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DES JEUNES CHRÉTIENS ET MUSULMANS SE RENCONTRENT

Des jeunes, chrétiens et musulmans, des croyants vivant dans une société laïque, partagent leurs rêves, les défis qui se présentent à eux, les valeurs spirituelles qui balisent leurs actions. Des rencontres pour faire tomber les préjugés et enrichir le collectif humain.

« Reconnaissons, [...] l’accueil que nous font les chrétiens dans ce lieu. Nous avons la chance d’être nous-mêmes dans cette société d’accueil où nous pouvons vivre librement nos différences. »
(Un soufi adulte)

Récemment, se tenait au Carrefour Foi et Spiritualité, une rencontre de jeunes chrétiens et musulmans, organisée en collaboration avec l’imam Madhi Tirkawi de la Mosquée Al-Rawdah du quartier, Nour Elian, responsable de l’Entre-jeunes, un groupe des OFSJ, et Lona Ranjarivelo, coordonnatrice du CFS. 20 jeunes y participaient dont un seul Québécois : 12 jeunes filles et garçons musulmans et 8 jeunes catholiques des deux sexes. Objectif : leur permettre d’identifier leurs rêves et les défis auxquels ils font face et préciser les valeurs spirituelles auxquelles ils se réfèrent pour devenir de bons citoyens.

LES DEUX FRÈRES

Un conte de Madhi  lança la rencontre : Deux frères partageaient un même champ, travaillaient et faisaient les récoltes ensemble jusqu’à ce qu’un malentendu s’installe entre eux. Le plus âgé dit : Tu vois, mon frère, le ruisseau qui passe ici… garde la partie à droite et je me réserve celle de gauche. Soudain, un inconnu se présente pour offrir ses services. Très bien dit l’aîné, j’ai un problème avec mon frère. Je dois partir en voyage et pendant ce temps, je veux que tu construises un mur le long du ruisseau. J’ai compris, dit l’ouvrier. Quand l’aîné revint, il aperçut son frère traverser un pont au pas de course et venir à sa rencontre les bras ouverts. Tu as été meilleur que moi, s’exclama-t-il ! Tu as fait les premiers pas… et il demande au travailleur de rester avec eux. J’aurais aimé, répond celui-ci mais j’ai d’autres ponts à construire.

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Le ton était donné. Les deux groupes pointaient dans la même direction : le respect mutuel.  Tous ces jeunes, sans distinction, s’identifiaient comme croyants vivant dans une société laïque. Ce même point fut renforcé par un soufi adulte, témoin comme moi de l’échange. « Reconnaissons, dit-il, l’accueil que nous font les chrétiens dans ce lieu. Nous avons la chance d’être nous-mêmes dans cette société d’accueil où nous pouvons vivre librement nos différences ». L’échange devint animé et l’aspect vestimentaire n’a pas été soulevé. À les entendre en fermant les yeux, nul n’aurait su lesquelles étaient voilées et « la différence » ne ressortait pas dans la qualité des échanges.

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QUELS SONT LES RÊVES ?

De quoi rêvent les jeunes venus d’ailleurs ?  D’études qui leur permettront de décrocher un emploi dans lequel ils s’épanouiront, d’amitiés solides, de voyages pour découvrir le monde, d’un travail de fin de semaine afin de pourvoir autant que possible à leurs besoins et à ceux des frères et sœurs, d’un Québec où tous ses habitants vivront en paix. J’ai le sentiment que ces jeunes chrétiens et musulmans, filles voilées ou non, vivent les mêmes aspirations, le même goût de contribuer positivement au bien commun sans références explicite aux religions.  Ce qui les caractérise à mon sens provient de cette reconnaissance qu’ils ont envers les parents qui se sont exilés pour l’avenir de leurs enfants. La façon de les remercier est de les respecter, de demeurer fidèles aux valeurs morales et familiales et de s’engager sérieusement dans leurs études.

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Les filles étaient plus loquaces que les garçons. La question du féminisme a surgi et celles-ci ont affirmé que le féminisme laïc n’est pas un phénomène strictement occidental ; que les pays musulmans abritent une multitude de voix et une pensée plurielle en matière d’égalité entre les sexes. Tout compte fait, cela s’applique également aux chrétiens, quelle que soit leur dénomination.

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En conclusion, mon souhait est que les rencontres interreligieuses entre jeunes se multiplient pour un vivre ensemble harmonieux, faire tomber des préjugés et enrichir le collectif humain que nous formons.

vol. 124, no 3 • décembre 2019

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