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LES FRANCISCAINS AU QUÉBEC ET AU CANADA

II - L’expansion rapide : 1920-1960
Il est clair que sont trop rejetés dans l’ombre le travail, le dévouement, la vie fraternelle et priante des frères convers. Ils ont pourtant contribué de mille façons à la qualité de la vie dans les couvents franciscains.

Le 23 mars 1920, les Franciscains du Canada sont détachés de la Province St-Pierre (Paris) et forment désormais le Commissariat St-Joseph, avec à sa tête le P. Jean-Joseph Deguire, un montréalais d’origine. De 140 religieux, répartis dans 8 couvents et 2 résidences, le Commissariat passe à 262 religieux en moins de 7 années. Ce qui permet aux Franciscains d’ici, le 1er février 1927, de devenir la Province St-Joseph du Canada, avec comme Provincial le P. Ambroise Leblanc. Le recrutement franciscain a le vent dans les voiles ! Dès 1930, il y aura 330 profès et novices dans la Province. Aussi, en très peu de temps, les fondations se multiplient. Les Franciscains, qui ont déjà une vingtaine de missionnaires en Terre-Sainte, au Japon et en Chine, acceptent en 1921 la desserte de la réserve indienne de Maliseet, au confluent des rivières Tobique et St-Jean, au Nouveau-Brunswick. Bientôt les Franciscains iront aussi desservir les localités environnantes : Limestone (1923), Aroostook, Tilley, Red Rapids, Blue Bell, Plaster Rock (1924), Longley (1925), Anderson Road (1932) et Bairdsville (1934). En 1936, on établira un couvent régulier à Aroostook. De là les Franciscains rayonneront dans la région de Madawaska et dans le Maine (U.S.A).

 

En 1921 également, Rome confie aux Franciscains canadiens un territoire de mission au Japon. Celui-ci, en 1927, sera érigé en Préfecture apostolique, avec le P. Égide-M. Roy comme Préfet. De 1928 à 1933, la Province St-Joseph y enverra 23 missionnaires. Ces renforts permettent à Mgr Égide-M. Roy d’ouvrir plusieurs centres et de fonder diverses institutions, Rome apprécie ces initiatives. Le 17 janvier 1937, elle assigne aussi à la Province St-Joseph la Préfecture japonaise d’Urawa, qu’elle confie au P. Ambroise Leblanc, ci-devant Provincial de 1927 à 1933. Entre-temps, il avait fallu mettre sur pied une procure missionnaire pour canaliser les dons, fonder une revue missionnaire pour sensibiliser les fidèles et fonder un collège missionnaire, à Sorel, en 1922, tout cela grâce surtout à l’initiative du P. Bonaventure Péloquin.

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En 1922, le Couvent St-Antoine ouvre ses portes à Lennoxville, où viennent s’installer huit novices arrivant de Montréal. Ce couvent accueillera les novices jusqu’en 1964. En 1925, on établit un Collège séraphique à Edmonton-Nord, qui fournira de nombreuses recrues franciscaines jusqu’à sa fermeture en 1965. Au Québec, la Province St-Joseph recrute ses sujets à Montréal, St-Hyacinthe, Québec et Sorel (25%), mais surtout dans les paroisses rurales (6 5%). Les très nombreuses fraternités du Tiers-Ordre, qui chevauchent la frontière canado-américaine, sont des pépinières de vocations. En 1933, les Franciscains prennent pied à Biddeford, Maine. Le St. Francis College, destiné aux Franco-Américains, y ouvre ses portes en 1939 ; il donnera à la Province St-Joseph de nombreux sujets de grande qualité. Ajoutons que, à l’invitation de l’Évêque, les Franciscains s’installent aussi à Châteauguay-Bassin en 1930. Ils y érigent en 1931 une chapelle pour desservir les vacanciers, et y acceptent en 1932 une paroisse. À l’automne 1932 ils accueillent aussi un premier groupe de retraitants dans la Maison du Christ-Roi fraîchement construite. Dès la première année, cette œuvre attire 1250 retraitants…

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En octobre 1929, la Bourse s’effondre. C’est la Crise économique, suivie d’une dépression qui dure jusqu’en 1940. Le prolétariat urbain vit dans la misère. Très pauvres eux-mêmes, les Franciscains mettent à contribution les fraternités du Tiers-Ordre pour secourir les chômeurs. Des couvents distribuent de la nourriture. Les miséreux ont l’occasion de renouveler leur garde-robe grâce à l’Oeuvre du vestiaire des pauvres. Le P. Archange Godbout est à l’origine de diverses œuvres de bienfaisance : L’Aide aux Sans Foyers (1932), Le Refuge Belmont (1933), Le Réveil Féminin Catholique (1934), L’Aide aux Vieux Couples (1935), le Camp Notre-Dame de Montréal (1941), à St-Liguori, pour les enfants pauvres de la métropole.

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Dans ce qu’on vient de dire, il est clair que sont trop rejetés dans l’ombre le travail, le dévouement, la vie fraternelle et priante des frères convers. Ils ont pourtant contribué de mille façons à la qualité de la vie dans les couvents franciscains. Ils ont bien souvent été – plus que leurs confrères prêtres – les « permanents » des communautés. Par ailleurs, plusieurs « frères quêteurs » sont devenus rapidement des figures fort populaires : Dominique Thompson à Québec, Daniel-M. Vidal à Sorel, Pascal-M. Buisson et Léonce Mercure à Trois-Rivières, Gratien Marcotte et André-M. Chevalier à Montréal, etc. Et que dire du frère Odilon Caron qui, depuis le début, a été l’âme de la Maison de retraites de Châteauguay. Et puis, faudrait-il passer sous silence tous les cuisiniers, lingers, buandiers, portiers, chauffeurs, imprimeurs, etc. dont le travail soigné et indispensable a permis aux Franciscains d’ici d’être ce qu’ils furent, ce qu’ils sont…

 

(À suivre)

vol. 119, no 5 • 15 octobre 2014

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