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EN PLEINE ACTION

L’ESPÉRANCE AU PRÉSENT

Le visage de Jésus révélateur d’un Dieu Bon est toujours présent. Il incombe aux êtres intelligents et libres de s’associer au mystère de l’incarnation, pour favoriser l’accessibilité de tous au projet de Dieu. 

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Une rencontre avec M. Claude au cours de laquelle il ouvre ses livres de théologie sur les questionnements du temps présent met en évidence son attachement à Jésus-Christ, en même temps que quelques constats sur la vie de l’Église.

Claude est âgé de plus de 80 ans et il est fasciné par les écrits théologiques. Il pose sur la vie un regard des plus réalistes. Il est fier de sa carrière d’enseignant aux études secondaires en aiguisant toujours son désir de comprendre la courbe lentement évolutive de l’Église. Il se présente de prime abord comme un homme fasciné par Jésus-Christ. Il reconnaît le défi pour l’institution ecclésiale de le présenter dans Son identité profonde selon Sa Parole et ses Gestes.

LE PRINCIPE DE RÉALITÉ

Claude affirme qu’il ne cherche pas le bonheur. Il ne l’a jamais cherché. Pour lui, le bonheur c’est la vie et le principe de réalité. Les conjonctures politiques, économiques, sociales, ecclésiales, il les aborde toujours selon le principe de réalité, déterminant pour son engagement et son action. Il demeure difficile, avec lui, de procéder de façon linéaire dans la conversation, toujours fasciné par le concret de la vie des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Lors d’une longue entrevue avec lui, j’en suis venu à saisir que la déception, tout comme le grand enthousiasme ne se nomment pas facilement pour lui. Le principe de réalité anime toute sa vie.

Fasciné par Jésus-Christ, il l’est aussi par l’être humain. Si l’être humain est créé intelligent et libre, il est difficile de condamner telle ou telle tendance. Progressistes et conservateurs ont leur droit de cité, sont légitimés de se laisser aller à des tendances diverses et cela même dans l’Église. La réalité installée, il faut s’y ajuster et vivre avec. Le parti politique en place, le système économique ou la structure ecclésiale en place imposent leur « réel bien concret », comme véhicule de la vie. C’est là que Claude se situe. Il se permet d’exprimer un épisode inoubliable de sa vie dans un pays en guerre. Sans théoriser sur les origines, les causes, les effets d’une guerre dévastatrice, il est solidaire et présent à son peuple d’adoption. Le « réel de la guerre » devient sa motivation à s’investir auprès des personnes qui en sont affectées. En pareille situation, comme en bien d’autres, justice et amour se nourrissent mutuellement : la justice par l’amour, et l’amour par la justice. Là est sa solidarité en temps de guerre.

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L’ÉGLISE LIEU D’ESPÉRANCE

Animés par la réflexion précédente, allons maintenant au regard posé sur l’Église comme lieu d’espérance malgré les contrariétés et les insatisfactions possibles. Sans la présenter comme une déception, l’expression est lancée « chère Église ». Il aborde par la suite quatre points où le principe de réalité ne peut faire fi d’un certain désagrément que recèle l’expression « chère Église ». Les points énumérés n’empêchent en rien l’engagement de Claude.

Il aborde en premier lieu les relations homme-femme dans l’Église. Les mots du livre de la Genèse : « Homme et femme il les créa » sont précieux à Claude pour parler de la place des femmes dans l’Église. Pour lui, l’égalité foncière, homme et femme, est à mettre de l’avant dans l’Église. Il se permet d’associer l’homme à la structure du pouvoir dans l’Église. La nature biologique de toutes les espèces vivantes affiche la suprématie du mâle. L’Église fait de trop petites ouvertures, pour la reconnaissance dans ses structures de l’égalité des sexes, qui se traduit par le peu de place faite aux femmes. Il reconnaît et apprécie les ouvertures, si petites soient-elles, pour la place faite aux femmes. Un mouvement plus rapide serait bien apprécié.

En deuxième lieu, Claude affirme que la prise de parole en liturgie ou dans l’enseignement de l’Église fait trop peu d’ouverture à la réalité concrète du monde. Il reconnaît bien que des textes majeurs ont été publiés depuis l’avènement du pape François sur la foi, la fraternité humaine, le respect de la création et autres. Cependant ces réflexions ne sont pas suffisamment monnayées, n’atterrissent pas dans le concret de l’assemblée liturgique. Ils sont pourtant révélateurs du réel de la nature et des humains. Son regard ne l’empêche pas d’être un précieux soutien pour les ministres ordonnés et les bénévoles qui font œuvre de charité dans le monde.

Comme troisième point, Claude lance qu’en liturgie, tout commence par le péché. Où est la Résurrection ? Il ne se gêne pas de faire silence lors des « Seigneur, prends pitié » et des nombreuses mentions de l’état de pécheur affirmés dans la prière liturgique. La communauté ecclésiale laisse trop peu éclater la Joie de la Résurrection : ce qui a pourtant été le premier motif du rassemblent communautaire des premiers chrétiens. Claude continue de se nourrir de la messe quotidienne diffusée par les moyens de communication moderne.

UN ART DE VIVRE INSPIRANT

Finalement, en abordant la question du salut, Claude affirme qu’il est impossible pour un Dieu Bon, qu’un être créé par Lui soit malheureux éternellement. La miséricorde infinie de Dieu dépassera-t-elle toutes nos attentes ?

En conclusion, les quelques points de réflexion relevés de la longue entrevue avec Claude révèlent un art de vivre inspirant. Le principe de réalité, joint au bonheur que suscite un engagement quotidien comporte sa source de bonheur. Sous-jacent aux réflexions abordées, le visage de Jésus révélateur d’un Dieu Bon est toujours présent. Il incombe aux êtres intelligents et libres de s’associer au mystère de l’incarnation, pour favoriser l’accessibilité de tous au projet de Dieu. 

vol. 129 no 2 • Septembre 2024

vol. 129, no 3 • Décembre 2024

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