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LA FOI DANS LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Yannick Fouda, originaire du Cameroun, nous parle de son expérience  de passage d’un milieu
où il était tout à fait naturel pour lui d’être chrétien à un autre où l’appartenance à la foi chrétienne n’est plus la norme sociale. Il écrit que pour lui la foi est une tension qui le mène vers l’authenticité. Pour lui, contrairement aux réactions que fait naître parfois son témoignage, la foi n’est pas de chercher une puissance protectrice ou encore un refuge contre la peur et la faiblesse. C’est avant tout une rencontre. Le désir de combler une soif, un désir auxquels seule sa quête de Dieu peut répondre.
YANNICK FOUDA

Yannick Fouda est d’origine camerounaise, arrivé au Canada il y a une dizaine d’années.  Il est doctorant en psychoéducation. Il travaille à RePère, un organisme communautaire qui vise à développer des compétences paternelles. Il est consultant et formateur en gestion du stress au Service d’éducation et d’intégration interculturelle de Montréal (SEIM). Il est également impliqué au Centre le Pèlerin et responsable d’une chorale, le Chœur de Jérusalem.

POURQUOI ES-TU CHRÉTIEN ?

Il y a quelques années, bien avant de vivre une expérience spirituelle personnelle, un ami me posait la question, à savoir pourquoi j’étais chrétien. La question m’avait figé quelques secondes, tellement il avait toujours été naturel pour moi d’être chrétien, et que, de là où je venais, ne pas avoir la foi relevait d’un exercice propre aux extra-terrestres.  Cette fois, c’était l’inverse ; l’extra-terrestre c’était moi. « J’ai parfois l’impression que la foi est pour les faibles, ceux qui ont besoin d’être rassurés, de savoir qu’il y a quelqu’un de puissant au-dessus qui veille sur eux », concluait cet ami dont la fougue de la jeunesse insufflait une certaine assurance aux propos.

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Par une magnifique coïncidence, quelques années plus tard, alors que nous prenions un café avec sa copine à Paris, c’était autour de cette dernière de me questionner sur ma foi. Et la question était de savoir si la foi me rendait plus fort intérieurement et me permettait de traverser les épreuves de la vie plus sereinement. De ces deux rencontres représentant en substance la curiosité que la foi peut susciter, il me vient en tête cette invitation que Saint Paul lançait aux chrétiens il y a presque 2000 ans déjà : « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous… car le monde entier attend la révélation des enfants de Dieu ».

« Il avait toujours été naturel pour moi d’être chrétien, et que, de là où je venais, ne pas avoir la foi relevait d’un exercice propre aux extra-terrestres. » 
LA FOI, UNE TENSION

Ce qui me semble certain, c’est qu’une foi se vit dans une tension vers l’authenticité, questionne, et qu’il faut pouvoir en parler dans un langage simple et accessible. Si je devais résumer ma vie de croyant en deux mots, je dirais : tension et témoignage. Tension pour vivre avec authenticité la foi en Dieu. Et cette foi n’est pas une idéologie, des incantations, un concours de sagesse entre religions, une course aux miracles, un bastion de valeurs à défendre à tout prix et encore moins un perchoir permettant de regarder les autres de haut ou pire, de les juger.

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Il s’agit pour moi d’une expérience de rencontre quotidienne avec cette VIE qui est en moi, qui veut germer et se déployer afin de donner chaque jour un peu plus naissance à la merveille que je suis, tel que le Créateur m’a désiré. C’est ce lent processus qui me découvre peu à peu mon identité propre. Ainsi, pour moi, la foi est d’abord le meilleur outil pour la connaissance et la réalisation de soi à travers la connaissance de Dieu et son action en moi.

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De là tout l’intérêt pour la prière, pour la méditation ou devrais-je plutôt dire pour les rendez-vous quotidiens avec Dieu ; de là l’intérêt pour la Bible, la messe, les soirées de prières, etc., comme autant de sources qui étanchent une seule soif ; celle de la plénitude, du bonheur, peu importe les circonstances de la vie… Dans cette perspective je pourrais effectivement dire que la foi me rend plus fort, qu’elle est une ancre pour l’être.

« Je comprends donc mes contemporains qui peuvent encore me regarder aujourd’hui comme un extra-terrestre et se demander si tout va bien dans ma tête. »
LA FOI, UN TÉMOIGNAGE

Cette tension quotidienne vers l’idéal, le meilleur de soi, en prenant exemple sur Jésus-Christ pour ma part, produit immanquablement le témoignage ; un témoignage qui se passe de paroles tout en suscitant des questionnements. Jésus a lui-même dit qu’on n’allume pas une lampe pour la cacher mais pour la mettre bien au milieu de la maison afin qu’elle éclaire ceux qui sont dans la pièce. Si nous sommes donc brûlants de vie, d’une vie authentique, cette vie ne peut que rayonner. Il s’agit tout simplement après d’en indiquer la source en évitant pour ma part un langage d’initié qui rajoute inutilement une opacité à un mystère déjà grand qui est celui de la foi. Car oui, il ne va pas de soi de croire comme ça à un Dieu que nul ne peut voir sans mourir, pour reprendre une expression de la Bible. Je comprends donc mes contemporains qui peuvent encore me regarder aujourd’hui comme un extra-terrestre et se demander si tout va bien dans ma tête.

DANS L’ÊTRE HUMAIN, IL Y A UN VIDE QUI A LA FORME DE DIEU

Si à une certaine époque, la surenchère autour du péché et du salut pouvait être un incitatif à la quête spirituelle, à l’adhésion à la foi, il me semble que la porte actuelle se trouve du côté de l’intérêt, de la plus value que la foi peut apporter à une personne. Cette question est classique. J’aime penser que le chemin exploré par Saint-Augustin est une bonne piste pour ma génération et les générations futures. En effet, la quête du bonheur, de la plénitude, de la réalisation de soi se lit sur tous les visages et les parcours. Ce que nous savons et que bien des jeunes savent aussi avec l’âge est que le monde et ses mille et une promesses et mirages n’offre pas cet épanouissement intérieur profond tant désiré. Je sais que la foi l’offre et je peux en témoigner. Quelqu’un disait qu’il y a dans l’être humain un vide qui a la forme de Dieu et qui ne pourrait être rempli par rien d’autre !

vol. 122, no 3 • Octobre 2017

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