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NOTRE RELATION AUX AUTRES :
UN CRITÈRE DE DISCERNEMENT

QUÊTE SPIRITUELLE

Nous avons dit combien la liberté est un critère essentiel dans le cheminement spirituel. 
Mais un travail encore plus exigeant reste à venir. Il nous faut reconsidérer la qualité de toutes nos relations à autrui. Se détacher de soi-même c’est aussi s’affranchir d’un amour- propre. Dieu serait-il le seul à vivre un amour tout à fait gratuit ? Et maître Jésus qui nous invite à devenir parfaits comme son Père ! Aimer radicalement sans attente, en toute liberté. Aimer également le parent, le proche et l’étranger sans rien vouloir en retour ! Si nous aimons celles et ceux qu’il nous est facile d’aimer, quel mérite avons-nous ? Les païens en font tout autant ! La foi vécue dans des rapports vrais avec tous les autres, et ce, sans exception, n’attend pas de « retour de l’ascenseur » pour un service rendu.
Carl Gustav Jung se plaisait à dire que « le plus grand ennemi du changement, c’est la réussite dans l’existence. »
CROIRE EN L'AUTRE

C’est le dégagement total de la fange par trop humaine, c’est la gratuité inspirante et intégrale. Absence d’asservissement réciproque. Oblation pure, sans contrainte ni attente d’aucune sorte. Ce critère de notre relation aux autres permet de déterminer l’authenticité du geste gratuit comme une application vraie d’un cheminement spirituel en pleine croissance. Nous croyons en l’autre parce qu’il est humain. Nous l’aidons dans une solidarité sans équivoque : il a besoin de nous et nous sommes là, gratuitement, pour lui. Aucune exploitation indue, indirecte ou camouflée, aucune volonté de soudoyer quelqu’un pour un bénéfice futur. Voilà une attitude qui s’installe progressivement en chaque personne qui en fait la demande au « Tout Autre ».

AGIR COMME JÉSUS

Car c’est une grâce que de pouvoir agir comme Jésus en son temps auprès de toute personne, quelle qu’elle soit, et sans attendre rien en retour! Sans même attendre une reconnaissance quelconque après une guérison, un pardon, une intervention bénéfique. La  foi vécue  se mesure à cet aulne. L’amour de soi fait appel à l’expérience d’Abraham qui, pour arriver à son véritable Soi, a le besoin impératif « de se libérer intérieurement des figures parentales» profondément enracinées. Tout aussi vraie est la nécessité de s’affranchir « des sentiments du passé, qu’ils soient douloureux ou agréables ». Finalement, la liberté intérieure incite à « quitter tout ce qui m’établit : la réussite, la possession, la bonne réputation. » (1)

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Toute personne qui contacte dans son for intérieur une telle liberté ne peut que mieux considérer autrui pour ce qu’il est. C’est palper le meilleur en soi et le meilleur en autrui. Le cheminement spirituel n’est possible que dans la métamorphose, la « métanoia », la conversion. C’est pourquoi ce critère, si exigeant, peut contribuer à authentifier la vérité de notre démarche. Même Carl Gustav Jung se plaisait à dire que « le plus grand ennemi du changement, c’est la réussite dans l’existence. » (2)

CONSENTIR AU RÉEL

Si le désir fervent de la liberté nous titille, cette même liberté nous apeure. Le courage et le don de soi s’imposent comme des qualités préalables en référence à ce deuxième critère. Cela exonère de toute dépendance extérieure en puisant en nous-mêmes, humblement mais sincèrement. Cela nous amène au troisième et dernier critère. « Consentir au réel sans passivité ni fatalisme. » (3)

NOTES

 

(1) GRÜN, Anselm, L’identité masculine en question, trad. de Charles Chauvin, Paris/Montréal, Médiaspaul, 2005, p. 23-24.
(2) cité dans GRÜN, Anselm, p. 39
(3) UGEUX, Bernard, « Le bon chemin », dans Prier, no 252, juin 2003, p. 34.

vol. 119, no 2 • 15 mars 2014

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