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LES FRANCISCAINS AU QUÉBEC ET AU CANADA

HISTOIRE FRANCISCAINE D'ICI

III – Évolution accélérée et déclin… (suite) : 1960-2015
La fermeture des Collèges et les nouvelles formes de ministère nécessitent un réaménagement de la vie en commun. En 1968, un nouveau type d’implantation fait son apparition : les « petites fraternités ».

Alors qu’au début de 1960, la Province franciscaine St-Joseph du Canada comptait 514 religieux (502 profès solennels et 12 profès temporaires). En 1984, elle ne compte plus que 241 profès solennels et 8 profès temporaires. Ceux-ci vivent dans 9 couvents, 14 résidences canoniques et 6 petites fraternités. Les Franciscains travaillent alors dans 16 paroisses (23 religieux) et dans 8 aumôneries ; 10 prêtres sont au service des diocèses et 7 à celui de l’Ordre franciscain séculier ; 14 religieux sont aux études et 9 sont dans l’éducation, dont 5 professent à l’Université ; 2 s’occupent de la formation doctrinale et spirituelle des religieuses ; 2 autres sont psychologues et un, architecte. Il y a aussi les valeureux missionnaires qui travaillent surtout en Terre-Sainte et au Pérou. À noter que, de 1965 à 1978, 70 Franciscains retournent aux études pour au moins une année. Plus de 50 optent pour une spécialisation en pastorale et en catéchèse. Le goût de vivre selon l’Évangile et de faire connaître Jésus-Christ est toujours vivant.

FERMETURES ET RÉAMÉNAGEMENTS

La fermeture des Collèges et les nouvelles formes de ministère nécessitent un réaménagement de la vie en commun. En 1968, un nouveau type d’implantation fait son apparition : les « petites fraternités ». Six d’entr’elles surgissent en l’espace de quatre mois, afin de reloger des enseignants qui oeuvrent désormais dans des Cegeps publics et des clercs qui fréquentent l’Université de Montréal. Par la suite, il en naîtra une douzaine d’autres. Ces fraternités regroupent un petit nombre de religieux – de trois à dix – et visent à se donner un projet de vie, c’est-à-dire « une manière particulière de concevoir et de vivre leur engagement religieux » (Pierre Bisaillon). Certaines privilégient l’initiation à la vie franciscaine, d’autres l’hébergement de jeunes itinérants, d’autres le travail en milieu défavorisé, etc. L’expérience de la vie en fraternité est difficile à réussir. Comment constituer des fraternités assez fortes pour susciter une vie nourrissante et répondre, éventuellement, aux besoins du milieu ? Et puis, comment dans l’isolement des fraternités maintenir un sens de l’appartenance au reste de la Province franciscaine ?

FOISONNEMENT D'INITIATIVES

À partir des années 1970, faute de discerner quelques objectifs collectifs, la vie franciscaine d’ici devient le lieu d’un remarquable foisonnement d’initiatives personnelles. Voici quelques exemples. Le P. Léandre Poirier, professeur d’Écriture Sainte au Studium de Rosemont, assume la direction de la Société Catholique de la Bible (SOCABI) de 1968 à 1972 et commente dans un semainier, de 1969 à 1979, des lectures bibliques. Le P. Roger Saint-Arnaud œuvre dans la Grande Mission du Québec métropolitain de 1967 à 1970 ; puis, il travaille au Service de la Pastorale du diocèse de 1970 à 1972. Finalement, il met sur pied et anime un Centre-Dieu au supermarché Place Fleur-de-Lys, de 1972 à 1981. Le P. Évariste Lessard choisit en1971 de vivre avec les démunis de Saint-Sauveur, à Québec. Avec des camarades, il rénove des logements, puis met sur pied divers organismes et services d’entraide. De ce petit groupe d’animateurs sociaux jaillit enfin une grand œuvre : la Maison de Lauberivière, un lieu d’hébergement pour personnes démunies. En 1971, sous l’impulsion du P. Gilles Bourdeau, prend naissance à Lachute une « fraternité de prière ». C’est à cette fraternité que le Noviciat des Franciscains vient se greffer à partir de 1978. C’est dire que tous les jeunes frères de la Province St-Joseph ont dû y séjourner pour un temps assez prolongé. Gilles Bourdeau, qui est au cœur de cette initiative, est devenu provincial de 1987 à 1991, avant d’être nommé pour six ans Vicaire-Général de tout l’Ordre des Franciscains.

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À Lennoxville, les PP. Damien Côté et Roger Poudrier commencent un modeste ermitage franciscain dans l’ancien couvent que les trop rares novices ont quitté en 1964 et qu’on a converti en maison d’accueil pour étudiants. Le nouveau supérieur, Raymond Mailhot, voit plus grand. Il fait enquête sur les besoins spirituels du diocèse et aménage l’édifice pour recevoir des groupes de retraitants. C’est Le Buisson-Ardent qui, à partir de 1979, accueille prêtres, religieux, petits salariés, gens mariés ou célibataires, en quête d’un ressourcement spirituel. Cette même année 1979, on procède aussi à la relance du Camp Notre-Dame de Montréal, à Saint-Liguori de Montcalm. Ici, les enfants des écoles viennent profiter de classes-plein-air, et les parents peuvent passer des weekends en famille dans la nature. C’est une contribution analogue qu’apportent aussi le Fr. Armand Picard qui, durant des années, travaille dans une garderie populaire, ainsi que le Fr. Laurent Lachance auprès des Petits frères des Pauvres, et le Fr. Jean Rochon auprès des itinérants de Montréal.

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Dans les années 1980, le P. Richard Bergeron – après avoir longuement étudié le phénomène des sectes et des nouvelles religions - a mis sur pied, avec une équipe de collaborateurs, le Centre d’Information sur les Nouvelles Religions (CINR) dans le but d’aider les gens à faire face aux graves conséquences de ce problème. Le CINR se veut un lieu discernement spirituel et d’aide psycho-sociale auprès des personnes concernées par les nouvelles sectes. Il situe ses interventions dans une perspective d’évangélisation et d’éducation de la foi dans un monde séculier, profane et pluraliste. Le CINR, durant de longues années, connaîtra un rayonnement enviable, même au-delà de nos frontières.

vol. 120, no 3 • 15 juin 2015

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