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LES FRANCISCAINS AU QUÉBEC ET AU CANADA

I - L’implantation : 1890-1920
Les Franciscains popularisent les pèlerinages, en particulier à Sainte-Anne-de-Beaupré et à Cap-de-la-Madeleine. Déjà, il faut songer à l’expansion vers Québec et Trois-Rivières – comme au temps des Récollets en Nouvelle-France.

L’année 2015 marque le 400e anniversaire de l’arrivée des Franciscains-Récollets en Nouvelle-France. Elle marque aussi le 125e anniversaire du retour des Franciscains au Québec. En 1889, le père Frédéric Janssoone, o.f.m., était venu ouvrir à Trois-Rivières un Commissariat de Terre-Sainte et cherchait comment réimplanter au Canada l’Ordre des Franciscains. Ceux-ci, après diverses démarches, arrivent à Montréal en mai 1890 et se logent, provisoirement, rue Richmond dans un bâtiment « pauvre, vieux, mais conforme à la pauvreté franciscaine ». Dès 1892, cependant, grâce à la générosité des dames Tiffin et McConkey, ils peuvent aménager rue Dorchester où, peu à peu, prendra forme le Couvent St-Joseph (qui subsistera jusqu’au début du XXIe siècle). A noter qu’à partir du 6 août 1892, les Franciscains de Montréal – tout comme plusieurs couvents en Angleterre - relèvent de la province St-Pierre, dite Province de France.

CONSTRUCTION À MONTRÉAL…

De l’automne 1892 au printemps 1901, l’emplacement de la rue Dorchester est en chantier. On double la longueur du couvent et on y ajoute un étage. On commence la construction d’une crypte-chapelle au printemps 1893, un réaménagement du couvent en 1894, un collège en 1896, une nouvelle aile en 1898, une chapelle supérieure en 1900. À la fin du siècle, le Couvent St-Joseph est un couvent bien organisé. Il possède un noviciat, un collège-juvénat, un studium de philosophie et un de théologie.  Entre-temps, la population s’est éprise d’affection pour ces moines mendiants. Les tertiaires aiment se réunir dans la chapelle conventuelle et le public – clercs et laïques – accourt aux manifestations de piété. Les Franciscains popularisent les pèlerinages, en particulier à Sainte-Anne-de-Beaupré et à Cap-de-la-Madeleine. Déjà, il faut songer à l’expansion vers Québec et Trois-Rivières – comme au temps des Récollets en Nouvelle-France.

…À QUÉBEC ET TROIS-RIVIÈRES

En 1900, le père Ange-Marie Hiral, arrivé à Montréal en 1890 à l’âge de 18 ans, est mandaté pour établir un couvent à Québec. Ce sera le couvent des Sacrées Stigmates, bénit le 17 septembre 1902, et dont le style s’inspire de l’ancien couvent des Récollets (détruit par le feu en 1796). On lui ajoutera une aile en 1903 et en 1904 on commencera la construction de la chapelle, bénite en1906. – Le chantier de Québec n’est pas encore achevé qu’un couvent est déjà en construction à Trois-Rivières. Le supérieur Maurice Bertin arrive à la mi-juin 1903 et le 29 décembre on procède à la bénédiction du couvent. On construit la chapelle en 1906 et, en août 1911, 24 élèves s’installent au Collège Séraphique adjacent au couvent. En 1914, on construit, tout près du Couvent, un nouveau Collège Séraphique qui accueillera chaque année environ 125 candidats à la vie franciscaine – et cela jusqu’en 1960. - En 1908, le chapitre provincial déclare territoire franciscain la Colombie britannique, l’Alberta et la Saskatchewan. On établit une résidence à 3 milles d’Edmonton, qui deviendra couvent régulier en 1911. - Dès 1911, on songe aussi à construire dans l’Est de Montréal un autre couvent. Le 3 octobre 1915, Mgr l’archevêque Bruchesi bénit le Couvent de la Résurrection, en présence de quatre à cinq milles personnes et, le 25 novembre, les novices arrivent du Couvent Saint-Joseph. Jusqu’en 1921 ce noviciat donnera pas moins de 66 profès. – Ajoutons qu’entre 1906 et 1920, une quinzaine de Franciscains canadiens (pères et frères convers) sont missionnaires au Japon, en Chine et en Terre-Sainte.

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Ces quatre couvents sont des centres très actifs. On vient y suivre régulièrement les mois de Marie, de saint Joseph, du Sacré-Cœur et du Rosaire, les Treize mardis de saint Antoine et toutes les célébrations typiquement franciscaines. Ces couvents sont aussi les ports d’attache des prédicateurs qui, tout en visitant les fraternités du Tiers-Ordre, collaborent à la pastorale paroissiale. La prédication s’exerce de diverses façons : triduum, retraite paroissiale, retraite aux prêtres et aux religieux, sermon de circonstance, etc. Il y a aussi les œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle : l’assistance aux pauvres et la visite aux malades. Il y a aussi la Campagne de la Tempérance, que dynamisent de vigoureux prédicateurs (Hugolin Lemay, Joachim Monfette). Les pères du Couvent Saint-Joseph s’occupent de la Maison Ste-Élisabeth, un refuge pour vieillards; ceux du Couvent de Trois-Rivières, du Foyer Ste-Claire, un foyer pour jeunes filles ; ceux du Couvent de Québec, de la Maison Ste-Marguerite vouée à diverses œuvres caritatives.

DES HOMMES DE VISION

Pour construire ces couvents et soutenir tant d’activités, il y a des hommes. D’abord le père Colomban-M. Dreyer qui, de 1895 à 1905, est supérieur à Montréal avec des attributions équivalentes à celles d’un délégué provincial et qui, de 1905 à 1911, est provincial en titre, avec résidence à Montréal. Homme de vision, de décision et de réalisation, il est au cœur de bien des initiatives. Il y a aussi le père Ange-Marie Hiral. Il est, notamment, supérieur à Québec, à Montréal et à Trois-Rivières, où il fait édifier l’église Notre-Dame-des-Sept-Allégresses et le Collège Séraphique. Il sait donner un souffle unique aux œuvres qu’il met en place. Il y a encore quelque 70 Franciscains venus de France, dont la moitié sont des clercs étudiants. Il y a enfin les nombreuses recrues canadiennes, pères et frères convers. Au début de 1920, les Franciscains au Canada seront environ 140, dont une quarantaine de frères convers. De ce nombre, 118 sont originaires du Canada, 14 de la France et 8 de l’Angleterre. Le temps est venu pour les Franciscains canadiens de se prendre en main. 


(À suivre)

vol. 119, no 4 • 15 juillet 2014

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