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« MONTRER SA FOI DANS LA RUE »?

LIBÉRER LA FOI

Qui pourra nier que Dieu nous a créés libres et que le Jésus de l’Évangile propose une foi libre ? Car la foi est d’abord rencontre d’un Dieu qui prend l’initiative de nous inviter à entrer en relation avec lui, mais qui ne nous force jamais à le faire. Et Jésus, comme le Père, invite : « Si tu veux, viens, suis-moi. » (Matthieu 19,21).
La foi est plus que croire à Jésus. C’est croire en Lui. Nous sommes au-delà des dogmes, des doctrines, nous entrons dans une relation fondée dans la confiance ; et c’est notre vie totale qui est dynamisée par liberté que donne cette relation.
« Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné. »
(Marc 16,16)

Parmi les quelques convictions qui sont miennes, il en est une qui prend le pas sur toutes les autres. C’est celle qui me fait dire que l’Évangile rend libre celle ou celui qui l’accueille dans la foi. Cette conviction s’avère davantage quand je lis sous la plume de Gabriel Ringlet «que la libre pensée est une bonne nouvelle, comme je pense que l’Évangile appelle à la liberté.»

En effet, qui pourra nier que Dieu nous a créés libres et que le Jésus de l’Évangile propose une foi libre? Car la foi est d’abord rencontre d’un Dieu qui prend l’initiative de nous inviter à entrer en relation avec lui, mais qui ne nous force jamais à le faire. Et Jésus, comme le Père, invite : «Si tu veux, viens, suis-moi.» (Matthieu 19,21) Non, jamais de contrainte! Jésus n’oblige jamais. Il respecte la liberté. Il appelle à la liberté. N’est-il pas venu pour «proclamer aux captifs la libération»? (Luc 4,18) 

QU’EST-CE QUE LA FOI?

« Pour la Bible, la foi est la source et le centre de toute vie religieuse. » Et nous ne pouvons oublier les dernières paroles que Marc met dans la bouche du Ressuscité, avant son ascension : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16,16) Cette parole découle de la précédente qui envoie les disciples du Christ en mission pour que l’Évangile soit annoncé à toutes les créatures. Pourtant, il nous faut bien reconnaître qu’une bonne part de l’humanité n’aura jamais reçu l’Évangile et que parmi celles et ceux qui l’ont reçu, beaucoup n’adhèrent pas à tous les articles du Credo de Nicée-Constantinople. Il y a là un sérieux problème. À moins que…

DIFFÉRENTES INTERPRÉTATIONS DE LA FOI
CROIRE QUE...

Oui, à moins que nous ne réduisions pas la foi à une adhésion à des dogmes définis par l’Église. Nous pouvons bien affirmer, par exemple, que nous croyons que Dieu est partout, que Jésus est le Fils de Dieu, que Marie est sa Mère, etc. Mais, nous ne pouvons pas limiter la foi à ce croire. La foi est bien plus que cela comme l’exprime si bien le Pape François dans sa première encyclique :

Avec le « croire que » ce que Jésus nous dit est vrai (Jn 14,10; 20,31), Jean utilise aussi les locutions « croire à Jésus » et « croire en Jésus.» Nous croyons « à Jésus » quand nous acceptons sa Parole, son témoignage parce qu’il est véridique (Jn 6,30). Nous croyons « en Jésus » quand nous l’accueillons personnellement dans notre vie et nous nous en remettons à lui, adhérant à lui dans l’amour et le suivant au long du chemin. (Jn 2,11; 6,47; 12,44)

CROIRE À...

Croire à Jésus, c’est lui faire confiance. Or, jamais, on ne peut forcer la confiance de l’autre. Comme jamais on ne peut forcer son amitié. Jésus respecte cette liberté de toute personne de croire à lui. Certains l’ont vu accomplir des miracles et n’ont pas cru à son action. Certains l’ont entendu parler et n’ont pas cru à ses paroles. Ils ont même été scandalisés parce qu’il guérissait ou qu’il pardonnait les pécheurs. Les évangiles sont loquaces sur ce sujet.

Ne considérons pour le moment que le deuxième chapitre et le début du troisième de l’évangile de Marc. On y voit d’abord Jésus qui remet les péchés au paralysé et les scribes qui, en leur cœur, considèrent qu’il blasphème (Cf. Mc 2,1-12). On assiste ensuite au repas que prend Jésus avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs dans la maison de Lévi. Là encore, les pharisiens se scandalisent. (Cf. Mc 2, 13-17) Puis, les disciples de Jean et les pharisiens n’acceptent pas que les disciples de Jésus ne jeûnent pas. Ils mettent alors en doute la tolérance de Jésus. (Cf. Mc 2,18-22) Vient alors la question des épis arrachés par les disciples de Jésus, un jour de sabbat. Les pharisiens lui reprochent de ne pas les en empêcher. (Cf. Mc 2,23-27) Enfin, dans la synagogue, un jour de sabbat, Jésus lui-même guérit un homme à la main paralysée. Il porte sur les pharisiens, dont il devine le désir de le prendre en défaut, un regard de colère. (Cf. Mc 3,1-5) Dès lors, nous savons bien ce qui arrivera : « Les Pharisiens tinrent aussitôt conseil avec les Hérodiens, contre Jésus, sur les moyens de le faire périr. » (Mc 3,6) Il n’y a que les disciples qui peuvent croire à Jésus. Ses adversaires ne croient pas malgré ses paroles interpellantes et ses actions en faveur des plus pauvres, des plus humbles, voire des exclus.

CROIRE EN...

Dans la liberté que nous avons, nous pouvons croire que Jésus nous guide vers la vérité et même qu’il est la Vérité. Nous pouvons croire à lui en lui accordant toute notre confiance. Mais, les véritables croyantes et croyants sont ceux qui croient en lui. Qu’est-ce à dire ? Quelle meilleure réponse que celle que nous donne le Pape François ? « La foi non seulement regarde vers Jésus, mais regarde du point de vue de Jésus avec ses yeux : elle est une participation à sa façon de voir. »

Et si la foi regarde du point de vue de Jésus, elle ne pourra pas faire autrement que de pousser croyantes et croyants à mettre leurs pas dans ses pas, leur main dans sa main, leur cœur dans son cœur. Comment alors ne pas agir à la manière de ce Jésus en allant là où il va : vers les pauvres, les déshérités, les personnes souffrantes ? En leur apportant consolation et espérance? En les aimant d’un tel amour que chacune et chacun puissent s’interroger sur la source de cet amour ?

ET COMMENT LIBÉRER LA FOI ?

Pour libérer notre propre foi, pour qu’elle ne soit pas un fardeau, il importe moins de réciter les dogmes que de permettre à Dieu qui fait don de la foi de nous rencontrer. C’est lui qui prend l’initiative de la rencontre. Il nous suffit d’avoir le cœur ouvert pour être disponibles à cette rencontre. Alors, il est à parier que c’est dans une liberté joyeuse que nous voudrons nous inscrire à la suite de Jésus et que nous lui confesserons : « Je crois, Seigneur ! Viens au secours de mon manque de foi. » (Mc 9,24) Cette liberté acquise fera que tout en rendant grâce pour notre foi, nous respecterons celle des autres tout en souhaitant, pour leur propre bonheur, qu’ils soient un jour saisis par la Bonne Nouvelle que nous portons en nos vies.

vol. 119, no 2 • 15 mars 2014

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