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HÉRITER D'UNE RELIGION OU CHOISIR UNE SPIRITUALITÉ

LA SPIRITUALITÉ PREND-ELLE LE RELAIS DE LA RELIGION ?

La lenteur à venir du renouveau au sein de l’Église finit par décourager tous ceux qui cherchent. Le développement de spiritualités multiples et si diversifiées, en dehors de tout cadre religieux, peut être une quête authentique et innovante ; peut être aussi une fuite.
Entrer en soi, poursuivre la voie de l’intériorité, trouver ses racines au fond de notre propre tradition religieuse, c’est un chemin d’espérance.
« ...il y aurait autant de spiritualité qu’il y a d’individus, croyants ou non-croyants, chacun cherchant sa “boussole de vie”, sa place dans cet univers aux valeurs multiples. »

La pratique de la religion, spécialement catholique, a drastiquement diminué au Québec au cours des dernières décennies. D’après certaines statistiques, elle se situerait aussi bas que 5 %. Ça devient évident, lorsqu’on pénètre dans l’une ou l’autre de nos églises, de constater l’ampleur du « dégât » , voir que les jeunes y sont très peu présents et que les têtes blanches sont presque devenues la couleur des bancs… épuisées !

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Il faut également mentionner que les nombreuses fermetures et ventes d’églises, surtout à Montréal, adossées au vieillissement de la population et de son clergé, n’ont pas favorisé la participation des quelques « fidèles » restant aux services religieux, ceux-ci se sentant très souvent abandonnés, orphelins de leur communauté trop vite disparue. De sorte que l’on peut prédire, dans un avenir plus ou moins rapproché, que Montréal, « ville aux cent clochers » pourrait bien devenir « ville aux cent… mosquées » !

RENOUVEAU LENT À VENIR

On se rend compte, cependant, qu’un grand nombre de catholiques n’ont pas attendu que les églises disparaissent pour la quitter définitivement. Malgré le concile Vatican II, le renouveau spirituel de notre Église pour ne pas dire de notre Institution… ne s’est pas tout à fait réalisé. Avec la publication moralisante de l’encyclique HUMANAE VITAE de Paul VI, poursuivie dans le temps par une attitude de plus en plus légaliste, rigoriste, presque dogmatique, les croyants ont réalisé qu’ils ne pouvaient plus « respirer » librement à l’intérieur de leur religion qui n’acceptait pas à la communion, les divorcés-remariés, les homosexuels, les personnes non mariées religieusement ( dits concubins!), ceux et celles qui avaient avorté… Les « publicains » doivent rester dans le portique ! D’où la volonté si chèrement exprimée par notre courageux évêque de Rome, François, de ramener l’Église à ses sources évangéliques de compassion et de bienveillance par le prochain synode afin de voir se lever une Église nouvelle.

LA SPIRITUALITÉ UN REFUGE ?

Rien d’étonnant de constater qu’une grande majorité de catholiques pour lesquels la religion ne répond plus à leur « quête de sens » se soit plutôt réfugié, accroché à des bouées de sauvetage, dans diverses formes de spiritualité. Dans cette sphère, il y en a pour tous les goûts, de l’ésotérisme à la mystique des grandes religions orientales, telles l’Hindouisme (la réincarnation) ou le Bouddhisme (la méditation par le yoga entre autre), le « new age », le recours à nos monastères à vocation contemplative. Signalons des organismes qui accueillent des personnes en recherche du sens de leur vie, tels CARREFOUR FOI et SPIRITUALITÉ, JUSTICE et FOI, le CENTRE CULTUREL CHRÉTIEN de MONTRÉAL, la VILLA MANRÈSE à Québec, la VILLA ST-MARTIN de Pierrefonds et combien d’autres qu’il m’est impossible d’énumérer dans ce très court article.

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Ainsi, il y aurait autant de spiritualité qu’il y a d’individus, croyants ou non-croyants, chacun cherchant sa « boussole de vie », sa place dans cet univers aux valeurs multiples. Car tout être humain bien équilibré s’accroche à des valeurs fondamentales comme celles de la justice, du partage des richesses, de l’égalité homme/femme, de la paix, de la liberté de conscience, en somme tout ce qui touche actuellement à nos chartes des droits et liberté afin de rendre notre monde meilleur, pour un vivre-ensemble riche de sa diversité dans un respect réciproque.

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Ce refuge dans une spiritualité, qu’elle soit en direction d’un Être Transcendant que l’on affuble de divers noms ou tout simplement axée à l’horizontal comme recherche humaniste, philosophique, pour celui ou celle qui se prétend athée, ce refuge, dis-je, viendrait donc combler un certain vide existentiel que, malheureusement, nos rites religieux, nos liturgies désuètes par leur terminologie souvent incompréhensible pour ne pas dire obsolète, nos prédicateurs mal préparés et « radoteux » ne peuvent remplir .Heureusement, il existe encore de nos jours de ces communautés extrêmement vivantes, soudées aux sources évangéliques, où les laïcs ont un rôle prépondérant, ce qui en fait des lieux propices à une grande intériorité.

ENTRER EN SON TEMPLE INTÉRIEUR

Si donc une spiritualité peut vivre sans religion, une religion, spécialement comme la nôtre, ne pourrait survivre sans spiritualité puisque toute religion est une composante de la spiritualité. Jésus n’a-t-il pas dit : « les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité » ? (Jn,4,23). Ce qui n’empêche pas les croyants de continuer à se réunir dans les temples (ce que Jésus faisait régulièrement) mais qui invite toute personne de « bonne volonté » à entrer en « son temple intérieur », là où spiritualité et sagesse cohabitent afin de guider tout être humain dans son agir de tous les jours.

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Il n’est donc pas surprenant que beaucoup de personnes, autrefois assidues aux offices religieux, aient décidé de quitter cette « maison » trop loin de leurs préoccupations quotidiennes pour emprunter d’autres chemins qui les sortent d’un désert spirituel. Cette soif de vie intérieure, essence même de l’être humain, notre religion chrétienne est en mesure de la nourrir si jamais on pouvait revêtir son squelette actuel de la chair et du sang de son fondateur, Jésus-Christ qui nous a déjà dit : « si tu connaissais le DON de Dieu » ! (Jn,4,10)

TROUVER SES RACINES AU CŒUR DE TOUTE RELIGION

A la lecture de ce texte, vous avez dû comprendre qu’il m’était difficile de quantifier ceux qui ont quitté la pratique de la religion pour aller à la recherche d’une spiritualité, qu’elle soit « laïque » ou croyante. Les données statistiques nous manquent sur le sujet. Actuellement, on ne se gêne pas pour s’afficher athée , dans les médias, comme si le fait de ne plus croire en Dieu était devenu comme une « promotion » à l’évolution de l’homme ! On milite même pour la disparition totale de toute religion, la nôtre évidemment, de même que celle qui fait en ce moment les manchettes : l’Islam! Trop de violence injustifiée! Dans ce courant de l’apologie de l’athéisme, il est toutefois rassurant de nous rappeler une des dernières paroles de notre Maître Jésus : « et moi, je SUIS avec vous TOUS LES JOURS jusqu’à la fin des temps » (Mt, 28,20). Cette présence quotidienne, au cœur de toutes nos vies, confirme notre certitude que toute spiritualité, quelle qu’elle soit, trouve ses racines au cœur de toute religion, pas seulement la nôtre.

vol. 120, no 2 • 15 avril 2015

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