces savants confrères ont contribué à fortifier la foi de leurs confrères, à leur faire mieux comprendre le sens de leur vie religieuse, et surtout à leur faire mieux percevoir l’idéal de saint François d’Assise, tel qu’on peut tenter de le vivre aujourd’hui…

​

Cependant, les années passent, la société tout autour se sécularise en ce début de XXIe siècle. Les candidats à la vie religieuse, chez les Franciscains comme ailleurs, se font rare. Les anciens avancent en âge. En 2015, la Province St-Joseph ne compte plus que 67 religieux dont la moyenne d’âge tourne autour de 80 ans. Parmi eux, deux sont missionnaires en Afrique et deux, au Pérou. Un seul vit en Europe, à 92 ans, et deux autres aux Etats-Unis, dépassant les 80 ans. Les autres s’activent, souvent avec grand succès, au couvent de Lachute et à celui de Parc Extension (Mtl). Huit ou neuf frères rayonnent à Trois-Rivières autour du Centre Frédéric-Janssoone, chargé de promouvoir la dévotion au Bx Père Frédéric. Tous les autres franciscains sont regroupés à Rosemont (Mtl), soit à l’Infirmerie des Franciscains, soit au Couvent de la Résurrection, où se trouve aussi l’Administration provinciale. Ajoutons que, ces dernières années, pour pallier au vieillissement général, quatre franciscains jeunes et prometteurs ont accepté de venir prêter main-forte à la Province St-Joseph ; l’un vient de la Pologne, deux de la Corée, et un dernier du Mexique.

​

Lors du Chapitre provincial de 2014, le Ministre provincial, dans son Rapport, disait voir sa communauté comme « une fraternité vivante et généreuse, mais essoufflée et en profonde mutation ». Puis, tout en lui donnant « quelques lignes d’action communes et réalistes », il l’invitait à faire les renoncements nécessaires et à choisir l’essentiel », le Christ Jésus, notre Espérance. Saint François d’Assise, peu avant sa mort en 1226, exhortait aussi ses frères : « Ne gardez de vous rien de vous, disait-il, afin que vous reçoive tout entier[dans sa communion] Celui qui se donne à vous tout entier »…

vol. 120, no 4 • 15 octobre 2015

bottom of page