LA DÉMOCRATIE DANS LES SAINTES ÉCRITURES
Les valeurs démocratiques restent universelles. L’exemple de Jésus reste pour toutes les personnes en autorité, un modèle par excellence d’une démocratie au service du bien commun.
Parler de démocratie de nos jours n’est pas chose évidente. Au vu et au su des exactions commises parfois en son nom, on peut se poser certaines questions : avons-nous tous, la même compréhension et la même vision de la démocratie? Quelles sont les valeurs qui fondent la vraie démocratie? Quels seraient les fondements scripturaires de celle-ci? Pour répondre à ces questions, notre réflexion va s’inspirer des textes bibliques dans lesquels se déploie la pratique ancienne de la démocratie.
LES FONDEMENTS SCRIPTURAIRES DE LA DÉMOCRATIE
Avant que le mot démocratie ne soit connu, la pratique de la démocratie en elle-même existait déjà dans le contexte biblique. Malgré le fait que certaines structures politiques dans les Saintes Écritures soient de nature monarchiques ou théocratiques, plusieurs principes dans la Bible riment avec les valeurs démocratiques : la justice, l'égalité, la participation active des citoyens, le respect de la dignité humaine, l’inclusion, la liberté d’expression dans le respect d’autrui, l’égalité des chances, la bonne gouvernance. Notons que plusieurs passages dans les Saintes Écritures mettent en lumière la résolution démocratique des conflits, ou des questions susceptibles de conduire aux conflits.
Dans l’Ancien Testament
Dans le livre de la Genèse, la Parole divine souligne la dignité de l’être humain créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance (Gn.1,26-27). Ce principe est fondamental pour toute démocratie qui se veut cohérente avec elle-même; ledit principe qui repose sur l'égalité fondamentale de tous les citoyens, se trouve sans ambages, au cœur de la démocratie moderne, qui met en lumière le respect et la valorisation de chaque individu.
Dans le livre de l’Exode (Ex 18, 19-20), Moïse met sur pied, à la recommandation de son beau-père Jéthro, un système de juges pour gouverner le peuple, permettant au peuple de s’impliquer à la gestion de la justice. Par-là, nous constatons que dans l'Ancien Testament, la participation du peuple dans la gouvernance est une réalité. Bien que les Israélites aient été souvent dirigés par des rois ou des juges, il y a aussi des exemples de décisions collectives ou de principes qui impliquent une forme de participation populaire.
Dans le Nouveau Testament
LA VISION DÉMOCRATIQUE DE JÉSUS
Jésus dans sa mission n’a jamais clairement préconisé une démocratie au sens moderne, toutefois, il met un accent sur un modèle de leadership au service des autres, dans l’humilité et le respect mutuel, qui sont des valeurs essentielles de tout système démocratique. Dans les évangiles (Mt, 20, 24-28; Mc 10, 42-45; Lc 22, 24-27), Jésus enseigne à ses disciples que la véritable grandeur ne réside pas dans les places prestigieuses, dans la domination, dans l’amour du pouvoir, mais dans le service aux autres. En effet, pour lui, « quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur, et quiconque veut être le premier parmi vous sera l'esclave de tous. Car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Mc 10, 43-45). Ce modèle de leadership, fondé sur le service plutôt que sur la domination, est une valeur qui résonne avec le concept démocratique de responsabilité des dirigeants vis-à-vis de leurs citoyens.
La désignation des premiers diacres ainsi que le Concile de Jérusalem constituent sans doute, les événements les plus parlants qui lèvent un voile sur le caractère démocratique de la gestion des conflits dans le Nouveau Testament.
L’INSTITUTION DES PREMIERS DIACRES (AC. 6,1-6)
Elle intervient dans un contexte de discrimination. En effet, Dans l’Église primitive, l’augmentation exponentielle des adhérents à la foi chrétienne complexifie la gestion matérielle des avoirs; les Grecs se plaignent en sourdine que les veuves de leur groupe sont lésées dans le service quotidien des repas. Alertés, les Apôtres, réunirent la Communauté, à qui ils demandèrent de désigner, sept hommes remplis d’Esprit Saint et de sagesse pour se consacrer à la distribution équitable des repas au quotidien. Les sept diacres désignés furent approuvés par le groupe des Apôtres.
Ce choix communautaire des diacres montre clairement que la démocratie était déjà en marche dans l’Église primitive, car à travers cette manière de gérer les conflits, se dégagent les valeurs démocratiques de justice et d’équité, de charité, de partage des responsabilités, de décentralisation du pouvoir. Nos gouvernants actuels devraient s’inspirer de cette manière apostolique de faire de la démocratie, sans le dire.
LE CONCILE DE JÉRUSALEM (Ac.15,1-29)
L’un des moments clé de l’Église primitive, relaté dans les Actes des Apôtres est le Concile de Jérusalem. Il s’agit en effet, de la première grande assemblée ecclésiale où les Apôtres et les anciens se réunirent pour résoudre un conflit d’ordre doctrinal.
La question qui s’était posée et qui avait provoqué ce grand rassemblement était celle de savoir, si les païens convertis au Christianisme, devaient observer la Loi juive de la circoncision. Les débats et les échanges houleux autour de cette question inspiraient Paul et Barnabé à se rendre à Jérusalem pour soumettre aux Apôtres réunis le problème. La structure de ce grand rassemblement fut le suivant : débats, écoute et communiqué officiel. Le communiqué final du Concile de Jérusalem a été pour les païens un soulagement énorme. Dans ledit communiqué, la recherche commune de la solution a prédominé sur les intérêts partisans.
CONCLUSION
Au regard de ce qui précède, nous pouvons bel et bien affirmer que la démocratie se pratiquait déjà de la plus belle des manières dans la Bible; que ce soit dans l’Ancien comme dans le nouveau Testament, malgré le fait qu’en général, les régimes gouvernementaux dans la Bible surtout dans l’Ancien Testament, étaient de nature théocratique ou autocratique. On faisait, sans le savoir, recours à la démocratie pour la gestion des conflits et pour le respect des droits et dignité des personnes.
En scrutant de près l’état du monde actuel, nous remarquons que tous les gouvernants dans le monde moderne ne partagent pas la même compréhension et la même vision de la démocratie, car elle prend une coloration différente d’un pays à un autre, d’un peuple à un autre. Toutefois, les valeurs démocratiques restent universelles. L’exemple de Jésus reste pour toutes les personnes en autorité, un modèle par excellence d’une démocratie au service du bien commun.