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SEMER DES GRAINES D’HUMANITÉ

Un récit prenant qui décrit l'aide apportée à des jeunes au Congo : la formation au leadership.
Une habileté à développer et qui requiert que l'on vive ensemble pendant des semaines, car l'apprentissage se fait dans l'action quotidienne. Ceux et celles qui donnent reçoivent autant en découvrant la culture de l'autre et sa générosité.
Voici que le semeur est sorti pour semer…
UN PROJET EMBALLANT ET BIEN PLANIFIÉ

En décembre 2016, nous avons été approchés par Sœur Gilberte Vandal pour participer à un projet nommé « Moi agent, agente de transformation », proposé par les Oblates Franciscaines de Saint-Joseph en collaboration avec la Fondation Sève de Vie. Ce projet consistait à se rendre en République Démocratique du Congo dans le but de former des jeunes au leadership dans leur communauté. Sans hésitation, nous nous sommes embarqués dans l’aventure. Nous étions quatre ex-animatrices et animateur aux compétences assez diversifiées : une étudiante en politique, une physiothérapeute, une étudiante en adaptation scolaire et un mathématicien. La gestion du projet était chapeautée par une équipe de coordination formée de Madame Sandra Sanchez, Sœur Gilberte Vandal et l’abbé Jean Chrysostome Zoloshi, originaire de la RDC. Ce dernier nous a accompagnés dans toutes les étapes, de la première rencontre à Montréal jusqu’à Kalunda, notre village de résidence en RDC.

Tout a commencé par beaucoup de planification, car les objectifs du projet étaient bien définis, mais les activités concrètes étaient à élaborer. Nous avons vécu plusieurs rencontres de préparation avec l’équipe de gestion, des personnes ressources en missiologie, histoire et culture et  un temps précieux pour le  vivre et travailler ensemble avant le départ. Nos interventions portaient sur quatre axes principaux : la formation humaine, le leadership, l’autonomisation et l’équité des genres. Comme moyens pédagogiques, nous avions choisi le travail en ateliers interactifs : présentation de personnages avec lesquels les jeunes devaient interagir, sketches à préparer pour illustrer certaines situations… Chaque journée se terminait par un moment de prière et un temps d’évaluation.

DES AJUSTEMENTS NÉCESSAIRES…

Nous avions beaucoup planifié, nous étions bien préparés… mais il a fallu beaucoup d’ajustements pour tenir compte de la réalité sous nos yeux en arrivant dans la région de Kilembe où se déroulait le projet. Cependant, nous avons fait la rencontre d’un peuple tellement accueillant : des gens qui possèdent peu de ressources financières, mais prêts à tout donner ; un pays qui possède une abondance de ressources naturelles, mais malheureusement exploitées par des monopoles étrangers et dont les retombées profitent peu ou pas aux habitants.

 

Nous avons dû nous adapter aux réalités physiques telles les ressources matérielles restreintes, les difficultés d’accès à l’eau, le jour qui tombe rapidement à 18 h et l’absence d’électricité pour terminer la journée. Nous avons dû aussi nous adapter aux réalités culturelles tels les différences sociales entre les hommes et les femmes, les horaires variables, les imprévus fréquents, ainsi que les stéréotypes véhiculés sur les Occidentaux.

UNE ADAPTATION QUI PORTE FRUIT

Un exemple concret d’adaptation concerne le modèle d’éducation. Les jeunes Congolais ont accès à une éducation primaire gratuite donnée en français à partir de la troisième année. Toutefois, les cours dispensés sont uniquement magistraux, basés sur l’apprentissage « par cœur » des notions. Cela a comme résultat de former des jeunes qui ont une banque de connaissances qu’ils n’arrivent pas à appliquer dans les problématiques de leur vie courante. Toutes nos activités exigeaient davantage de raisonnement et d’introspection, ce qui devenait très difficile pour eux. Nous avons dû les adapter en accordant plus de temps aux explications, en divisant le groupe en sous-groupes et parfois même en fournissant des choix de réponse.

 

À la fin des camps, nous avons observé plusieurs changements chez les jeunes. Ils avaient plus de facilité à s’exprimer et certains avaient grandement amélioré leur capacité d’introspection. Les garçons et les filles étaient beaucoup plus intégrés ensemble, autant dans les jeux sportifs que lors des discussions. De plus, nous avons réussi à créer un réseau de contacts entre les jeunes et les responsables du milieu où les communications sont peu évidentes. Lors du dernier jour, chaque jeune a pris un engagement concret envers sa communauté, preuve d’une importante prise de conscience et d’une volonté d’implication vers le changement. Finalement, nous avons donné des outils aux futurs aides-animateurs par l’enseignement de techniques dynamiques d’animation que les plus avancés ont pu utiliser dans les activités de la dernière semaine du camp.

 

Notre recommandation serait que le projet puisse se poursuivre encore quelques années consécutives en collaboration avec une équipe de Québécois qui intègre des jeunes Congolais afin d’arriver à former progressivement des animateurs et des responsables locaux qui assureront la continuité des camps en RDC.

« ...il y avait les paysages verdoyants, les gens aux sourires accrochés jusqu’aux oreilles, les jeunes qui évoluaient à pas de géant, la chaleur du peuple… C’est tout cela qui reste ancré dans nos mémoires cinq mois plus tard ! »
UNE EXPÉRIENCE ENRICHISSANTE

L’expérience n’a cependant pas produit uniquement des résultats chez les Congolais. Nous, de l’équipe, avons vécu une expérience qui nous a transformés. Aller en RDC pour une Québécoise, c’est dépaysant ! Que ce soit la route presque impraticable, la présence militaire aux différents postes, le manque d’accès à l’électricité ou les aliments apprêtés différemment… la RDC nous a déstabilisés. Pourtant, il y avait les paysages verdoyants, les gens aux sourires accrochés jusqu’aux oreilles, les jeunes qui évoluaient à pas de géant, la chaleur du peuple… C’est tout cela qui reste ancré dans nos mémoires cinq mois plus tard ! »

 

Nous sommes tous les quatre revenus grandis de l’expérience, avec une vision de la vie plus nuancée, une reconnaissance beaucoup plus grande de ce que nous tenions pour acquis auparavant : l’accès à l’eau dans nos maisons, notre système d’éducation, nos services publics, nos moyens de communication, etc. La reconnaissance, le souvenir vivant de ce peuple et le désir ressenti du don de nous-mêmes resteront en nous pour toujours.

vol. 122, no 4 • Décembre 2017

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