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CE N'EST PAS PARCE QU'ON EST DÉMUNI QU'ON NE PEUT PAS OEUVRER POUR LA PLANÈTE

EN PLEINE ACTION

J’étais auparavant convaincu que le souci de la planète, le désir d’acheter bio et local, le slow-food et tous les mouvements d’alterconsommation étaient réservés aux privilégiés financièrement. C’est bien d’encourager la petite épicerie du coin (dont les prix sont généralement plus élevés), mais c’est un choix lourd de conséquences à court terme quand on boucle son budget mensuel déjà difficilement. J’ai vécu dans des quartiers montréalais où on se moquait de l’écologie. Mon ancien travail de géologue m’a amené dans des régions du Québec où vivent des communautés plus démunies mais ayant la réputation d’être proche de la nature. Cependant, leurs villages sont de véritables dépotoirs à ciel ouvert; trop de soucis pour s’occuper de recyclage !
Je suis reconnaissant à chacun de ces trois auteurs pour avoir eu la générosité de nous partager leur passion personnelle pour ces témoins de l’Évangile.

L’organisme dans lequel je travaille offre des services de soutien à la population démunie de Montréal ; mais ce n’est pas un exemple de vertu du point de vue écologique : la priorité est mise sur l’aide directe à la pauvreté et la majorité des gens ne savent pas (ou ne veulent pas savoir) ce qui se recycle. Par manque de conscience ou de temps, les poubelles se remplissent. Sous prétexte de gratuité, la clientèle gaspille énormément : nourriture, vêtements, papier, etc. Les employés et bénévoles ne font guère mieux… jusqu’à tout dernièrement : nous vivons un tournant depuis que la direction nous incite, par divers moyens, à l’usage modéré des biens qui nous sont gracieusement donnés.

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Nous sommes aussi invités à faire un pas de plus, grâce à l’intérêt d’un usager : Martin vit une attention progressive pour l’écologie depuis les deux dernières années. Sa pensée est semblable à celle de Benoit XVI : « La technique s’inscrit dans la mission de cultiver et de garder la terre, que Dieu a confiée à l’homme ; elle doit tendre à renforcer l’alliance entre l’être humain et l’environnement appelé à être le reflet de l’amour créateur de Dieu ». Pour lui, l’espèce humaine, de passage sur la terre, se croit pourtant tout permis en en abusant. Depuis le XIXe siècle, on aurait détruit 50% des ressources de la terre et d’ici 50 ans, il ne resterait plus que 25 % de la nature intacte.

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Notre terre est fragile ; alors autant utiliser la matière le plus intelligemment possible, sinon, on va tout détruire (et nous avec). Dieu nous l’a confiée : « Le Seigneur prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour cultiver le sol et le garder » (Gn 2, 15). Comprenons le terme garder dans le même sens qu’un gardien de fraternité veille sur ses frères. Martin a beaucoup d’espoir pour Gaïa (notre mère la Terre) même s’il est scandalisé de voir le monde insouciant ; il croit cependant qu’une simple activité pourrait influencer jusqu’à 10 % du monde, selon le principe de l’effet papillon. Il désire donc s’attaquer à une tâche, y mettre de l’énergie. Je le compare à David combattant Goliath !

À l’Accueil Bonneau, le projet a vu le jour grâce au soutien du comité vert du CREP (Centre de ressources éducatives et pédagogiques, un centre d'éducation des adultes de la Commission scolaire de Montréal). D’autres David s’attaquent au Goliath de l’indifférence et Martin a donc décidé de s’impliquer dans le tout nouveau programme Source verte qui vise la sensibilisation. Il œuvre avec son comité local pour que notre organisme devienne un Établissement vert Brundtland, membre du mouvement EVB-CSQ qui prône des valeurs axées sur l’écologie, le pacifisme, la démocratie et la solidarité.

© photo : Mélissa White

Comité vert de l'Accueil Bonneau: Liette Laforest, conseillère pédagogique au CREP, Martin Bradette, participant à l'Accueil Bonneau et Joanne Bazinet, enseignante en intégration socio-professionnelle du CREP.

Le local d’art de l’Accueil Bonneau s’est impliqué par la création d’affiches de sensibilisation, qui seront installées dans des lieux stratégiques; leur dévoilement coïncidera avec la Journée de la Terre, le 22 avril. Pour ce petit comité, composé à l’origine de trois personnes, l’environnement est aussi important que l’aide aux démunis. Et fort de son exemple de solidarité, l’organisme qui offre de la nourriture saine depuis 137 ans, offrira aussi un environnement sain en semant simplement la petite graine des 3-R : réduction, réemploi, recyclage.

L’affiche est de Georges Gagné, un artiste qui fréquente régulièrement l'atelier d'art.

Même si on se voit démuni, on peut agir et provoquer un changement. Mais ce n’est pas le résultat du moment qui compte : cela exige une vision à long terme et la foi en son propre battement d’ailes.

vol. 119, no 3 • 15 mai 2014

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